« Monkeypox », quel protocole sanitaire ?
Par Lina Ibriz
Depuis l’annonce d’un premier cas confirmé au Maroc, les inquiétudes ne font que s’accentuer sur la variole du singe, ou « Monkeypox ». Approché par Maroc Diplomatique, Dr Tayeb Hamdi, revient sur le protocole sanitaire mis en place pour prendre en charge les cas infectés et limiter la propagation du virus.
Aucune raison pour s’inquiéter autant, assure Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé. « Le cas détecté au Maroc est un cas provenant de l’étranger et a été détecté à l’entrée du territoire. Cela signifie que ce cas n’est pas un cas indigène qui a été en contact avec d’autres personnes sur le territoire« , explique-t-il.
D’autant plus, loin d’attirer de l’inquiétude, la détection de ce cas vient confirmer que les mesures de contrôle mises en place par le Royaume sont efficaces. Selon Hamdi, cette découverte montre « que le système de santé et le système de contrôle et veille sanitaire sont mobilisés pour détecter les cas dès le départ. Chose qui confirme la force et l’efficacité de la veille épidémiologique dans notre pays« .
Quelle prise en charge ?
Les cas contacts identifiés sont actuellement sous observation médicale, le temps que les tests biologiques nécessaires soient effectués pour déterminer si, à leur tour, ils sont porteurs du virus. Quant à la personne testée positive, elle sera isolée pendant 21 jours, une période après laquelle les symptômes commencent à disparaître et le patient n’est plus contagieux, indique l’expert.
Durant cette période, la personne sera prise en charge, son état sera suivi de près et recevra les soins nécessaires, notamment pour traiter les éruptions cutanées, précise notre interlocuteur. Pour les jeunes personnes qui n’ont pas de problèmes d’immunité, l’infection est guérie « sans problèmes« , ajoute-t-il d’un air rassurant.
Qu’en est-il de la vaccination ?
Bien qu’un vaccin spécifique n’existe pas contre le « Monkeypox », certains vaccins peuvent dans certains cas être utiles. Il s’agit d’une « vaccination réactive » destinée quasi-exclusivement aux cas contacts, souligne Hamdi.
Selon lui, les cas contacts, c.-à-d. les personnes à risque, comme les professionnels de santé qui ont traité un cas testé ensuite positif, les personnes qui sont proches du patient, vivent ou sont en intime contact avec lui ou d’autres individus qui ont échangé des objets avec la personne malade, peuvent être vaccinés.
Il est tout de même à noter qu’il n’existe pas un vaccin spécifique, mais il y a d’autres vaccins de 3e génération qui sont « très efficaces et qui ont des effets secondaires réduits« , précise Hamdi, évoquant les vaccins destinés au traitement de la variole « Smallpox », une maladie qui a été éliminée il y a plus de 40 ans grâce aux efforts mondiaux fournis dans ce sens.
Cette vaccination réactive « limite la propagation du virus et réduit les chances de contamination. Elle permet aussi, en cas de contamination, de protéger des formes graves de la maladie. Les cas contacts vaccinés, même après contamination, ne souffriront donc que de symptômes légers« , poursuit Hamdi.
Quels risques de propagation ?
Aucune raison n’appelle à l’inquiétude et à la crainte, insiste encore le chercheur, soulignant que « ce virus n’est pas transmis facilement d’un humain à un autre« . Néanmoins, la vigilance est toujours de mise !
« Dans l’attente de la fin de cette série de contamination dans les semaines ou très peu mois à venir, il est primordial de respecter les mesures de précaution et les gestes barrières qui aident à empêcher la propagation de la variole, mais aussi de l’hépatite des enfants dont la cause n’a toujours pas été déterminée et du Coronavirus, un virus qui est circule toujours et qui menace des vies« , insiste l’expert.
Propreté, distanciation, non-partage des objets personnels, et « un système de veille citoyenne et sanitaire » devraient ainsi être suffisants pour éviter la multiplication des cas d’infection. Enfin, et en l’absence de climats « super-propagateurs« , comme de grands rassemblements avec des contacts intimes, il n’y a pas raison de s’inquiéter, a-t-il rassuré. Selon Hamdi, « rien ne justifie un durcissement des restrictions sanitaires.«