Choisir entre l’or vert et l’eau, quel dilemme ?

Tribune

Par Abdelaziz Rhezali, Expert agricole.

Les plantations de l’avocatier au Maroc ont connu un essor considérable ces dernières années puisque la rentabilité des projets relatifs à la production de l’avocat est intéressante. Le profit dégagé de cette culture qualifiée de l’or vert, justifie l’engouement des investisseurs à placer leurs fonds dans un projet avocatier.

C’est une aubaine pour l’agriculture marocaine d’avoir une niche prometteuse capable de générer de la valeur ajoutée et aider à pallier aux déficiences de la balance commerciale agricole. Sur le plan social, la culture de l’avocatier aura un effet d’entrainement positif sur l’emploi vu le nombre de jours de travail additionnels crées. Sur le plan économique, la production de l’avocat drainera des investissements colossaux de l’étranger et encouragera l’implantation des unités agro-industriels pour la valorisation des avocats produits au Maroc.

Néanmoins, la question de la préservation de l’environnement se pose avec acuité mettant en exergue le sujet de la durabilité des systèmes de production des avocats. En effet, l’avocatier est une culture tropicale dévoratrice en eau avec des volumes annuelles par hectare dépassant les 1200 mm, soit 12000 m3/ha/an. Cette quantité énorme d’eau soulève des questionnements urgents sur les mesures prises, lors de l’élaboration des politiques publiques agricoles, pour préserver l’eau, une denrée rare à protéger.

Produire l’avocat ou conserver les ressources hydriques, un dilemme qui se pose avec acuité. Mais, suivant l’adage qui stipule l’existence d’une solution pour chaque problème, il existe une solution intermédiaire pour protéger nos ressources tout en continuant à produire de l’avocat. Certes, l’avocatier est un grand consommateur en eau, cependant, l’utilisation d’un système d’irrigation goutte à goutte couplé à un système de pilotage efficient aidera à utiliser l’eau avec une efficience considérable. L’irrigation est un art, donc il faut savoir manipuler nos vannes pour donner à l’avocatier le juste minimum de ses besoins.

La recherche scientifique est sollicitée dans une optique de développer des solutions capables d’aider à la réduction de l’épuisement des ressources hydriques. Je dis aujourd’hui qu’il faut continuer dans le chemin de la production de l’avocat vu son profit et de faire virer le débat vers l’optimisation des ressources hydriques au sein des vergers de l’avocatier, car, en fait, on a besoin des deux : de l’eau et de l’avocat.

* Abdelaziz Rhezali, Expert agricole.

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