L’ennemi c’est le système
Par Dr Charles Saint-Prot*
Le mythe de l’homme fort est profondément ancré dans une certaine droite de gogos et de naïfs qui imaginent périodiquement qu’un individu – souvent surgi de rien – va sauver la nation ou du moins la république puisqu’il y aurait maintenant confusion entre ces deux notions pourtant fort distinctes.
Ah ce mythe de l’homme à poigne que ne l’a-t-on resservi depuis Bonaparte puis Boulanger jusqu’à Le Pen et Zemmour en passant par La Rocque, Pétain et Poujade ! C’est toujours la même imposture qui dispense de penser et de prendre ses responsabilités, le même lâche renoncement qui évite d’être courageux. C’est la même illusion qui conduisit à encenser le bonhomme Thiers, le massacreur de la Commune, le chantre de cette république bourgeoise et conservatrice qui ne respecte que les intérêts des possédants. Thiers, l’enfant chéri des boutiquiers, qui déclarait le 13 novembre 1872 devant les députés : « La République sera conservatrice ou ne sera pas ».
Bismarck affirmait que « les bourgeois et les boutiquiers, dupes honnêtes ou jobards, vaniteux, qu’on mène avec des mots, se croient sérieusement républicains ». Un vieux chant nationaliste disait que la république est « la fille de Bismarck ». En vérité, c’est bien le vieux chancelier prussien, Otto von Bismarck, un francophobe patenté, qui infligea à une France qui était encore monarchiste en 1870, un régime républicain l’empêchant d’être unie et forte.
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Bismarck donne les instructions suivantes à l’un de ses agents « Vous devez, par votre parole, par vos subventions à certains journaux démocratiques et par tous les moyens en votre pouvoir travailler secrètement à en amouracher les Français » parce que tant que la République durera, « la confiance ne pourra renaître »; parce que que le parti républicain est, en France, « le moins patriote » et Bismarck conclut en donnant à son agent l’ordre des travailler de toutes ses forces « à empêcher le rétablissement de la monarchie ».
Tout est dit. La république signifie le déclin de la nation.
Il ne faut pas confondre les bateleurs de foire utilisant toujours les mêmes tours foireux et les héros nationaux. Il faut donc se méfier de ce qui n’est qu’agitation sans avenir, comme le boulangisme ou les Croix de feu. Il faut aussi se méfier de ceux qui tiennent des discours de guerre civile mais qui sont très discrets sur la nécessaire sortie de l’union européenne, de l’euro qui a ruiné les moins riches ou du mondialisme qui lamine les classes moyennes.
Et surtout, il ne faut pas être républicain ! Si c’était de bonne guerre pour le Prussien francophobe d’œuvrer à soutenir la république contre la France, l’attitude de Français qui semblent se soucier du bien commun comme d’une guigne est consternante. S’ils connaissaient l’Histoire, les idiots utiles hésiteraient à nous seriner les prétendues valeurs de la république. M. Zemmour ce prétendu « grand historien » qui a surtout le culte de Bonaparte et est à l’Histoire moins que n’était Néron à l’art, et bien d’autres arrêteraient d’encenser ce régime mortifère qui a réussi le tour de force de ne jamais parler de la France durant les deux dernières campagnes électorales de mai (élection présidentielle) et juin (élections législatives) 2022.
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Car c’est bien le régime qui est en cause. Depuis deux cents ans la république conduit la France au déclin et les Français aux divisions. L’ennemi de la France c’est le système républicain et cela s’aggrave de jour en jour car les valeurs promues durant des siècles par la monarchie s’effondrent inexorablement sous les coups de boutoir de la pensée 68 qui règne sur les esprits. C’est pourquoi, Macron l’ami euro-mondialiste de Cohn-Bendit, l’homme qui n’aime pas la France, ne vaut pas mieux que Mélenchon.
De fait, il n’y a rien à attendre des prétendus hommes (ou femmes) à poigne qui ne feront pas mieux que le général Georges Boulanger. Comme lui, ils dupent des millions de Français qu’ils conduisent dans une voie de garage. Ils ne changeront rien car ils ne peuvent rien changer puisque la république se défend bien même si elle gouverne d’une façon exécrable. C’est donc le système qu’il faut abattre. C’est toute la leçon de Maurras.
* Universitaire, essayiste
Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques