La couverture sociale universelle pour réduire les disparités
Par Fatine El fatini
Post pandémie, le Maroc a décidé de renforcer les politiques sociales pour réduire les inégalités en matière de santé, mais aussi d’améliorer les besoins infrastructurels du pays. Pour cela, le dialogue social entamé entre le ministère de la Santé et les acteurs du secteur se multiplient dans le cadre d’un nouveau round du dialogue social en vue d’assurer une mise en œuvre réussie du chantier royal de réforme du système de santé.
Depuis, quelques jours, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb a entamé une série de rencontres sur le projet de loi-cadre n° 06.22 relatif au système national de santé , approuvé lors du Conseil des ministres, présidé le 13 juillet, par le roi Mohammed VI.
La dernière réunion s’est d’ailleurs tenue avec les acteurs syndicaux du secteur de santé privé notamment le syndicat indépendant des infirmiers et techniciens de santé (SIITS) et le syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP).
L’objectif crucial est d’assurer la mise à niveau de l’offre sanitaire pour un système de santé solide. Mais surtout de rattraper le retard accumulé en matière de mise en œuvre de la refonte sociale.
La crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19 ,a d’ailleurs levé le voile sur une réalité des plus inquiétantes. La pandémie a mis en lumière les dysfonctionnements qui entravent l’efficience et le bon fonctionnement du système.
En effet, il suffit de scruter le secteur national de santé pour se rendre compte des multiples failles du système sanitaire marocain. Pas que, la crise du Covid-19 a aussi révélé les problématiques structurelles sanitaires de presque tous les pays du monde.
Toutefois, les citoyens marocains continuent de pâtir des nombreuses limites que connaît le secteur, notamment en termes de déséquilibre de l’offre de soins au niveau territorial, de qualité du service rendu et d’encadrement médical et paramédical.
Ainsi, une réforme urgente du système de santé au Maroc se révèle nécessaire et primordiale.
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La refonte sociale, un chantier royal datant de 2018
Le projet royal de réforme structurelle de la protection sociale remonte à l’année 2018.
Ce méga-chantier a été évoqué lors du discours du Trône adressé par le roi Mohammed VI à l’occasion de son 18 ème anniversaire d’accession au trône. Le 29 juillet 2020, lors de son discours, le Souverain a encore appelé à la généralisation de la couverture maladie en l’occurrence l’AMO afin d’instaurer plus d’égalité économique et sociale.
Rappelons que ce chantier est scindé en deux principales phases : la 1ère consiste en la généralisation de l’AMO et des allocations familiales sur une durée s’étalant sur 3 ans, de 2021 à 2023. Tandis que la seconde porte sur la généralisation de la retraite à toutes les personnes et l’indemnité pour perte d’emploi à l’ensemble de la population active au cours des 2 ans qui suivent (2024- 2025).
Néanmoins, la mise en œuvre des dispositifs de la réforme du système de santé se heurte à de multiples défis et obstacles susceptibles d’entraver l’instauration d’une réforme efficace du secteur.
Abdelmajid Belaiche, expert des marchés pharmaceutiques et chercheur en économie de santé met le point sur une des failles dont souffre le secteur de santé à savoir la mauvaise gouvernance.
« On ne peut réformer notre système de santé sans s’attaquer en premier aux problèmes de gouvernance qui impactent la qualité et la quantité des services rendus à la population. Cette réforme constitue indiscutablement le chantier le plus important auquel doit s’attaquer le ministère de la Santé, en plus du problème budgétaire. » a-t-il expliqué à Finances News.
En vue d’illustrer ses propos, l’expert cite l’exemple du Ramed dont les ramédistes ont bénéficié « d’un service médical gratuit, mais souvent inexistant ».
Certes, le régime d’assistance médicale permettait aux bénéficiaires d’avoir accès aux soins gratuitement. En revanche, il les contraignait à se soigner uniquement dans les hôpitaux souvent mal équipés et manquant cruellement de personnel. En plus des rendez-vous médicaux espacés, peuvent parfois dépasser les 6 mois, voire plus.
C’est dans ce sens que la bonne gouvernance s’avère essentielle pour la réussite et l’efficacité du dispositif d’inclusion de 22 millions supplémentaires de citoyens à la couverture sanitaire universelle pour optimiser au maximum toutes les ressources aussi bien financières qu’humaines.
Selon la source,Abdelmajid Belaiche rappelle que la refonte totale et profonde du système constitue un véritable défi pour le ministère de tutelle compte tenu de toute une panoplie de problèmes de gouvernance et de dysfonctionnements qui s’est accumulée au fil des ans.
« Pour s’attaquer à ces problèmes, la réforme se fera certainement sur plusieurs années et non pas en un seul mandat ministériel. » a-t-il ajouté.
La réforme du secteur de la santé ne pourra donc être efficace que grâce à la bonne gouvernance, à la mobilisation et l’engagement de tous les acteurs concernés afin d’éviter tout gaspillage inutile et coûteux. Dans le cas échéant, on pourrait prendre le risque de voir l’essentiel de la demande de soin se diriger vers le privé.