Transport et logistique: le secteur déjà dans l’après crise
Le secteur du transport et de la logistique représente un maillon stratégique dans l’économie nationale. Cependant, il est fortement exposé aux influences des crises internationales, notamment celles de la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Face à tous ces défis, le secteur demande les efforts pour assurer sa résilience, mais aussi se projeter vers des dynamiques plus compétitives qui vont contribuer à l’amélioration d’un secteur concurrencé par les multinationales étrangères.
Le secteur de la logistique et du transport constitue un levier de la compétitivité économique, susceptible de renforcer le développement du Maroc. Les chiffres officiels dévoilés en 2019, indiquent que les activités de transport de marchandises et de la logistique contribuent à hauteur de 5,1% au PIB marocain et emploient plus de 425.000 personnes au Royaume.
Néanmoins, le secteur a été impacté par deux longues années de pandémie ayant mis eu ralenti l’activité de certaines branches.
Transport routier , un secteur affaibli par la pandémie
La crise sanitaire due au Covid-19 s’est accompagnée d’une série de mesures restrictives dont l’instauration du confinement. Une mesure qui a limité la mobilité des individus et des biens économiques, impactant ainsi le secteur du transport routier. Un secteur qui assure, à lui seul, 90% des déplacements des personnes et compte 119.000 entreprises.
Soulignons dans ce sens que les flux, concernant le transport routier des marchandises, ont régressé d’une manière significative.
A cet égard, Hicham Mellakh, président de la Commission de la Compétitivité Logistique et Énergétique de la CGEM, a souligné, dans une déclaration au site Challenge, que la crise sanitaire a induit une paralysie complète de l’activité de certaines entreprises. « La crise est venue d’un seul coup. L’activité a vacillé entre des jours où nous recevions des commandes et des jours où il n’y avait pas de demande. D’autres entreprises se sont retrouvées pour leur part en arrêt total d’activité », a-t-il déclaré.
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De son côté, Alberto Perez, directeur général de Alsa Maroc, a indiqué que la diminution de l’activité a été de 85%, en raison des restrictions imposées par les autorités (nombre de passagers, suspension de lignes…).
Sans oublier l’activité du transport des voyageurs qui a également beaucoup souffert des mesures de confinement appliquées par le Royaume.
La valeur ajoutée du secteur du transport aurait ainsi enregistré une chute de 25,8% en 2020 après un accroissement de 6,6% en 2019.
Le trafic aérien a également fait l’objet d’un repli important durant l’année 2020 (-71,47%) en comparaison avec l’année 2019.
Quant aux flux des marchandises du transport maritime, ils sont restés globalement à peu près normaux. En effet, les statistiques de la Fédération des associations nationales des courtiers en affrètement et des agents maritimes (FONASBA) indiquent qu’en mars 2020, l’activité portuaire de transbordement de conteneurs a enregistré une légère baisse de 1,2 %.
Une reprise d’activités rassurante
Le secteur de la logistique et du transport a enregistré une bonne reprise post-covid. Les indicateurs sont en vert.
L’activité ferroviaire a repris son activité en 2021 en enregistrant une notable croissance par rapport à 2020. Les chiffres enregistrés révèlent un rebond exponentiel de l’ensemble des indicateurs : le nombre de passagers s’est amélioré de +63% en passant de près de 21 millions en 2020 à 34,4 millions de voyageurs en 2021. Tandis que le chiffre d’affaires a progressé de +92%, en s’établissant à environ un milliard et demi de Dhs en 2021 contre 803 millions de Dhs en 2020.
L’activité poursuit toujours sa tendance de croissance exceptionnelle avec un record de plus de 4,5 millions de passagers ayant choisi le train pour leurs déplacements en fin juillet 2022, soit une évolution globale de 30 % par rapport à la même période de l’année 2021 et de 20 % par rapport à 2019.
Selon, Mohamed Rabie Khlie, directeur Général de l’ONCF, cette “bonne” reprise n’aurait jamais été possible sans la réadaptation de la stratégie de l’Office qui s’est appuyée notamment sur l’accélération de la transformation digitale et la redynamisation des activités clés.
La reprise de l’activité du transport aérien se révèle également rassurante. En fin juillet, les aéroports du Maroc ont affiché des taux de récupération largement positifs par rapport à la même période de 2019. Ces derniers ont accueilli plus de huit millions de passagers, soit un taux de récupération de 70% par rapport à la même période de 2019.
Au niveau de l’activité des transports maritimes, l’activité de Tanger Med a atteint, en 2021 un niveau élevé en augmentant de 24% par rapport à 2020.
Le gouvernement se mobilise face aux défis
La baisse de l’activité du secteur routier, en particulier, a mis en exergue l’importance et la nécessité de l’activité logistique ainsi que sa contribution à l’économie nationale. Comme elle a également levé le voile sur les défaillances structurelles du secteur. D’autre part, elle a mis l’accent sur le rôle crucial de la digitalisation dans le renforcement de l’activité du secteur.
Dans ce sens, des réformes ont été adoptées par le Royaume en vue de développer un transport inclusif et durable ainsi qu’une logistique compétitive, capables de soutenir la croissance économique du Maroc.
La Stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique 2010-2015, en fait partie. Il s’agit d’une stratégie qui a été définie par l’état et la CGEM en 2010. Rappelons qu’une autre stratégie à été mise en œuvre, à savoir celle de 2004-2013 en vue de combattre l’accidentologie routière, sous toutes ses formes.
D’autre part, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil, a appelé à une action collective pour donner une nouvelle impulsion au développement de la logistique, à travers une digitalisation à tous les niveaux, ajoutant que « dans une économie de plus en plus concurrentielle, la digitalisation apporte des solutions innovantes permettant de raccourcir les délais de livraison, d’améliorer la qualité et réduire les coûts et de s’adapter en continu ».
Autant d’actions pour faire face aux défis entravant le développement du secteur du transport notamment ceux liés à l’accessibilité. Il suffit d’ailleurs d’examiner l’infrastructure des milieux ruraux pour se rendre compte qu’il existe encore des zones où l’on ne peut y accéder.
En effet, le Maroc traîne encore un déficit de 22% de ses territoires ruraux qui ne sont pas encore accessibles.
En outre, le secteur est confronté au défi de la sécurité. Les routes marocaines continuent de rafler des vies. Les chiffres dévoilés dans la Revue de Police du mois d’avril 2022 de la (DGSN), indiquent que les accidents routiers entraînent, en moyenne, plus de 3.500 morts et 10.000 blessés annuellement.
Dans ce sens , le Maroc a décidé de mettre en place une stratégie une stratégie nationale de sécurité routière 2017-2026, avec l’objectif de réduire de 50% le nombre des tués sur les routes à l’horizon 2026.
Selon le ministre du Transport et de la Logistique ,Mohammed. Abdeljalil, «le défi des cinq prochaines années est d’inverser la tendance des accidents de la route vers la baisse».
Sans oublier la dépendance énergétique qui constitue l’un des défis majeurs du secteur qui renforce sa vulnérabilité compte tenu des augmentations importantes des prix.