Allégement partiel des prêts étudiants: le plan Biden loin de faire l’unanimité
Pluie de réactions, souvent contrastées, à l’annonce par le président américain, Joe Biden d’un effacement partiel de la dette étudiante. Le plan, une de ses promesses électorales, va bénéficier à près de 43 millions de personnes mais il est de loin de faire l’unanimité.
Si les progressistes le considèrent insuffisant, le camp républicain est dans une colère noire face à ce qu’il qualifie un cadeau de campagne en vue des élections de mi-mandat en novembre, qui plus est va alimenter une inflation déjà au plus haut. Pour obtenir une bonne situation aux Etats-Unis, un diplôme universitaire est devenu pratiquement indispensable, mais peut être très coûteux.
Si dans les années 1970, un baccalauréat suffisait pour avoir un emploi bien rémunéré, une licence est maintenant requise pour un emploi identique. Pour rejoindre les 39.7% d’Américains passés par l’université en 2021, une hausse de plus de 7% en 10 ans, les étudiants d’aujourd’hui, comme leurs prédécesseurs, vont devoir s’endetter. Depuis 1980, le coût de l’éducation supérieure a augmenté de 169%, alors que proportionnellement les salaires pour des jeunes sortant de l’université n’ont évolué que de 19%.
Le coût d’une année d’enseignement supérieur varie en moyenne selon les universités de 10.000 à 70.000 dollars. Pour payer leurs études, les étudiants doivent donc emprunter à des banques qui leur avancent l’argent avec intérêts. Plus ils tardent à rembourser leur prêt, plus les intérêts plombent augmentent, et plus ils sont endettés. En moyenne, la dette des étudiants est de 25.000 dollars. Il faut à certains des décennies avant d’avoir tout payé. Bien des diplômés, surtout ceux issus de la classe populaire, commencent donc leur carrière avec un boulet au pied.
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Certes le gouvernement fédéral offre une aide aux étudiants moins fortunés, et les établissements privés, plus chers que les universités publiques, accordent des bourses, mais cela ne couvre pas tous les frais. Le site d’informations The Hill cite le cas de ce jeune noir, le premier de sa famille, à accéder à l’université. Quand il obtient sa licence en sciences politiques en 2016, ses dettes s’élevaient déjà à 50.000 dollars. Maintenant qu’il a une maîtrise, c’est près de 120.000 dollars qu’il va devoir rembourser. Durant sa campagne en 2020, Joe Biden avait promis de s’attaquer à ce problème. Promesse tenue: ce mercredi 24 août, il a annoncé l’effacement d’une partie de la colossale dette étudiante qui collectivement atteint 1600 milliards de dollars, selon la Maison Blanche.
A compter du 1er janvier, les personnes dont le revenu ne dépasse pas 125.000 dollars, ou 250.000 pour un couple, verront leur dette effacée de 10.000 dollars, et de 20.000 dollars pour les plus dénués. De plus, le moratoire sur le remboursement qui avait été imposé pendant la pandémie, vient d’être de nouveau prolongé jusqu’à la fin de l’année. De 40 à 45 millions d’Américains devraient bénéficier de cet effacement. C’est un soulagement pour les femmes, notamment parmi les minorités, car leur dette est plus élevée que celle des hommes: 31.000 dollars contre 29.000. La raison, elles ne gagnent, quand elles entrent sur le marché du travail que 83% de ce que perçoivent leurs collègues masculins. De plus, elles ont été plus affectées pendant la pandémie, perdant plus d’un million d’emplois et aggravant leur désavantage économique. La décision de Biden a toutefois déclenché une tempête politique. Pour la gauche, ce montant est insuffisant. Pour la droite, il est excessif. Les progressistes souhaitaient un effacement de 50.000 dollars. Les démocrates centristes, rejoints par les républicains, estiment que cela ne va qu’augmenter l’inflation.
Le Comité pour un budget fédéral responsable évalue le coût à 230 milliards de dollars, ce qui effacerait les 300 milliards qui dans la récente loi sur la santé et le climat, devaient réduire le déficit. Dans un éditorial, le Washington Post qualifie la décision de « régressive et coûteuse». La Maison Blanche est restée jusqu’à présent très discrète sur le montant exact de cet effacement.
Autres critiques: la mesure pénalise ceux qui, souvent au prix de gros sacrifices, ont payé leur dette étudiante, et elle est injuste pour ceux qui n’ont pas fait d’études supérieures, et en paieront néanmoins le coût en tant que contribuable.
Joe Biden, après un long débat avec son équipe, a pris un risque calculé avant les élections de novembre. Le locataire de la Maison Blanche espère que son geste sera apprécié des jeunes et les incitera à sortir de leur léthargie habituelle et à aller voter en masse. Le contrôle de la Chambre et du Sénat est en jeu.
Avec MAP