En Allemagne, le Premier ministre ukrainien réclame encore plus de soutien militaire
Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a appelé dimanche l’Allemagne à renforcer son soutien militaire à l’Ukraine, tout en reconnaissant les efforts déjà accomplis, lors d’un déplacement à Berlin qui tourne la page de récentes crispations entre les deux pays.
L’attitude longtemps louvoyante de l’Allemagne à l’égard de Moscou, à la suite du déclenchement de la guerre il y a six mois, et son manque initial de soutien militaire à Kiev ont profondément irrité le gouvernement de Volodymyr Zelensky.
Mais les choses se sont améliorées depuis. La visite dimanche de M. Chmygal à Berlin, une première pour un responsable ukrainien de ce niveau depuis le début de l’invasion russe, symbolise cette détente.
Le Premier ministre « a remercié l’Allemagne pour son soutien militaire, financier, humanitaire et politique », tout en soulignant la nécessité de fournir à Kiev davantage d’équipements militaires lourds, selon un communiqué de ses services.
« Les lance-roquettes MARS II et les (obusiers) Panzerhaubitze 2000, fournies par l’Allemagne, ont bien fonctionné sur le champ de bataille, et nous espérons augmenter l’approvisionnement en armes lourdes », a déclaré M. Chmygal, cité dans le communiqué.
Il y a moins d’une semaine, le chancelier Olaf Scholz a souhaité que l’Allemagne assume une « responsabilité particulière » pour aider l’Ukraine à renforcer ses systèmes d’artillerie et de défense aérienne.
Le système anti-aérien IRIS-T (système d’imagerie infra-rouge contrôlé par poussée vectorielle) développé par Berlin doit être fourni à l’Ukraine à l’automne et Kiev espère « que l’Allemagne deviendra l’un des leaders dans le processus de développement de la défense aérienne (ukrainienne) », a fait écho dimanche son homologue ukrainien.
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L’Allemagne accueillera jeudi prochain une réunion, à l’initiative de Washington, des ministres de la Défense des pays alliés de l’Ukraine. Cette rencontre d’une quarantaine de pays, sur la base aérienne américaine de Ramstein (ouest), est destinée à organiser le soutien des capacités militaires ukrainiennes face à la Russie.
En Russie, l’ex-président Dmitri Medvedev a accusé dimanche l’Allemagne de mener une « guerre hybride » contre la Russie, justifiant l’arrêt des livraisons de gaz à Berlin par son comportement « inamical » en plein conflit en Ukraine.
« Premièrement, l’Allemagne est un pays inamical, deuxièmement elle a imposé des sanctions contre toute l’économie russe (…) et elle livre des armes létales à l’Ukraine », a déclaré M. Medvedev dans un message publié sur Telegram.
Denys Chmygal a également soldé dimanche une autre brouille récente entre Kiev et Berlin, en rencontrant le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier.
M. Steinmeier, deux fois ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel, a longtemps soutenu une politique de détente avec la Russie, avant de faire son mea culpa en reconnaissant un erreur. Déclaré pour cette raison persona non grata par l’exécutif de Volodymyr Zelensky, il avait dû annuler une visite à Kiev mi-avril.
L’Allemagne « continuera à se tenir de manière fiable aux côtés de l’Ukraine », a assuré M. Steinmeier au dirigeant ukrainien, selon la porte-parole du président allemand.
Une conférence d’experts sur la reconstruction du pays, à laquelle doit participer notamment la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, se tiendra le 25 octobre à Berlin.
Avant sa visite, Denys Chmygal avait constaté « les immenses progrès » faits par l’Allemagne dans son aide militaire à l’Ukraine, passée « des équipements de protection » à « l’artillerie ».
L’Allemagne avait récemment promis de livrer à l’Ukraine de systèmes de défense antiaérienne Iris-T. Ce doit être fait « à l’automne », selon le Premier ministre ukrainien.
Autre symbole de cette nouvelle ère dans les relation bilatérales, l’arrivée prochaine d’un nouvel ambassadeur ukrainien à Berlin. Son prédécesseur, Andrij Melnyk, s’en est pris pendant des mois avec virulence à l’attitude jugée timorée de l’Allemagne face à la Russie.
Après sa visite à Berlin, M. Chmygal est attendu lundi à Bruxelles pour présider avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell une réunion du conseil d’association UE-Ukraine, et participer à une conférence sur les crimes russes en Ukraine avec la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.
En Ukraine, les autorités locales ont annoncé dimanche que les forces russes avaient continué depuis la veille à bombarder la région de Mykolaïv (sud), provoquant notamment la mort d’un enfant à la suite de l’effondrement de sa maison, et d’une femme, et faisant 6 blessés. Un bilan impossible à confirmer de source indépendante.
Sur le front des exportations agricoles, stoppées par la guerre et qui ont repris récemment après un accord incluant les belligérants pour éviter les pénuries dans le reste du monde, 13 bateaux chargés au total de 282.500 tonnes de denrées ont quitté dimanche les ports ukrainiens en direction de 8 pays, a annoncé le gouvernement de Kiev.
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