Face aux défis émergents, les Institutions supérieures de contrôles sont appelées à « changer de paradigme »
Les Institutions supérieures de contrôles (ISC) sont appelées à « changer de paradigme » dans leur réflexion stratégique pour jouer des rôles de prévoyance à même d’attirer l’attention des décideurs sur les questions émergentes, a affirmé, lundi à Rabat, le Premier Président de la Cour des Comptes, Zineb El Adaoui.
Dans une allocution à l’ouverture d’une rencontre internationale « Leadership Masterclass 2022-2023 », organisée par l’Initiative de développement de l’INTOSAI (IDI), Mme El Adaoui a indiqué que les « transformations profondes qui caractérisent les conjonctures nationale et internationale aujourd’hui constituent de grands défis pour les décideurs et gestionnaires des affaires publiques ainsi que pour les mécanismes de contrôle », notant que ces défis doivent être surmontés. Parmi les plus importants défis, Mme El Adaoui a évoqué les répercussions de la crise sanitaire mondiale, la raréfaction des ressources hydriques, la détérioration de l’environnement découlant des changements climatiques, ainsi que le creusement de la dette publique et la durabilité des finances publiques, sans oublier la révolution numérique et les défis qu’elle engendre en matière de Big Data, d’intelligence artificielle et de Blockchain.
Ces transformations « nous incitent à réfléchir aux rôles nouveaux que les mécanismes supérieurs de contrôle doivent jouer pour apporter une plus grande valeur ajoutée aux citoyens et à l’ensemble des parties concernées », a-t-elle estimé.
A cet égard, le Premier président de la Cour des comptes a invité les ISC à opérer un « changement de paradigme » dans leur réflexion stratégique pour jouer des rôles de prévoyance à même d’attirer l’attention des décideurs sur les questions émergentes, jugeant que ces nouveaux rôles ne doivent pas pour autant remplacer les missions traditionnelles des ISC qui doivent être renforcées eu égard à leur impact sur l’amélioration de la performance du secteur public et l’application du principe de reddition des comptes. Mme El Adaoui a aussi réaffirmé la détermination de la Cour des comptes à renforcer l’action commune avec ses homologues sur les problématiques et sujets d’intérêts communs à travers le partage d’expériences et des meilleures pratiques dans le domaine du contrôle des finances publiques.
Dans cette même veine, le directeur d’IDI, Einar Gorrissen, qui s’exprimait par vidéoconférence lors de cette Masterclass tenue sous la thématique « Les ISC et la gestion des finances publiques: un exercice de prévoyance », a souligné qu’au « cours des dernières décennies, le monde a été secoué par une crise financière et économique, une pandémie, plusieurs catastrophes naturelles, et puis, l’impensable, une nouvelle guerre en Europe avec des conséquences mondiales. »
M. Gorrissen a expliqué que pour faire face à l’inflation galopante, la faible croissance ou encore l’insécurité alimentaire, plusieurs gouvernements remettent en question ou inversent les mesures politiques visant à atteindre un développement plus durable ou à lutter contre le changement climatique et les inégalités.
« Dans ce contexte, une gestion financière saine devient la clé de voûte pour traverser et surmonter la crise de la meilleure manière possible afin de garantir un développement plus durable », a souligné le DG de l’IDI, ajoutant que la gestion des finances publiques doit fournir des mécanismes pour « collecter, allouer, dépenser et rendre compte » des ressources publiques de la manière « la plus objective possible. »
« Cela implique une bonne gouvernance, des institutions fortes et des outils adéquats pour encourager et mettre en œuvre les réformes », a-t-il soutenu, soulignant que certaines gestions des finances publiques requièrent également un « examen rigoureux ». À cet égard, a-t-il fait remarquer, les institutions supérieures de contrôle jouent un rôle clé en assurant la responsabilité et la garantie de l’utilisation des fonds publics.
Étalé sur trois jours, ce séminaire connaît la participation des dirigeants des ISC d’une dizaine de pays européens et africains, ainsi que des représentants d’institutions internationales dont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Organisé par l’Initiative de développement de l’INTOSAI (IDI), l’objectif global de cette Masterclass est d’analyser les tendances futures concernant la gestion des finances publiques et de permettre aux dirigeants des ISC de préparer leurs institutions à faire face aux risques et à identifier les opportunités pour garantir la pertinence et l’impact de leurs recommandations.
Au menu de ce séminaire de trois jours, figurent plusieurs présentations, discussions et ateliers animés par des experts internationaux avec une vaste expérience du secteur public. Ces sessions portent notamment sur « La politique économique: évolutions théoriques et pratiques au cours des dernières décennies », « Le rôle des réglementations fiscales et des autorités fiscales indépendantes dans le contrôle des dépenses publiques », les « Dépenses publiques et responsabilité financière » ou encore la « Gestion des institutions publiques: efficacité et transparence ».
Avec MAP