De Hassan II à Mohammed VI, le long combat pour l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale
Hassan Alaoui
S’il fallait une preuve tangible et supplémentaire de la guerre de propagande acharnée du régime militaire algérien contre le Maroc, l’APS (Agence Presse Service) vient de nous la livrer. Une petite rencontre, de courtoisie diplomatique à peine, au cours de laquelle deux hommes se sont toisés, dirions-nous, en marge de la 77ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, a donné lieu à un fantasmatique montage algérien.
Il s’agit bien entendu de la rencontre, tout ce qu’il y a d’ordinaire, réunissant Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies et Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères. La particularité est que le gouvernement algérien, comme à son habitude, transforme cette séquence en un exploit diplomatique et, succombant à l’hérésie devenue son réflexe, recourt au mensonge d’Etat. Cette culture est érigée depuis 1974, elle est devenue le dogme et l’irascible propension à filouter et flouer l’opinion publique internationale.
C’est ainsi que l’ordre du jour de la rencontre entre les deux, portant sur des questions larges et diverses, est devenu – selon l’APS – un « examen de la question du Sahara marocain ». L’agence de presse officielle algérienne, tout à son embrigadement bien sûr, ne pouvait pas ne pas procéder à son exercice préféré : la diversion ! Et l’ONU elle-même, choquée par le mensonge a tenu à remettre les pendules à l’heure et l’APS à sa juste place, démystifiant la grosse manœuvre de l’Etat algérien qui en est le commanditaire cynique.
Sur le sol d’une telle culture invraisemblable, le gouvernement algérien qui mobilise tous les moyens contre le Royaume ne baissera pas de si tôt les bras. Près de 500 Milliards de dollars ont été mobilisés depuis 1975 pour la propagande contre le Maroc et le soutien au polisario. La première victime de cette abracadabrante et folle aventure est, bien évidemment, le peuple algérien qui, motus et bouche cousue, voit ses richesses se dilapider et s’envoler honteusement pour l’orgueilleuse gloriole des militaires. Comme un fil d’Ariane sombre, l’affaire du Sahara marocain, si elle n’a pas encore épuisé le régime militaire d’Alger, finira à terme par l’user. C’est l’irréversible loi de l’Histoire, celle d’un pouvoir militaire acharné à fabriquer un « petit empire de pacotille » expansionniste qui enrage de dominer la région, d’encercler le Maroc par le sud via la Mauritanie, à l’est par des frontières injustement imposées par la France coloniale en 1958, et par le déferlement d’une propagande bassinée des années durant. Rien n’y fait à vrai dire, le Sahara mais surtout le Royaume du Maroc devient à tout bout de champ l’axe central des préoccupations – je veux dire de toutes les préoccupations vitales – du régime algérien. Le Maroc est, de ce fait, le « cœur battant » de la Mouradia et de l’état-major de l’ANP, dont les dirigeants capitonnés n’ont d’yeux et d’oreilles que pour le voisin de l’ouest, qualifié « d’ennemi historique »…
Soixante ans, oui soixante ans d’histoire commune, ont toutes été davantage marqués par la rupture que par le rapprochement ou l’union. Après la « guerre des sables » en 1963, la rupture était consommée jusqu’en 1969, date du Sommet bilatéral d’Ifrane, d’Agadir, et de Nouadhibou et jusqu’en 1975 avec une accalmie relative, brisée cette fois après la Marche verte, l’accord de Madrid du 14 novembre de la même année, l’agression armée algérienne à Amgala en février 1976, suivie de la proclamation unilatérale de la rasd et le silence affecté depuis lors. Si des relations normales avaient été rétablies en 1994 sous le régime de Chadli Bendjedid c’est pour être rompues immédiatement après les attentats meurtriers du mois d’août commis par des jeunes Algériens à l’hôtel Atlas Asni de Marrakech et une poursuite infernale pour les arrêter à Fès alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Algérie via Oujda.
En tout et pour tout, la normalisation entre les deux pays n’aura duré que très peu d’années, au grand dam des peuples respectifs. L’état de « ni guerre, ni paix » ou pour reprendre l’expression si chère à Raymond Aron, « Paix impossible, guerre improbable » constitue toujours la triste devise inscrite sur leurs frontispices. Le propos ne convient-il pas à une situation diplomatique figée, paralysée même par l’aveuglement d’un pouvoir algérien en perte de vitesse, qui piétine allégrement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et notamment la dernière, la 2602, lui enjoignant de respecter le plan de règlement, de se conformer à son statut de pays impliqué, concerné et responsable et de participer aux tables rondes recommandées par l’ONU. Sauf mauvaise foi comme c’est en effet le cas, il semble paradoxal de voir l’Algérie exiger un règlement du dossier du Sahara et en même temps le saboter délibérément. Comment peut-elle continuer à « défendre un peuple sahraoui imaginaire » – parce la majorité des Sahraouis vivent dans les provinces du sud du Maroc – tout en combattant l’organisation par le HCR ( Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU) d’un recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf pour authentifier – juridiquement et même anthropologiquement – qui est vraiment « sahraoui » et qui ne l’est pas ! Depuis le début du conflit, jamais pouvoir algérien quel qu’il soit n’a accédé à la requête de l’ONU dans ce sens. Bien au contraire, un refus catégorique a été opposé constamment à la communauté internationale, non sans mépris.
Devant la 77ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra n’a jamais répondu à de telles questions, sinon par la rhétorique classique, éculée des années soixante-dix quand Alger se faisait fort, sous Boumediene notamment, d’arroser par millions les uns et les autres de pétro-dollars pour acheter les voix, payer les lobbies et attaquer le Royaume du Maroc. Ce même scénario de la diplomatie du chèque, enraciné dans la nouvelle et irrévérencieuse diplomatie des militaires algériens, a été relancé envers la Tunisie dont on n’exagère rien en disant que de jour en jour elle devient leur vassale au mépris de la fierté du peuple tunisien si grand de ses valeurs, soumis à la mégalomanie d’un autocratique président…
La scène maghrébine semble traverser l’un des rares moments critiques de son histoire, potentiellement chargé d’incertitudes et de tensions. Une région disloquée comme elle ne l’a jamais été, une surenchère acharnée du régime algérien qui ne voit son propre salut qu’à travers la destruction voire la mort du Royaume du Maroc, une militarisation agressive des rapports qui a vite fait d’enterrer le bon voisinage et même la simple courtoisie. En choisissant la méthode violente de dénigrement systématique de notre pays, d’accablement dérisoire et quasi maladif , comme de l’accuser de tous ses maux, internes et externes, comme aussi d’avoir provoqué les incendies en Kabylie, d’avoir unilatéralement rompu les relations diplomatiques en août 2021, chassé les hommes d’affaires marocains, mis fin aux liaisons aériennes et à toute relation ordinaire et innocente, d’avoir enfin tout mis en œuvre pour saborder voire détruire notre relation – assez mal en point déjà – avec le gouvernement français, la junte algérienne s’est finalement – outre se dévoiler comme le régime d’une triste passion – portée tort contre elle-même. L’aventurisme et une démesure ahurissante la conduiront à terme au-devant d’un gouffre, car le prix du gaz et du pétrole, aujourd’hui facteur d’une arrogante puissance, ne résistera pas à l’irrésistible mouvement de l’Histoire, une histoire inversée comme celle des empires d’autrefois qui déclinent avant de sombrer.
La carte géopolitique du Maghreb, outre les irrédentismes, est exposée de plus en plus à d’obscurs calculs de révision. Elle traduit une crise ascendante d’hégémonisme que le pouvoir algérien, manifestement porté par la hausse des prix de l’énergie, s’emploie non sans grand mal à exercer dans la région. Sa volonté d’isoler le Maroc, de le couper de ses racines africaines, de l’encercler le pousse à séduire les dirigeants de la Mauritanie dont on peut dire, hélas ! que la constance leur fait quelque peu défaut. Sinon comment peut-on expliquer cette mascarade d’audience accordée jeudi 29 septembre à Nouakchott par le président de Mauritanie Mohamed Ould El Ghazouani au pseudo « ministre de l’Intérieur » de la rasd et envoyé spécial de Brahim Ghali ?
L’on a toujours soutenu que la Mauritanie constitue le maillon faible de cette sphère régionale, balancée entre le Maroc et l’Algérie qui exerce sur elle une sorte d’impérium injustifié. On se rappellera que lors de la Marche verte et des négociations devant aboutir à l’Accord de décolonisation du Sahara, signé le 14 novembre 1975, Houari Boumediene – tout à sa perfide puissance – avait rencontré le président mauritanien Mokhtar ould Daddah le 11 novembre 1975 à Bechar qu’il a gravement menacé voire insulté selon nos sources : « Tu choisis entre Hassan II et moi… », lui avait-il lancé ! Si la méthode de persuasion violente du pouvoir algérien a changé depuis cette date à l’égard de la Mauritanie, sa volonté de l’inféoder persiste toujours, le cas de la Tunisie nous ayant édifié tout récemment.
L’offensive algérienne contre le Maroc, usant de tous les stratagèmes, est désormais relancée, elle fait feu de tout bois et n’arrêtera pas de si tôt…A coup sûr, et comme inscrit sur …les Tables de la Loi, ce postulat se vérifiera tôt ou tard. Les observateurs que l’on ne peut soupçonner de mauvaise foi n’ont de cesse de mettre en exergue les avancées du Maroc eu égard à son voisin de l’est, versé dans la hargne, brandissant à tours de bras menaces et récriminations, acculé à l’inadmissible et intolérable posture agressive.