L’oléoduc Russie-Hongrie étendu à la Serbie
»L’oléoduc de l’amitié’’, qui achemine du pétrole de Russie à la Hongrie, sera étendu à la Serbie, suite à un accord qui vient d’être signé, à Budapest, entre le Premier ministre hongrois, Victor Orban, et le président serbe, Aleksandar Vucic.
L’accord, dont l’annonce a été faite à Budapest et Belgrade, prévoit la construction de l’extension de l’oléoduc sur une longueur de 128 km, reliant Algyo (Sud de la Hongrie) à Novi Sad (Nord de Serbie), pour un coût de 100 millions d’euros et une durée de deux ans de travaux.
Le pipeline, qui achemine également du pétrole russe à la République Tchèque et la Slovaquie, via l’Ukraine, continuera de fonctionner en dépit des sanctions européennes imposées à la Russie, en raison du conflit en Ukraine. La Commission européenne a autorisé la Hongrie et les pays limitrophes enclavés à importer du brut russe jusqu’en décembre 2024. Les 27 membres de l’UE ont accédé à une demande de la Hongrie en attendant la diversification de ses sources d’approvisionnement énergétique.
Pour la Serbie, l’extension de ‘’l’oléoduc de l’amitié’’ permet de se soustraire de la dépendance de la Croatie pour l’importation de pétrole. Jusqu’à présent l’entreprise pétrolière serbe NIS reçoit du pétrole russe depuis un terminal croate sur l’Adriatique, via l’oléoduc Janaf.
Le président serbe s’est félicité de la signature de l’accord avec la Hongrie, qui intervient suite à la décision de la Croatie, membre de l’UE, de se conformer aux sanctions européennes décrétées par Bruxelles à l’encontre de la Russie, interdisant les exportations vers des pays tiers de pétrole russe.
M. Vucic a également mis en exergue le rôle joué par la Hongrie qui, après de dures négociations au sein de la Commission européenne, a obtenu une dérogation exemptant des sanctions contre la Russie, l’acheminement du pétrole de Moscou via ‘’l’oléoduc de l’amitié’’.
Datant de l’époque soviétique et actuellement exploité par le géant pétrolier russe Transneft, contrôlé par l’État, l’oléoduc Droujba (amitié) a été au cœur de débats houleux entre la Hongrie et d’autres Etats membres de l’UE avant que Bruxelles n’accède à la demande de Budapest et des autres pays limitrophes enclavés à continuer à importer du brut russe via ce pipeline.
L’oléoduc a commencé à être construit au début des années 1960 et s’étend aujourd’hui sur un réseau de 5.500 km de long, déversant le pétrole de l’Oural (centre de Russie) directement dans les raffineries de Pologne, Allemagne, Hongrie, Slovaquie et de République tchèque.
Droujba pompe quotidiennement entre 750.000 et 800.000 barils de brut et a une capacité pouvant atteindre 1,4 million de barils par jour. Le carburant est ensuite raffiné par des entreprises de l’UE en diesel, naphta, essence, lubrifiants et autres produits de base, qui sont vendus à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne.
Lors des différentes discussions à Bruxelles, outre la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, qui n’ont pas accès à la mer et qui sont fortement dépendantes du pétrole russe, ont toujours fait part de leurs inquiétudes et demandé des délais sur mesure, allant de deux à quatre années supplémentaires, pour réorganiser leurs systèmes énergétiques, en vue de se détacher de la tutelle russe.
Le gouvernement slovaque a fait valoir que la seule raffinerie du pays, Slovnaft, travaillait exclusivement avec un type de pétrole russe lourd et que la reconversion de la technologie à un brut plus léger prendrait une demi-décennie et nécessiterait 250 millions d’euros d’investissement.
Utilisant des arguments similaires, Budapest a demandé 550 millions d’euros pour adapter ses raffineries, tandis que Prague a déclaré qu’il lui fallait jusqu’en juin 2024 pour augmenter la capacité de l’oléoduc transalpin, qui permet le transport de pétrole non russe à partir du terminal maritime de Trieste, en Italie.
En 2021, avant la guerre en Ukraine, l’UE importait de Russie 3,5 millions de barils par jour, pour une valeur de 74 milliards d’euros.
Avec MAP