Il y a 47 ans la CIJ rendait son jugement favorable sur la marocanité irréversible du Sahara
Par Hassan Alaoui
Nous célébrons ce dimanche 16 octobre le 47ème anniversaire de la décision historique que la Cour Internationale de Justice ( CIJ) a rendu en octobre 1975 sur le Sahara marocain. Sans doute notre mémoire aura été courte, mais elle ne nous a jamais trahis.
Dès l’année 1974, dans une mémorable conférence de presse dont il avait le secret, feu Hassan II avait annoncé que l’année 1975 allait être celle de la libération du Sahara. En même temps qu’il avait dépêché plusieurs émissaires dans les capitales du monde et notamment dans les cinq pays du Conseil de sécurité pour leur confirmer que le Royaume allait saisir la Cour internationale de justice de La Haye pour lui demander son avis consultatif, il entreprenait une grande démarche pour libérer le territoire occupé par l’Espagne.
Le contexte politique de l’époque ne favorisait pas, à vrai dire, le Royaume du Maroc contre une double duplicité, surgie dès 1970, celle de Boumediene avec Franco, celle des deux avec une bureaucratie ayant investi les Nations unies, notamment la 4ème Commission favorable aux sons de cloche d’un référendum dans le territoire qui, si le Roi Hassan II, ne l’avait pas combattu se serait déroulé au grand dam de notre droit, au mépris de la légalité internationale. L’Espagne tablait sur une prétendue « fidélité » acquise à coups de corruption de leaders de tribus sahraouies qu’elle appelait à voter pour l’autodétermination. Un slogan qu’Alger, en écho retentissant, s’était mise à répéter au sein de cette même 4ème Commission de l’ONU et dont elle a fait un cheval de bataille face au Maroc.
Un recensement de l’ONU avait enregistré en 1974 quelque 70.000 habitants au Sahara, lesquels devaient prendre part au référendum prévu, organisé en sourdine voire ficelé. Le régime de Franco, dans une ahurissante et déplorable collision avec Boumediene, se réjouissait des résultats du « référendum d’autodétermination » et donc de l’indépendance certaine. Pourtant rien ne justifiait la complicité entre Franco – homme de droite s’il en fut – et Boumediene qui s’acharnait à incarner désespérément le leader dogmatique et sans charisme du Tiers-Monde. Le Roi Hassan II, séance tenante dès la conférence de presse de septembre 1974, recourt alors à l’arbitrage de la CIJ qui, rappelons-le, ne faut pas chose aisée. Le 13 décembre 1974, l’Assemblée générale de l’ONU adoptera donc la Résolution 3292 comportant le libellé suivant : 1)- Le Sahara occidental comprenant la Sakiet al-Hamra et le Rio de Oro était-il au moment de leur colonisation par l’Espagne en 1884 un territoire sans maître ( Terra nullius) – 2) Si la réponse à la première question est négative : quels étaient les liens juridiques du territoire du Sahara avec le Royaume du Maroc ?
Le 16 octobre 1975, la Cour internationale de justice rend son avis consultatif et met en exergue les liens historiques et juridiques existant depuis des siècles entre les Sultans et les populations. Comme l’écrit si bien le professeur et politologue Chaouki Serghini, « il ya continuité et contiguïté géographique entre le Maroc et le Sahara, en ce sens on relève le caractère désertique du territoire et un exercice continu de l’autorité marocaine sur ce territoire ». La délégation marocaine partie à La Haye dès juillet 1975 pour défendre le dossier du Maroc était composée notamment, entre autres, de Driss Slaoui, R.J. Dupuy, Mohamed Bennouna, Majid Benjelloun, Moulay Ahmed Alaoui, etc…Documents, témoignages, preuves historiques avaient été apportés par le Maroc et exposés aux juges de la Haye, confrontant et confondant ainsi les mensonges et autres calamiteuses réponses d’un Mohamed Bedjaoui, ancien ministre algérien de la Justice, envoyé par Boumediene à La Haye et plus tard ministre des Affaires étrangères.
Ecartant les arguments de l’Espagne sur le fait que sa colonisation au Sahara avait trouvé un territoire vide, contestant aussi la position de l’Algérie qui croyait se glisser dans une brèche de sémantique d’autodétermination des peuples , la Cour a souligné les liens profonds, juridiques et historiques existant entre le Royaume du Maroc et les populations du Sahara qui, régulièrement, faisaient acte d’allégeance aux Sultans, exécutaient la prière du vendredi en son nom, utilisaient une monnaie frappée à l’effigie de Roi du Maroc, étaient nommés de Marrakech ou Agadir par des dahirs portant son estampille.
Algérie et polisario ont retenu du texte de cet avis de la CIJ la notion que le « peuple du Sahara doit exercer son droit à l’autodétermination » ! L’ambiguïté subsistera des années durant, l’Espagne quittera le territoire, le Maroc récupérera son Sahara, armé de sa foi et de sa conviction que le droit international est de son côté. C’est ainsi que le soir même du 16 octobre 1975 , le Roi Hassan II s’adresse à partir de Marrakech à son peuple en déclarant : «Le monde entier a reconnu que le Sahara était en notre possession depuis très longtemps. Le monde entier a reconnu qu’il existait des liens entre le Maroc et le Sahara qui n’ont été altérés que par le colonisateur (…). Il ne nous reste qu’à entreprendre une Marche pacifique du nord au Sud (…) pour nous rendre au Sahara et renouer avec nos frères». Il annonce donc l’organisation de la Marche verte, qui verra la participation de pas moins de 350.000 citoyens et constituera l’un des événements phares de l’Histoire contemporaine du Maroc.