Aviation civile : que cache la suspension du droit de voler d’Alfa Air ?
Le cas d’Alfa Air, est à coup sûr une belle illustration des dysfonctionnements dénoncés par S.M. Mohammed VI, dans son dernier discours du Trône.
Ni la Direction ministérielle concernée, ni le ministre lui-même, ni même le Chef de gouvernement – tout à sa bonne et loyale volonté – ne veulent réagir et encore moins répondre à la mesure arbitraire qui frappe cette compagnie.
Alfa Air est certes une Compagnie aérienne marocaine privée, mais elle remplit en premier lieu une mission d’intérêt général, car spécialisée dans le domaine de l’évacuation sanitaire. A son actif, d’innombrables évacuations d’urgence en provenance des pays africains et européens. Quant au transport de passagers à la demande, il répond à un besoin accru d’une clientèle d’hommes d’affaires aussi bien marocains qu’africains.
La compagnie a été fondée en 2007, avec un important investissement, par Chakib Lahrichi , architecte reconnu et qui voue une passion sans limite à l’aviation ; pilote aguerri depuis plus de 30ans, il est donc rompu aux exigences de la sécurité aérienne. Ses avions ont sillonné les cieux et survolé bien des pays d’Europe et d’Afrique notamment, ses pilotes et mécaniciens ayant été formés aux techniques de pointe et reçu le meilleur apprentissage, comme en témoignent les passagers ayant emprunté ses vols tels que des hommes politiques, de grands dirigeants,des hommes d’affaires, des investisseurs, des artistes et des sportifs de renommée internationale.
Victime du non renouvellement de licence, signifié par simple courrier le 17 octobre 2016, tombé comme un couperet, Alfa Air est paralysée, subissant de graves préjudices financiers, techniques et humains, ses avions plantés au sol à l’aéroport de Benslimane. Décision prise sans préavis, sans concertation directe avec les promoteurs d’Alfa Air et sans fondement juridique. Les responsables de la compagnie aérienne Alfa Air n’ont été ni saisis ni informés de la mesure arbitraire de suspension qui les a frappés, au motif qu’ils n’ont pas répondu « aux remarques » signifiées par la DAC (Direction de l’Aéronautique civile). C’est peu dire que la décision de suspendre l’activité précieuse de la compagnie Alfa Air porte un grave préjudice, déstabilise un projet inscrit dans la dynamique d’un secteur stratégique qui est l’aviation privée et le transport d’urgence.
Si l’on s’en tient aux déclarations désespérées du fondateur d’Alfa Air, il affirme que depuis le 17 octobre 2016, voilà donc une année, « les responsables de la compagnie ont répondu à toutes les demandes et exigences de la Direction de l’Aviation civile, mais la demande de lever la suspension est restée sans effet » ! De ce fait, elle contredit avec arrogance les recommandations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui, d’un discours à l’autre, ne cesse de préconiser er d’ordonner avec un langage de fermeté à l’Administration, quelle qu’elle soit, d’être à l’écoute des citoyens et notamment des opérateurs qui investissent, quand bien même – et surtout même – si ceux-ci se trouvent en difficultés.
Le manque de rigueur et de lucidité administrative, risquent de devenir un scandale. L’histoire pourrait s’apparenter à un simple problème de retard administratif, si elle ne dévoilait un de ces cas de dysfonctionnements. Car voilà un dossier apparemment relevant de tout ce qui est normal, bénéficiant de toutes les garanties légales, qui plus est conforme à la réglementation en vigueur, qui est bloqué au bon vouloir de la Direction ministérielle à Rabat.
Il est à noter que Chakib Lahrichi, dans sa lettre adressée au Chef du gouvernement le 28 février 2017, dans sa volonté de montrer sa bonne foi, a proposé qu’une Commission d’experts nationaux et internationaux examine en l’occurrence le dossier et rende en toute objectivité, impartialité et transparence ses conclusions et son arbitrage.
Or, le silence de la DAC – apparenté à un évident mépris – n’est aucunement justifié en cette circonstance et participe d’une manifeste et rédhibitoire volonté d’exclusion et d’affaiblissement de la compagnie Alfa Air…Le Président fondateur de cette dernière, Chakib Lahrichi, évoque désormais l’hypothèse de délocalisation de sa compagnie – ce qui serait le comble – vers des pays étrangers, outré qu’il est par le silence et l’injustice qui le frappent. Il affirme être persuadé que « l’intention de nuire dans cette affaire est manifeste et le but de la Direction de l’Aviation civile et de faire disparaître Alfa Air » à terme…
Pourquoi ?
Afin de protéger l’unique compagnie de jets privés qui reste sur le marché, provocant une situation de monopole avec toutes les implications négatives sur la hausse des prix des vols et la sortie des devises de l’économie nationale ?