Marrakech: Le cannabis médical, un véritable atout pour l’économie africaine
Les énormes opportunités économiques offertes par le développement d’une filière du cannabis médical en Afrique ont été, vendredi à Marrakech, au centre des débats lors d’une session organisée dans le cadre de la Première Conférence africaine sur les risques en santé.
Les participants à cette table ronde organisée sous le thème « Comment réussir le lancement de la filière du cannabis médical en Afrique », ont souligné que l’usage thérapeutique, médical, cosmétique et industriel du cannabis présente des opportunités importantes pour l’économie africaine, appelant à promouvoir le cannabis médical en tant que nouveau traitement contrôlé pour des symptômes et des maladies spécifiques et à établir des principes directeurs éthiques pour réglementer le cannabis médical afin de les mettre en œuvre comme mesure de réduction des risques.
Intervenant à cette occasion, le Directeur général de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis par intérim, M. Mohamed El Guerrouj, a rappelé le contexte de l’adoption au Maroc d’une loi autorisant les usages du cannabis à des fins médicales, cosmétiques et industrielles, les activités autorisées dans le cadre des usages licites du cannabis, prévus par cette loi ainsi que les trois périmètres concernés par la culture du cannabis au Maroc, à savoir Chefchaouen, Al Hoceima et Taounate.
Tout en mettant l’accent sur les portées socioéconomiques de la légalisation du cannabis à des usages médicaux et les conditions de vie des agriculteurs de ces régions, il a indiqué que les principales missions de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis consistent en la mise en œuvre de la stratégie de l’Etat dans le domaine de la culture, la production, la fabrication, la transformation, la commercialisation, l’exportation du cannabis et l’importation de ses produits à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles ainsi que l’octroi, le renouvellement et le retrait des autorisations.
« Cette agence assurera un suivi rigoureux de contrôle et de traçabilité pour maitriser l’interférence entre cultures illicites », a-t-il ajouté, relevant qu’il sera procédé à la mise en place d’une plateforme digitale pour le suivi de toutes les étapes depuis l’importation des semences jusqu’à la transformation.
De son côté, M. Yuval Landschaft, Directeur de l’unité sur le cannabis médical du ministère israélien de la Santé (IMCA), a noté une augmentation mondiale de la demande sur le cannabis à des usages médicaux, relevant que l’Etat d’Israël se positionne comme leader dans la recherche sur le cannabis dans le domaine médical.
Dans ce sillage, il a relevé que « la médicalisation du cannabis » doit être accompagnée par la formation des agriculteurs et du personnel médical, estimant que cette plante à fort potentiel médical, a prouvé son efficacité dans le cadre de l’amélioration de l’état de santé de patients souffrant de plusieurs maladies.
Le professeur britannique, Majid David Bruce Badcock, a pour sa part, présenté une étude sur les données mondiales réelles sur le cannabis médical en partant des résultats du « Projet Twenty21 », qui permet aux patients éligibles d’accéder à un traitement médical au cannabis à un prix plafonné et de faire suivre leur traitement par le comité de scientifiques « Drug Science ».
Les données récoltées dans le cadre du « projet Twenty21 » fournissent des preuves sur l’efficacité du traitement au cannabis médical, notamment dans les douleurs chroniques, les troubles mentaux, syndrome de Tourette, épilepsies, la maladie de Parkinson et dans le cadre de l’amélioration de la qualité de sommeil et de la vie, a-t-il expliqué.
Le président de l’Association marocaine consultative d’utilisation du cannabis (AMCUC), M. Redouane Rabii, a pour sa part, relevé que le Royaume tient une opportunité réelle et prometteuse de développement du cannabis médical, pharmaceutique et industriel, compte tenu des atouts dont il dispose, avec notamment des conditions naturelles et climatiques favorables, le savoir-faire des agriculteurs et une proximité des marchés émergents en Europe et en Afrique.
Dans ce contexte, il a appelé à investir dans la formation des « cannabiculteurs » pour être en mesure de moderniser cette filière prometteuse et développer une culture compétitive du cannabis.
Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la première Conférence africaine sur la réduction des risques en santé connait la participation de décideurs, d’experts, de spécialistes et de professionnels africains et internationaux. Initiée par le ministère de la Santé et de la Protection sociale, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, du ministère de l’Industrie et du Commerce, du ministère de l’Economie et des Finances, et de l’Association Marocaine de Médecine Addictive et Pathologies (MAPA), cette conférence internationale rassemble des expertises africaines et internationales afin de réfléchir sur les aspects de la santé dans des concepts élargis de politiques de santé publique, mais aussi pour ériger les piliers de la santé au futur, repenser la santé dans ses aspects organique, psychologique, économique, social et environnemental, en travaillant conjointement à une santé africaine commune moyennant également la culture, l’éducation et l’enseignement.
Avec MAP