En visite à Rabat Josep Borrell veut renforcer le partenariat stratégique exceptionnel entre le Maroc et l’UE.

Par Hassan Alaoui

La première visite au Maroc du Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique se sécurité, Josep Borrell commence ce jeudi 5 janvier. Elle est placée dans le cadre des contacts réguliers institutionnalisés entre le Maroc et l’Union européenne et durera deux jours conformément à la Déclaration politique conjointe, adoptée en juin 2019, laquelle a mis en place grosso modo un « Partenariat euro-marocain de Prospérité partagée » articulé autour de quatre paramètres : la politique et la sécurité ; l’économie ; les valeurs et les connaissances. Il convient d’ajouter à ce schéma ambitieux l’environnement et la politique migratoire qui est de plus en plus ce que le critère d’un partenariat efficient est à la force de l’édifice.

M. Josep Borrell effectue ainsi sa première visite au Maroc en qualité de HRVP dans le cadre des rencontres régulières programmées, mais surtout illustrées par la visite au Maroc de 6 membres du Collège des Commissaires pendant la seule année 2022, dont celle notamment de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Layen qui non seulement avait exprimé sa joie d’être au Maroc, mais s’était félicitée de l’évolution des rapports entre notre pays et l’Union européenne. Elle avait notamment souligné l’attachement de l’Union européenne au renforcement du partenariat qualifié de référence avec le Royaume du Maroc, mis en œuvre depuis des années et inscrit dans une tradition de coopération établie depuis une cinquantaine d’années et qui, selon Josep Borrell lui-même, « reflète le dynamisme et l’engagement de longue date du Maroc avec l’Union européenne dans l’espace euro-méditerranéen ».

A présent, ce partenariat demande à la fois un élargissement et une profondeur. Et la visite du HR/VP au Maroc s’inscrit dans un esprit de renforcement stratégique qui va dans le sens d’une ouverture continentale, vers l’Afrique notamment, le Maroc étant aujourd’hui l’incontournable acteur majeur dans le continent. Dans le cadre de ce postulat, les deux hauts responsables, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger et M. Borrell discuteront des relations bilatérales , mettant le doigt sur les sujets d’intérêt commun, analysant le nouveau contexte qui a surgi ces dernières années, marqué par la guerre d’Ukraine, les flux d’immigration, les partenariats économiques et financiers et l’examen de ce principe cardinal qui est la « politique de bon voisinage » auquel les deux parties tiennent tant. Il convient de souligner à ce propos que, d’emblée, le Maroc s’était inscrit dans sa mise en œuvre dont l’Union européenne n’a cessé de saluer régulièrement l’engagement et l’exemplarité du Royaume. Les deux parties sont devenues, depuis novembre 2020, à l’occasion de la réunion ministérielle à Barcelone consacrée au « bon voisinage » deux piliers forts d’une nouvelle stratégie et d’une certaine manière les avocats pro-domo de sa révision. Ce qui, suite à des entretiens intenses à cette occasion sur ce thème entre Nasser Bourita de Josep Borrell fait dire à ce dernier : « Nous comptons sur le Maroc pour continuer à jouer un rôle de premier plan, par son implication dans les dialogues et les actions envisagées comme dans la transition verte, la gestion de la migration et la politique d’inclusion sociale… »

Une dizaine de sujets centraux illustrent en effet un spectral domaine de réalisations maroco-européennes qui inspirent fierté et suscitent de nouveaux espoirs. Il s’agit comme le précise avec un souci de détail un document du Ministère marocain des Affaires étrangères des domaines suivants :

-La signature d’un Partenariat Vert, le premier du genre conclu par l’UE avec un pays de son voisinage Sud et le lancement des discussions sur un Partenariat Numérique ;

– La mise en œuvre satisfaisante des multiples accords conclus entre les deux parties dans les domaines aériens, de la pêche, de la recherche et du commerce (produits agricoles, de la pêche et industriels).

– L’opérationnalisation avancée du Plan Economique et d’Investissement découlant du Nouvel Agenda pour la Méditerranée (6 Flagship Projects sur 7 couvrant divers domaines : Enseignement supérieur ; développement d’économies résilientes, durables et inclusives; transformation numérique, recherche et innovation; transition et sécurité énergétiques ; systèmes alimentaires durables, agriculture et développement durable).

– Une capacité d’absorption importante du Maroc du Maroc témoignant de la densité de la coopération financière. L’UE a accordé au Maroc une enveloppe financière de 1,6 Milliard d’euros dans le cadre de la programmation 2021-2027, auxquels s’ajouteront d’autres financements.

– Un partenariat pour la mobilité mis en œuvre selon une approche globale et équilibrée, renforcé par un dialogue de haut niveau sur la migration et un partenariat opérationnel de lutte contre le trafic des migrants lancé en juillet 2022.

– Une coopération en matière sécuritaire et judiciaire en progression, marquée par la coprésidence Maroc-UE du GCTF et une dynamique positive avec des agences européennes, notamment Europol, Frontex et Eurojust.

– Le lancement de projets de coopération trilatérale avec des pays africains et méditerranéens dans des domaines d’intérêt tels que l’eau, la recherche et la formation (Exp : Link Up Africa).

-L’engagement des deux parties dans des discussions pour une association accrue du Maroc aux programmes communautaires (Horizon Europe, Europe Créative, EU4Health,…).

– Une contribution effective des acteurs non gouvernementaux à l’enrichissement du Partenariat maroco-européen (Commission parlementaire mixte, relation CGEM-Business Europe,…).

– La contribution effective des deux parties aux activités de l’Union pour la Méditerranée et au Partenariat UE-UA avec comme objectif la stabilité, la prospérité et le développement des régions euro-méditerranéenne et euro-africaine.

Le champ de coopération, comme on le voit, est vaste et dense. Il couvre beaucoup de domaines d’activités qui sont aux deux parties ce que le socle d’une réelle intégration est au partenariat stratégique multiforme. Josep Borrell, en tant que HR/VP entame ce jeudi une visite dans un pays, le Maroc, qui est et reste le partenaire privilégié de l’Union européenne depuis les accords fameux de 1972 , notamment avec la CEE et qui a constitué pour l’Europe quand elle n’était encore qu’un groupement de 6 ou 9 pays une quasi « Allié ». C’est dire à la fois la dimension historique et institutionnelle de la relation entre le Maroc et l’Europe, c’est souligner la profondeur économique, sociale, culturelle et humaine d’un projet de partage et d’adhésion.

L’Afrique sera également au centre des échanges entre MM. Bourita et Borrell, compte tenu de la politique d’engagement que le Roi Mohammed VI a tracée pour le continent et dont le chef de notre diplomatie est l’exécuteur et le metteur en scène appliqué. La même vision est également au cœur des discussions entre les deux hommes à propos de l’évolution qui caractérise les régions et constituent à coup sûr des sujets d’intérêt commun comme le Maghreb et ses crises, le Sahel plongé dans la guerre, les tensions au Moyen Orient, et d’une certaine manière la nécessaire harmonie des positions du Maroc et de l’Union européenne. Il est évident qu’aux yeux des responsables de cette dernière, « est consciente que le Maroc est un partenaire de confiance, fiable et crédible qui dispose d’une expertise et d’un savoir-faire leur permettant de mener initiatives communes au niveau régional et de coordonner leurs positions au sein des enceintes multilatérales dans l’intérêt de tous ». Un impératif catégorique de coordination et d’adhésion du Maroc et de l’Union européenne à la vision stratégique dominera les discussions de Rabat sur les sujets de « la sécurité, la transition énergétique, la sécurité alimentaire et les changements climatiques ».

La première visite de Josep Borrell au Maroc en ce début de janvier 2023 a un sens exceptionnel, elle inaugure un nouveau climat de confiance et insuffle évidemment une impulsion inédite entre deux partenaires, le Maroc et l’Union européenne dans un contexte qui exige le renforcement des visions, le respect mutuel et une nouvelle audace pour aller de l’avant.

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