France-Maroc: «Pas de crise», selon Paris
La France n’est pas en crise avec le Maroc, a assuré jeudi la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, en réponse aux critiques de parlementaires marocains et à une vive réaction des médias du Royaume.
« Nous sommes au contraire dans un partenariat d’exception que nous entendons nourrir », a déclaré Anne-Claire Legendre lors d’un point presse, soulignant la volonté de Paris d’inscrire cette relation bilatérale « dans les 10 à 20 ans » à venir.
Elle a rappelé la visite de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna en décembre. « C’était une visite très positive », a-t-elle dit, soulignant « le jalon important » que constituera celle du président Emmanuel Macron, prévue en principe au cours du premier trimestre.
La classe politique marocaine et les médias ont vivement répliqué aux médias français et européens sur les accusations fallacieuses du Parlement européen. Ainsi Rabat ne décolère pas et a adopté à une large majorité il y a une semaine une puérile résolution sur la supposée dégradation de la liberté de la presse au Maroc.
Sans fondement aucune, le parlement sort de l’élégance et du principe de souveraineté en se disant « profondément préoccupé » par « les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen ».
Cette résolution du Parlement européen serait portée par deux euro-deputés française d’origine algérienne: Karim Delli et Yamina Yenbou, raison pour laquelle il est reproché à Paris d’avoir « orchestré » une campagne anti-marocaine à Bruxelles.
Dans cette même dynamique, il y a le rapprochement militaire inédit entre la France et l’Algérie où pour la première fois depuis 17 ans, un chef d’État-Major algérien se rend chez l’ancienne puissance coloniale.
Dans le même temps, une réunion de haut niveau a eu lieu entre les 2 chefs d’État-major français et Algérien et des membres de toutes les branches des deux armées : forces aériennes, navales, terrestres, anti-aériennes et renseignement militaire.
En août, les présidents et chefs d’État-major s’étaient déjà remontrés en présence du ministre des armées français, Sebastien Lecornu et du DG du renseignement extérieur (DGSE), Bernard Émié. Côté algérien, il y avait le DG du renseignement intérieur (DGSI), Djamel Kehal, l’ex-DG du renseignement extérieur (DDSE), Abdelghani Rachedi et l’actuel DG du renseignement extérieur (DDSE), M’henna Djebbar.
En l’espace de quelques mois, ce sont toutes les branches des armées et des renseignements des 2 pays qui se sont rencontrés.
Entre Rabat et Paris la crise est bien là et réelle, malgré le déni. Cependant, le double jeu n’arrangera pas les choses.