Energies : « Le Maroc devrait passer d’une logique de politique énergétique, à une stratégie de croissance verte»
Depuis des décennies, le Maroc entreprend un grand nombre de politiques énergétiques qui lui valent aujourd’hui un plan de transition énergétique salué mondialement. L’énergie verte est maintenant un véritable levier de croissance que le Royaume tient à développer, lui permettant d’asseoir sa position en tant que leader africain et partenaire clé de l’Occident. Mais quelles sont ses nouvelles politiques ? De quelle manière témoignent-elles de la mise en place d’un nouveau modèle économique ? Et quelles sont les opportunités qu’offre le marché marocain aux investisseurs étrangers ? Selon Afaf Zarkik, Économiste et spécialiste des stratégies énergétiques au Policy Center For the New South, « le pays devrait œuvrer à développer une approche transversale afin de passer d’une logique de politique énergétique, à une stratégie de croissance verte à l’aune de la « Green Deal » de l’UE ». Décryptage.
- Maroc Diplomatique: Aujourd’hui l’énergie est enjeu économique, que pensez-vous de la stratégie du gouvernement à conduire un véritable modèle économique ? Quelle politique en faveur des entreprises pour renforcer le développement du secteur des énergies ?
Afaf Zarkik: Les impacts et les enjeux de la transition énergétique apparaissent aujourd’hui indissociables de toutes les politiques industrielles, de tous les intérêts économiques et de toute réflexion environnementale. Les politiques de l’énergie sont insérées dans la construction de « communs énergétiques nationaux », au sens d’un actif national composé d’infrastructures énergétiques, d’opérateurs, de la construction progressive des choix, et des modes de contractualisation auprès des consommateurs/citoyens, l’ensemble de ces élément forme des composants d’un sentier de croissance, voire d’une identité nationale. Outre les domaines économique et social, ce secteur stratégique constitue un noyau autour duquel gravitent de nombreux autres domaines d’importance, telles que les politiques industrielles, environnementales ou encore sécuritaires et géopolitiques.
Pour le Maroc, l’intégration des énergies renouvelables (ENR) dans le mix énergétique et électrique se ressentent à tous les niveaux de la société. Cette stratégie permet en premier lieu d’améliorer la sécurité énergétique du royaume. Ces ENR sont d’autant plus pertinentes à implémenter qu’elles offrent à notre pays un double dividende, leur diffusion permettant de réduire de facto le volume d’énergies fossiles importées. En tant qu’importateur net d’énergie, le Royaume a toujours fait face à des contraintes le plus souvent synonymes de : risques d’approvisionnement, coûts imprévisibles et déficit permanent de la balance des paiements, ce qui place l’énergie au cœur de la croissance économique et comme facteur clé du développement social.
Cette évolution se réalise dans un environnement où la promotion des ENR passe par l’affirmation d’un nouveau cycle vertueux de compétitivité des prix et maturité technologique, et petit détail qui parachève et qui couronne cette stratégie, d’une diminution des tensions géopolitiques associées à leur développement. Ainsi, le passage à une consommation d’ENR entraînerait moins de risques pour notre pays, car l’économie et l’économie politique des renouvelables sont fondamentalement différentes des systèmes des énergies carbonées. Les effets de la transition énergétique vont donc au-delà des limites conventionnelles du système énergétique.
En effet, avec cette stratégie avant-gardiste, le Maroc a aujourd’hui les capacités, et l’environnement d’affaire qui permet la promotion des entreprises de toute taille s’installant dans l’ensemble de la chaîne de valeur des ENR, représentent non seulement des piliers stratégiques pour la croissance économique et l’emploi mais constituant de fait une grande priorité de la stratégie de développement du pays dans son ensemble.
Concernant le rôle de l’état, le Ministère de la Transition Energétique et du Développement Durable, en concertation avec les parties concernées, a pris des mesures importantes pour accompagner les entreprises dans la prise en compte de leur responsabilité sociétale et environnementale et pour créer des conditions favorables au développement du secteur des énergies propres. Parmi ces mesures, le renforcement des mécanismes de financement et d’incitations fiscales. A titre d’exemple, en vertu de la loi de finance de 2020, l’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée à l’importation et à la vente sur le marché national des pompes à eau fonctionnant à l’énergie solaire et à toutes énergies renouvelables utilisées dans le secteur agricole.
Il ne faut pas oublier également que pour le Maroc, l’objectif actuel est d’améliorer l’efficacité de 20% d’ici 2030. Le cadre réglementaire actuel régissant le développement de l’efficacité énergétique rend par exemple obligatoire aux entreprises à haute consommation d’énergie de se soumettre à un audit énergétique. La mise en œuvre dudit décret vise, en plus de l’économie de l’énergie et de la réduction de la facture énergétique des entreprises énergivores, la création de nouvelles sociétés exerçant l’audit énergétique, la création d’emploi dans ce segment d’activité et le renforcement du marché de l’efficacité énergétique.
- A Davos le Maroc a brillé. Son plan dans la transition énergétique a été salué. Quelles sont les opportunités qui s’offrent aux investisseurs étrangers en matière d’énergies propres au Maroc ?
Le Maroc est un pays stable, ayant des accords de libre-échange avec de nombreux pays, dont les Etats-Unis et l’Union Européenne, qui instaurent un climat plus favorable aux IDE. Le Maroc a également construit une expertise en termes d’énergie renouvelable, dont les coûts sont devenus compétitifs. Le secteur de l’énergie est devenu, donc, un marché porteur qui ouvre la voie vers un développement d’entreprises autour des projets renouvelables, les services, notamment le conseil, l’ingénierie, l’installation, l’exploitation et maintenance mais aussi la production et la fabrication des équipements. Le Maroc a donc tout le potentiel d’attirer des investisseurs étrangers pour se positionner sur le développement de ces projets.
L’essor de la filière des ENR a également été accompagné du développement de tout un écosystème: notamment un cadre institutionnel et des agences publiques permettant d’institutionaliser un mode de réflexion à long-terme, un cadre règlementaire pour attirer les investissements privés, des plateformes de recherche, des entreprises de services énergétiques, des clusters et des associations industrielles, des infrastructurels et technologies associées. Cette base a permis au Maroc de se lancer dans un domaine d’avenir, celui de l’hydrogène vert. En effet, le Royaume dévoilé en 2021 une feuille de route nationale de l’hydrogène vert qui se traduit par un plan d’action séquencé à l’horizon 2050.
Le Maroc est donc en train de créer toute une filière économique et industrielle autour des molécules vertes (à savoir l’hydrogène, l’ammoniac et le méthanol). Une étude de la Fraunhofer Society sur le potentiel « Tower-to-X » du Maroc a démontré que le pays pourrait capter jusqu’à 4% de la demande mondiale en hydrogène vert d’ici 2030 (cette participation diminuerait à environ 1% d’ici 2050). Avec son objectif de neutralité carbone à l’horizon de 2050, l’hydrogène vert pourrait donc devenir un important produit d’exportation vers l’UE, mais également d’IDE.
Plusieurs investisseurs étrangers cherchent à combiner le potentiel solaire et éolien du Maroc pour produire de l’hydrogène vert. Même à ses débuts, de nombreux projets pilotes d’hydrogène vert avec des investisseurs étrangers ont vu le jour. Un exemple en est le projet Power-to-X, qui est le premier projet industriel H2 vert à grande échelle au Maroc, en collaboration entre MASEN et le gouvernement allemand. Il consiste à construire une usine d’énergie renouvelable de 100 MW pour produire de l’H2 vert par électrolyse et devrait être mis en service en 2025.
Un autre exemple est le projet Hevo Ammonia Morocco, qui vise à produire de l’ammoniac et de l’hydrogène verts avec une entreprise portugaise, Fusion Fuel Green, et un fournisseur mondial de solutions d’ingénierie, Consolidated Contractors (CCC). Le projet devrait démarrer en 2022 après l’achèvement de l’étude de faisabilité. Plus récemment encore, la société marocaine GAIA Energy a signé un accord avec la société israélienne H2PRO en marge de la COP 27 pour mettre en œuvre un projet pilote au Maroc pour produire une grande capacité d’hydrogène et d’ammoniac vert, en utilisant la technologie d’électrolyseur de H2PRO, à partir d’une capacité de 10-20 mégawatts…
Pour cette filière en particuliers, les ports marocains, qui se positionnent au premier rang des ports méditerranéens et parmi les 40 ports les mieux connectés au monde, sont idéaux pour servir de plaques tournantes dans ce domaine et pourraient regrouper à la fois les demandes provenant de leurs propres opérations, du transport maritime, du transport terrestre et des utilisations industrielles locales, en plus de servir d’actifs de production de stockage et d’exportation mondiale.
- En termes de croissance, que vont apporter les énergies propres dans le développement économique du Royaume d’ici 2030 ?
L’ensemble des politiques énergétiques énumérées jusque-là constituent des décisions majeures entreprises par le Royaume depuis des décennies. L’évaluation des apports et des limites du cadre stratégique actuel lancé en 2009, permettra de mesurer son impact économique en termes de croissance, création d’entreprises, d’emplois etc. mais aussi les inflexions qui restent à opérer et de définir les contours pour une nouvelle stratégie de croissance verte. A ma connaissance, aucune étude n’a été publiée dans ce sens.
Un tel exercice serait de nature à déclencher une nouvelle stratégie énergétique de sorte que la consommation d’énergie ne soit plus un simple ingrédient de la croissance, mais comme un véritable déclencheur et catalyseur d’une nouvelle émergence verte, comme a été souligné dans une étude du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). En effet le pays devrait œuvrer à développer une approche transversale afin de passer d’une logique de politique énergétique, à une stratégie de croissance verte à l’aune de la « Green Deal » de l’UE.
Ces paquets de politiques pionniers visent à traiter simultanément le bien-être économique, le changement climatique, les inégalités sociales etc. étaient fortement critiqués pour avoir tenté d’englober trop d’éléments (politiques de l’emploi, santé, changement climatique etc.). Cependant, avec la flambée des prix des matières premières et la dégradation du niveau de vie des Marocains depuis la Covid et l’éclatement de la guerre en Ukraine, une reprise économique alignée sur la transition verte pourrait aussi bien être la planche de salut pour opérer une transformation fondamentale à tous les niveaux de la société.
- A l’aune de la Zlecaf pensez-vous le marché africain pourrait s’adapter à la transformation énergique ? A quel niveau les énergies renouvelables peuvent-elles contribuer au développement du continent ? Comment cela peut être bénéfique pour le Royaume ?
Malgré le changement climatique et l’impératif d’accomplir une transition énergétique, les investisseurs étrangers comme les pays producteurs continuent de miser sur les hydrocarbures en Afrique. Une manne qui n’est pas près de s’épuiser, tant la demande en énergies fossiles (80% à 85% de la consommation primaire mondiale) reste une tendance lourde sur les marchés. Il est difficile de jeter la pierre à l’Afrique, dans la mesure où les énergies fossiles restent prépondérantes partout…
Certes, le continent Africain intéresse le reste du monde pour son pétrole mais il n’en fournit pas moins des efforts considérables et même exemplaires, vers la transition. Les réserves de charbon sud-africaines sont classées parmi les 10 plus importantes au monde. Toutefois, le pays a élaboré des efforts importants pour le déploiement des ENR. Leur capacité installée est ainsi passée de 467 MW en 2013 à 5 027 MW en 2020. De son côté, le Nigeria qui doté des réserves pétrolières et gazières les plus importantes du continent, entend fournir de l’électricité à 25 millions de personnes d’ici à 2030 grâce au solaire (12% de la population, sur un total de 38% n’ayant pas accès à l’électricité). Mais, pour l’instant, l’éolien et le solaire ne représentent, que 0,1 % du mix énergétique du pays. Le pays le plus peuplé d’Afrique a toujours toutes les peines du monde à acheminer le courant jusqu’à ses usagers. Au cours de la seule année 2021, pas moins de quatre pannes sur le réseau national ont plongé des villes entières dans l’obscurité, dont Abuja et Lagos.
Il faut souvent le rappeler, mais le continent africain reste en grande partie à électrifier et ne contribue qu’à hauteur de 4% aux émissions mondiales de CO2. Dans un premier temps, le continent pourrait capitaliser sur ses ressources fossiles surtout gazières d’autant plus que les pays développés l’incluent dans leurs plans de transition… La combinaison de l’hydrogène gris avec des technologies de captage de carbone (hydrogène bleu) offre un énorme potentiel pour accélérer l’adoption de l’hydrogène à court terme tout en assurant la transition à long terme vers une plus grande proportion d’hydrogène vert. Le Parlement Européen, dans une approche pragmatique, a donc reconnu l’importance et la valeur de transition du gaz naturel en l’incluant dans la Taxonomie de l’UE. Avant une décarbonisation des économies, garantir l’accès aux fuels de transition comme le gaz naturel représente un réel levier de croissance.
Dans ce cadre, le gazoduc Maroc-Nigéria prend une nouvelle dimension économique, politique et stratégique pour le Maroc, mais également pour tous les pays qu’il traverserait le long de la côte Ouest Africaine, le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie. L’infrastructure approvisionnera également les États enclavés du Niger, du Burkina Faso et du Mali. Cette infrastructure énergétique permettra de créer davantage de richesses dans la région, de renforcer la coopération économique entre les pays concernés et de mieux protéger l’environnement grâce à l’approvisionnement durable en gaz.
- Quelle pourrait être la valeur ajoutée dans la croissance économique au Maroc en matière de développement des énergies renouvelables ? Quels seraient les possibles freins d’une telle émergence ?
Pour reprendre, au nombre des avantages de la politique volontariste de l’État, impulsée par les orientations Royales, en matière de développement durable et d’investissement dans les énergies renouvelables on peut citer : améliorer la sécurité énergétique du Royaume, gagner en avantages compétitifs et en attractivité économique, contribuer au renforcement de la coopération et des partenariats, créer des emplois d’avenir, libérer les énergies des jeunes etc.
Pourtant, la politique énergétique Marocaine, d’essence visionnaire et qui recèle une portée emblématique incontestable, commence à montrer des signes d’essoufflement. Par exemple, dans le cadre de la stratégie énergétique nationale de 2009, le Maroc prévoyait de porter la part des énergies renouvelables dans son mix de production d’électricité à 42 % en 2020, il n’en a atteint que 37%. De plus, érigée en priorité dans le cadre de la stratégie énergétique nationale, l’efficacité énergétique qui constituait une réponse à la maîtrise de la demande au même titre que le développement des énergies renouvelables, accuse pourtant de retards importants (selon la CESE).
Le diagnostic de la Commission Spéciale sur le Nouveau Modèle de Développement (NMD) concède plusieurs avancées dans le domaine énergétique, mais pointe également des dysfonctionnements au niveau de la gouvernance énergétique et esquisse une feuille de route plus ambitieuse et laborieuse pour ce secteur transversal. « La réforme profonde du secteur énergétique permettant d’aboutir à une énergie compétitive est aujourd’hui une nécessité pour enclencher la transformation structurelle de l’économie. » souligne le rapport, en rajoutant : « Le traitement sous-optimal du secteur de l’énergie est consécutif à plusieurs contraintes liées, notamment, aux insuffisances en termes de gouvernance, qui rendent les règles de jeu peu claires et complexifient toute projection en matière de politique énergétique ».
Il faut également reconnaître que le passage à un modèle basé sur les énergies dîtes de « flux » (vent, ensoleillement), réduiront la dépendance aux importations en énergies carbonées mais engendrent d’autres dépendances compte tenu du faible développement de techniques efficaces de stockage et la concurrence exacerbée avec les ressources terriennes, les matières premières critiques, notamment pour leur implantation. À cet égard, celles-ci constituent le pétrole et le gaz de la transition énergétique. Elles sont critiques à la transition énergétique de manière directe du fait de leur intégration dans les technologies, ou indirecte, en tant que composant lié mais indépendant de la technologie, comme les batteries pour les véhicules électriques.
- L’Europe va instaurer la taxe carbone pour les entreprises étrangères hors UE. A quel niveau cela va constituer un blocage pour la compétitivité de nos entreprises en Europe ? Quelle solution intermédiaire à adopter pour garder la chance des entreprises marocaines le temps de ma mise en œuvre de cette loi au Maroc ?
En tant que pays lourdement tributaire de ses liens avec l’UE en matière de commerce et bien d’autres égards (investissement, transferts des travailleurs et travailleuses expatrié.e.s etc.), cette taxe ne devrait pas être prise à la légère. A titre d’indication, le Maroc a exporté plus de 19,5 milliards de dollars de marchandises vers l’UE en 2019, dont 505 millions soit 3 % du total, appartiennent aux secteurs couverts par la CBAM. Je vous invite à consulter un papier publié récemment au Policy Center for the new South intitulé : « Quel sera l’effet de la taxe carbone aux frontières de l’UE sur le Maroc, et comment le Maroc devrait-il réagir ? » pour plus de détails.
Les intrants énergétiques du secteur industriel marocain restent aujourd’hui dominés par les combustibles fossiles, fortement émetteurs de CO2. Le pétrole représente le premier poste de consommation des industriels (environ 60 %), suivi de l’électricité (30%). En outre, la production de l’électricité au Maroc dépend principalement du charbon (malgré les capacités installées en ENR) – de loin le combustible le plus émetteur de CO2 – et par une petite part de gaz, les deux représentant 81 % de la consommation de combustible en 2020. En comparaison, le mix énergétique du secteur industriel de l’UE est composé de gaz naturel (32 %), d’électricité (34 %) et de parts plus faibles de produits pétroliers (10 %), de biocarburants et de déchets, ainsi que d’énergies renouvelables. Contrairement au Maroc, la production d’électricité de l’UE repose beaucoup plus sur les énergies renouvelables et le nucléaire et moins sur le charbon.
De plus, le Maroc semble être moins efficace dans son utilisation de l’énergie que l’UE, malgré les efforts déployés pour remédier à ce problème. Cela peut s’expliquer par le fait que, malgré sa faible consommation d’énergie par habitant, le Maroc utilise plus d’énergie par unité de PIB que l’UE, comme c’est le cas dans de nombreux pays en développement. Le CBAM, rentrant en vigueur en décembre 2022, demande des réactions en urgence de la part des décideurs politiques. Le ministère de l’Industrie a voulu prendre de l’avance en plaçant la décarbonisation de la production industrielle en 4ème priorité de la nouvelle stratégie industrielle. L’objectif étant d’améliorer la compétitivité du secteur industriel marocain et de renforcer son attractivité.
La réduction de l’intensité énergétique est le principal moteur de la décarbonation dans le secteur industriel. Certaines barrières s’opposent toutefois à l’adoption de technologies et de pratiques d’efficacité énergétique (EE), ce qui limite les possibilités de réaliser des économies d’énergie. Le coût initial de ces interventions constitue indéniablement une barrière économique importante. Les entreprises et les fabricants sont souvent limités en termes de capitaux pour des projets d’EE qui exigent des périodes de recouvrement sur le long terme. De plus, en l’absence d’une législation claire sur l’EE et/ou de normes environnementales qui stimulent le changement, les industriels ne parviennent tout simplement pas à saisir la valeur des économies d’énergie qui peuvent être réalisées.
Il est donc nécessaire de mettre en œuvre des politiques, sous forme d’incitations financières et non financières, afin de favoriser cette transition. Le deuxième levier est la décarbonation du mix énergétique au Maroc. Pour y parvenir, des objectifs ambitieux doivent donc être fixés en termes de pénétration des EnR, auxquels s’ajoutent des technologies de charge modulable et de stockage et le renforcement des infrastructures, notamment du réseau. Plusieurs obstacles économiques, techniques et réglementaires continuent à freiner le développement cette filiale au Maroc. Pour plus de détails, je vous invite à consulter une série d’études, qui se décline en quatre parties, réalisée par le Policy Center for the New South en collaboration avec Enel Green Power intitulée « La trajectoire de décarbonisation du Maroc ».