Forum MD Sahara -Youssef Amrani : « L’Afrique est une force politique aux réalités socio-économiques diverses »
La ville de Dahkla a accueilli ce 4 mars la 2ème édition du Forum MD Sahara placé sous le haut patronage de Sa Majesté Mohamed VI avec pour thème « « Le Maroc en Afrique : Un choix Royal pour un continent global et intégré ». Parmi les intervenants figurait SEM Youssef Amrani, diplomate marocain et Ambassadeur du Maroc à Bruxelles.
Lors de son intervention sous le thème « Le Maroc africain : Un engagement, une vision, une histoire, une identité », après avoir rendu hommage à la femme africaine et à son rôle fondamental dans la construction d’une « Afrique stable, d’une Afrique pacifique, d’une Afrique audacieuse, d’une Afrique prospère et d’une Afrique intégrée », M. Youssef a d’abord souligné la réalisation d’une « Afrique géopolitique… avec une réelle capacité à se positionner dans l’équilibre mondial ». En effet, selon lui, l’intérêt que suscite l’Afrique à travers le monde est dû à ses nombreuses opportunités qui en font aujourd’hui « une puissance dans le monde ». « L’Afrique n’est pas un marché », a déclaré le diplomate, « mais une force politique à la croissance soutenue et aux réalités socio-économiques diverses ».
Il a ensuite décliné les visions de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, par rapport à l’Afrique qui consiste notamment à « créer des espaces régionaux, homogènes, aux circulations fluides et contrôlées, et où domineraient l’entente mais aussi le dialogue, la coopération, l’esprit de compromis et le bon voisinage ».
M. Youssef a également insisté sur la nécessité pour le continent « d’engager un débat de fond sur ses capacités d’intégration » car selon lui « l’intégration économique et politiques est fondamentale et prioritaire ». « Le projet commun, estime-t-il, est celui l’idéal panafricain depuis Casablanca (en référence au Groupe de Casablanca) et le Maroc n’a jamais changé de cap même quand il quitté l’OUA en 1984 ».
Il reconnaît qu’il y a un long chemin à parcourir avec certes des crises (sécuritaire, économique, politique…) multidimensionnelles mais surmontables. Pour atteindre l’objectif de développement socio-économique, il faut, selon le diplomate, « changer de paradigme » et appelle par la même occasion à décomplexer face à des concepts tels que « la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la démocratie ».
Pour M. l’ambassadeur, le défi est aujourd’hui double « la paix et la croissance ». Pour relever ce double défi d’une Afrique qui cherche à s’affirmer dans le concert des nations, M. Youssef le conditionne à une cohésion entre africains car insiste-t-il « Il faut choisir l’unité plus que la division et résister à toute forme de manipulation ».
Pour ce faire, le diplomate reconnait le rôle important du leadership d’une part et d’autre part le rôle crucial de l’Union africaine. Sur le plan du leadership, M. Youssef préconise pour une Afrique stable, un leadership éclairé des enjeux et défis du continent, « un leadership qui place l’humain au centre de toute politique ». Et selon lui si l’Union du Maghreb arabe ne marche pas « c’est parce qu’il n’y a pas de leadership, il n’y a pas de vision, et que nous n’avons pas les instruments nécessaires pour accompagner cette vision que Sa Majesté a lancé à travers de multiples appels pour faire du Maghreb un espace de politique, de dialogue mais également de prospérité partagée ». Cette dynamique demande de la cohérence et ne laisse place qu’au concret car précise-t-il : « Le temps des idéologies a pris fin ».
Place à des politiques et un leadership responsable à même de parvenir à bout des défis multiples auxquels fait face le continent africain. Dans un second temps, SEM Youssef Amrani, rappelle le rôle crucial de l’Union africaine dans la situation complexe dans laquelle se trouve le continent et que pour cela « on a aujourd’hui besoin d’une Union Africaine forte pour aller de l’avant ».
En conclusion, SEM Youssef Amrani a souligné l’importance de la coopération interétatique avec les autres États dans un monde globalisé, un monde d’interdépendance où même des crises lointaines, dont celles du Covid-19 et de la guerre en Ukraine offrent un exemple éloquent, ont des effets directs et irrévocables. C’est pourquoi, conclut M. Amrani, l’Afrique a fortement besoin de coopérer avec les autres nations, mais une coopération qui ne peut se faire que « dans le respect de nos priorités et de nos ambitions ».