Forum MD Sahara : « Les Caisses de dépôts africaines pourvoyeurs de richesses en Afrique »
S’inscrivant dans le cadre de la deuxième édition du MD Sahara, les travaux du forum, organisé à l’initiative de Maroc Diplomatique, se sont ouverts, ce samedi 03 mars à Dakhla. L’occasion pour Khalid Safir, Directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) de réaffirmer la vocation africaine de la Caisse, qui en fait un axe majeur de sa vision stratégique et de sa coopération extérieure, tout en mettant l’accent sur le rôle crucial des Caisses de Dépôt africaines dans la mobilisation de l’épargne et sa transformation en investissements de Long Terme.
Visites successives aux pays frères de l’Afrique, signature d’accords et de conventions internationaux…multiples sont les actions entreprises par le Maroc en faveur du continent africain. L’objectif étant de contribuer au développement ainsi qu’à l’épanouissement de l’Afrique. Un continent à fort potentiel qui regorge de ressources à exploiter pour en créer des richesses. Toutefois, la carence en infrastructures ne cesse de ralentir voire d’entraver le développement du continent, comme l’a souligné Khalid Safir, lors de son intervention.
“Le continent africain dispose d’atouts considérables à même de générer sa croissance inclusive et d’éradiquer la pauvreté. Néanmoins, le manque d’infrastructures suffisantes et fiables continue de freiner les économies africaines. De ce fait, le développement et l’amélioration de ces infrastructures pourraient avoir des effets considérables sur la croissance, dans la mesure où il permettra de promouvoir les activités économiques et de renforcer le commerce intra-régional. Chose qui contribuerait notamment à garantir la sécurité alimentaire.
En effet, si l’Afrique parvenait à développer et améliorer ses infrastructures, elle pourrait augmenter son PIB par habitant de 2.6 points supplémentaires chaque année.”, a-t-il déclaré.
Ainsi, l’amélioration des infrastructures représente l’une des clés de voûte du développement économique de l’Afrique mais elle demande néanmoins un financement considérable qui pourrait constituer un lourd fardeau en raison notamment des différentes crises successives survenues au cours des dernières années.
“Selon la Banque africaine de développement, les besoins annuels de financement des infrastructures en Afrique ainsi que les besoins urgents en matière de santé, d’éducation… oscilleraient entre 130 et 170 milliards de dollars pour les quinze prochaines années. Ceci a été rendu difficile par la crise sanitaire mondiale et les bouleversements géopolitiques et économiques qui ont induit des sorties de capitaux sans précédent des marchés émergents et des économies en développement y compris en Afrique. Ajoutons à cela, les défis majeurs qui se présentent au continent notamment ceux liés à la modernisation des instruments de gestion public et de sécurisation des fonds de l’État.”
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Face à cette situation, les Caisses de Dépôts se révèlent comme la solution idoine susceptible de créer les fonds nécessaires et partant d’assurer le développement économique, à travers la mobilisation de l’épargne pour la transformer en investissements de Long Terme.
“Pour faire face à ses enjeux africains en matière d’investissements en infrastructure, il est essentiel de mobiliser l’épargne et de s’assurer qu’elle est orientée vers la transformation économique. L’expérience dans certains pays d’Europe et d’Amérique a démontré, depuis 1816, que la transformation sage et sûre de l’épargne intérieure contribue assurément au développement économique d’un pays. Les évolutions économiques et sociétales ont conduit à la création d’institutions spécifiques qui ont pour fonction principale la mobilisation de ressources internes composées de fonds spéciaux et de fonds d’épargne et leur transformation en investissements productifs. Faisant confiance à ces organismes, qui bénéficient d’une indépendance contrôlée et relevant du secteur public, les états se sont dotés d’outils à même de remplir les deux rôles essentiels dévolus à ces institutions dénommées “Caisses de Dépôts”, à savoir sécuriser et faire fructifier des fonds et canaliser une main financière appréciable vers l’investissement durable d’intérêt collectif.
Ainsi, une caisse de dépôt fait coexister une activité d’investisseur long terme et une activité de gestionnaire de mission d’intérêt général confiée par des mandats publics.” Et de poursuivre :
“C’est dans cette logique que le Maroc s’est doté, dès 1959 de la Caisse de dépôt et de gestion qui dispose à ce jour de ressources dépassant les 280 milliards de dirhams. Une épargne stratégique et cruciale pour augmenter notre potentiel d’investisseurs.” a-t-il fait savoir.
Considérée comme un acteur public majeur doté d’une longue expérience, la CDG a apporté son expertise au développement de nombreux projets stratégiques notamment en infrastructure durable, en logement et en logistique avec la construction d’hôtel, l’aménagement de zones urbaines et le développement de zones industrielles. Le but étant d’accélérer la reconstruction du continent à travers des partenariats Sud-sud, prônant une coopération solidaire et fructueuse dans “une Afrique qui fait confiance à l’Afrique”.
“Nous nous sommes attachés à donner une forte impulsion à notre action envers l’Afrique en veillant à ce que le réalisme dans les approches, l’efficience des moyens d’action et le rendement soient nos atouts majeurs. Nous avons donc cherché à construire des partenariats fondés sur des intérêts communs et la volonté conjointe de réaliser le développement durable. A cet effet, nous nous sommes accrochés à mettre notre expérience et notre savoir-faire à la disposition de notre continent en nous impliquant dans des projets de création de Caisses de Dépôts dédiés au développement au sein du continent.”
Khalid Safir a, par ailleurs, saisi cette occasion pour mettre en exergue les diverses initiatives de la CDG en faveur des pays d’Afrique.
La caisse de dépôt et de gestion du royaume du Maroc a initié de nouvelles voies de faire ensemble avec les pays frères et amis, avec comme objectif de travailler de concert dans un esprit de partage et d’amitié. Notre modeste expérience, longue et riche, nous a permis de jouer un rôle de pionnier en ouvrant de nouvelles voies tant pour le développement d’épargne en Afrique que pour sa transformation en investissement. Ainsi et depuis 2004, une collaboration étroite s’est développée avec différents pays frère d’Afrique comme le Cameroun, le Sénégal, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Tunisie, la Mauritanie, le Burkina faso…sur des sujets aussi variés que la création de Caisse de Dépôt, les métiers de la retraite, le financement des PME..”, a-t-il affirmé. Et d’ajouter:
“Parallèlement, la Caisse de Dépôt et de Gestion marocaine a contribué à la mise en place, dès 2011, du forum des Caisses de Dépôt, un lieu d’échanges et de développement d’idées et de savoirs rassemblant une quinzaine de pays et dont la 1ère édition a été organisée, sous le Haut Patronage de sa Majesté le Roi Mohammed Vi, que l’assiste, à Marrakech, en janvier 2011. Cette plateforme, qui se veut un rendez-vous bi-annuel entre institutions spécialisées chargées de gérer et de faire fructifier une épargne particulière confiée par des mandats publics, est devenue l’espace de rapprochement, d’entente et de création de valeurs pour certains pays du continent.”
Il convient de signaler à cet égard que la CDG a, par ailleurs, lancé en 2017 une initiative intitulée “Programme International CDG pour l’Afrique”, qui vise, selon Khalid Safir, à mettre en valeur le modèle économique de Caisse de Dépôt comme alternative de collecte, de gestion et de transformation de l’épargne au service du développement économique et social des pays africains.
Le Directeur général de la CDG a tenu également à préciser que l’Afrique est devenue, depuis quelques années, un champ de déploiement stratégique de certains métiers du groupe CDG, citant, à cet égard, l’exemple de NOVEC, filiale d’ingénierie du groupe, qui intervient à travers des études de projets en Côte d’Ivoire, au Niger, au Sénégal, sur des sujets aussi variés que le bâtiment, l’eau, les barrages, les infrastructures, l’environnement et l’agriculture. Ou encore celui de la filiale Medzed, leader au Maroc dans l’aménagement et la gestion des activités dans l’industrie et l’offshoring, qui contribue à des projets structurants dans le cadre de missions d’assistance pour le développement de zones industrielles pilotes et d’espaces d’accueil principalement au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Gabon.
Signalant que la CDG a également contribué au lancement d’une initiative africaine qui assurera la mobilisation des ressources pour les projets verts développés sur le continent en lançant officiellement, en novembre 2016, le premier rassemblement d’investisseurs africains pour le climat.
Pour clôturer son intervention, Khalid Safir a réaffirmé l’engagement de la CDG à déployer davantage de projets au sein du continent. Et ce, dans l’objectif de contribuer activement au développement socio-économique de l’Afrique.
“Aujourd’hui, forts de nos réussites mais aussi de nos échecs et des expériences acquises, nous nous engageons à ouvrir de nombreux chantiers avec notre continent africain pour tirer profit des avantages et des forces de chacun d’entre nous conformément à nos ambitions et à nos choix stratégiques.”, a-t-il conclu.