Dakhla, entre désert et mer, la promotion du tourisme par l’environnement
Par Kenza El Rhana
Inconnu des internationaux et peu attrayante pour les marocains il y a encore quelques années, la ville de Dakhla est aujourd’hui la nouvelle locomotive du tourisme et du développement durable dans le Royaume.
667km de littoral et une baie de plus de 400 km2 qui, suite au programme de développement de S.M. le Roi Mohammed VI, a vu apparaître des projets d’envergure et des investissements colossaux, qui ont permis à la ville de se positionner en tant que destination touristique prisée mais surtout respectueuse de son environnement.
Unique en son genre, elle répond de plus en plus aux exigences des touristes férus d’écotourisme. Mais si la destination reste encore confidentielle, épargnée par le tourisme de masse, son développement rapide et la multiplication d’infrastructures dédiées au tourisme ou au commerce, pourraient rapidement menacer un équilibre écologique fragile.
Joyaux naturel du Sud marocain, Dakhla a longtemps été un refuge pour les pêcheurs, à l’écart de toute terre habitée, encore éloignée de toutes influences extérieures. Bénéficiant d’une localisation exceptionnelle entre mer et désert, la ville du vent s’est fait connaître pour ses conditions idéales dans l’exercice du kitesurf.
Aujourd’hui’ Dakhla est tout autre. Dès le début des années 2000, la volonté d’en faire une porte d’entrée majeure pour l’Afrique et une plaque tournante importante pour le commerce entre les continents africain et européen, s’est rapidement dessinée. Son intégration s’est ainsi naturellement tournée vers la capitalisation de ses ressources naturelles et sa position géographique pour cibler particulièrement le tourisme.
Des projets d’envergure dans une ville en pleine expansion
En quelques années, 14 complexes touristiques ont poussé comme des champignons. Pour une partie d’entre eux, ils sont pensés dans une logique écologique, ils favorisent l’économie d’énergie et la bonne gestion de l’eau, l’utilisation de LED, de panneaux solaires ou l’utilisation de stations d’épuration. Ce sont des infrastructures qui se veulent luxueuses, pour la plupart, mais respectueuses de leur environnement, se fondant même architecturalement au paysage.
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Des projets hôteliers qui devraient être de plus en plus nombreux ces prochaines années, tant la demande augmente et bénéficie du lancement de la voie express Tiznit-Dakhla sur plus de 1055 km et la multiplication des liaisons aériennes directes entre le Maroc et l’Europe ou l’Amérique. Des partenariats avec des villes occidentales, à l’image de Vibo Valencia en Italie ou Great Neck aux Etats-Unis, mettent également l’accent sur la coopération internationale pour promouvoir le tourisme, la culture et le commerce dans la ville et permettre son rayonnement à l’international. Dans ce sens, l’aéroport de Dakhla devrait rapidement profiter d’une extension et de la création d’une zone hôtelière adjacente.
Une ville qui ne cesse de voir sa popularité augmenter notamment grâce aux nombreux événements qui y sont organisés. Du festival de musique électronique, au cinéma en passant par le sport, le rayonnement de Dakhla attire chaque année de plus en plus de touristes friands des activités qu’on y pratique en pleine nature : randonnées, bivouac à la saharienne, bain dans les sources d’eau chaude, kitesurf…
Une activité humaine grandissante, qui risque de compromettre l’écosystème de la région. La consommation des ressources halieutiques avec la surpêche et la pollution liée à l’exploitation industrielle des eaux et des sols, sont les deux principaux dangers écologiques qui pèsent sur la ville. Ce nouveau secteur touristique en expansion basé sur le respect de l’environnement, de la nature et de la culture locale pourrait bien être la raison même de leur destruction.
Préserver pour mieux régner
Des risques que les pouvoirs publics marocains ne prennent pas à la légère avec la décharge publique mise sur pied en 2015 et la station d’épuration des eaux usées, qui a vu le jour il y a maintenant plus de 7 ans. La signature d’une batterie de conventions internationales vient également appuyer la participation de l’Etat, à l’image de RAMSAR et de ZICO, respectivement sur la protection des zones humides et celle des oiseaux.
Malgré ces mesures, les militants écologistes et les opérateurs touristiques s’inquiètent de la pollution de la lagune. Elle est maintenant l’objet d’un déversement de déchets par certains établissements hôteliers et subit de grandes dégradations de ses falaises avec la construction de structures touristiques, pour certaines, totalement inadaptées à l’écosystème.
En persistant sur cette voie, on risque de voir se reproduire des schémas observés il y a des dizaines d’années sur la Costa del Sol en Espagne, sur laquelle prometteurs et groupes hôteliers multipliaient les constructions en béton sur les plages, peu regardant du respect de l’écosystème avoisinant. Des techniques qui ne marcheraient même plus, tant l’avenir du tourisme, à Dakhla et ailleurs, réside dans l’écotourisme et cet équilibre environnemental qu’il nous faut préserver à tout prix.