Banques africaines : Quelle perspective en 2023 face aux crises multiformes ?
Le secteur bancaire en Afrique se caractérise par un faible niveau continu d’intermédiation financière entre les unités excédentaires et déficitaires tant au niveau international que national, des tentatives régulières de libéralisation avec des crises bancaires ultérieures (un lien qui peut être observé au niveau international) et une tendance aux fusions transfrontalières. Les institutions financières multilatérales affichent également une forte croissance.
Les chocs mondiaux et nationaux saperont les moteurs de crédit pour les banques africaines en 2023, alerte l’agence de notation américaine Fitchratings. Ceux-ci ajouteront aux risques existants de l’environnement opérationnel, mais Fitch pense qu’une croissance modérée du PIB, aucune économie africaine majeure n’entrant en récession, combinée à des banques affichant un bon degré de résilience au cours des deux dernières années, empêchera un scénario baissier plus significatif.
L’affaiblissement des obligations souveraines africaines et les risques de contagion importants pour les banques jouent un rôle important dans la détérioration des perspectives sectorielles pour 2023. Le risque politique restera élevé et pourrait accroître l’incertitude sur les marchés. Les risques liés à la qualité des actifs reviendront et seront plus importants, les ménages et les entreprises continuant d’être touchés par une inflation élevée, la hausse des taux, la dépréciation de la monnaie et la pénurie de dollars américains.
Néanmoins, Fitch ne suppose qu’une augmentation modérée des ratios de prêts douteux. Les prix élevés des matières premières soutiendront de nombreuses économies africaines et les environnements d’exploitation des banques, mais un risque majeur pour la qualité des actifs surviendrait en cas de forte baisse des prix des matières premières déclenchée par un ralentissement mondial, en particulier avec l’évolution économique en Chine, un partenaire commercial majeur.
La hausse des taux d’intérêt et la croissance toujours satisfaisante des prêts (supérieure à la croissance du PIB) soutiendront la génération de revenus et la rentabilité des banques et atténueront les hausses modérées des coûts du crédit. Cependant, la capitalisation, le financement et la liquidité restent confortables, ces dernières en particulier soutenant la solvabilité autonome des banques. Le surendettement souverain est le principal risque pour le profil financier des banques africaines.
Dans cette dynamique, les dégradations souveraines pourraient entraîner davantage de dégradations de la notation des banques en 2023, poussant l’agence à s’interroger sur les défaillances souveraines potentielles où de nombreux gouvernements africains sont confrontés à des charges de service de la dette très élevées et croissantes, exacerbées par la hausse des taux d’intérêt, la force du dollar américain et des conditions de financement externes défavorables. La restructuration de la dette du Ghana affectera les banques nationales et régionales.
Les banques marocaines ont dominé le marché de l’Afrique de l’Ouest
Dirigées par Attijariwafa Bank, la Banque centrale populaire et Bank of Africa, les banques marocaines contrôlaient plus d’un cinquième du marché bancaire en Afrique de l’Ouest en 2021.
Selon un rapport de l’agence Ecofin, les banques marocaines géraient près de 28% du marché bancaire dans le groupe de pays d’Afrique de l’Ouest qui comprend le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Opérant 26 filiales en Afrique de l’Ouest, les banques marocaines gèrent 28,1% des 17,4 millions de comptes bancaires de la région, alors que leur part de marché combinée est à la limite d’un tiers du marché, individuellement. Elles sont à la traîne par rapport à la part de marché de 10,1 % d’Ecobank Transnational Incorporated.
Par ailleurs, elles détiennent 20% des guichets bancaires et 22% des guichets automatiques en service dans la région.
Fin 2021, les charges d’exploitation des banques marocaines ont considérablement baissé, augmentant leurs marges bénéficiaires, selon des données citées dans le rapport Ecofin.