Droits de l’Homme : quand un vice-ministre d’Afrique du sud se fait le « télégraphiste » de la junte algérienne
Par Hassan Alaoui
Pendant les années soixante, au plus fort des guerres de libération, le Maroc, cofondateur principal de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) – devenue Union africaine- constituait le pivot des soutiens aux divers mouvements de libération allant de l’ANC sud-africaine, à sa tête Nelson Mandela, au FLN algérien, aux autres formations du Cap Vert, du Mozambique, de l’Angola et autres. Mandela bénéficiait d’un soutien particulier, puisqu’il s’était installé dans les environs d’Oujda avec ses militants et ses combattants. Le soutien du Maroc, multiforme, n’avait d’égal que son vertueux engagement aux côtés du peuple sud-africain. Or, une fois l’indépendance obtenue et plus tard le départ du pouvoir de Mandela acté, ses successeurs se sont révélés les plus hostiles adversaires du Maroc, alignés sur le pouvoir algérien, faisant du polisario leur cheval de bataille, occultant la vérité historique, bafouant la dignité des séquestrés de Tindouf enfin.
Ainsi l’’article du vice-ministre des Affaires étrangères sud-africain, Alvin Botes, publié récemment dans le magazine « ANC Today » devant en principe se focaliser sur un prétendu éclairage de la situation des droits de l’Homme au Sahara marocain nous interpelle-t-il par son tissu de mensonges. Il tombe à point nommé pour nous confirmer le dérisoire aveuglement des dirigeants de l’Afrique du sud dans cette affaire. Il constitue au mieux une tentative détournée de véhiculer de fausses allégations et – plus choquant encore – de réécrire l’histoire aux faites des honneurs de notre pays et à ses succès diplomatiques avérés, salués à l’échelle mondiale. Ce simulacre d’article d’opinion, trempé dans la falsification s’érige lamentablement en un plaidoyer avec des arguments fallacieux qui nous rappelle le langage des années soixante, éculé et sans substance.
Il est surprenant à bien des égards que l’auteur de cet article qui pratique le langage manichéiste de deux poids deux mesures oublie que son pays est secoué et plus qu’interpelé pour ses nombreuses violations des droits de l’Homme, et que ses dirigeants sont exposés à l’opprobre internationale pour corruption et détournements. On s’interroge, en effet, jusqu’à quel point l’Afrique du Sud qui s’aligne sur des conceptions erronées continuera, par manque d’humilité, à pointer du doigt le Maroc, lequel a placé le respect des droits de l’Homme au cœur de son dispositif institutionnel, ainsi que dans leur universalité et leur indivisibilité comme vecteur de développement ? L’approche sélective et intéressée du responsable sud-africain – outre qu’elle pèche par une ahurissante ignorance – peut être déconstruite par des faits concrets, dénoncés non seulement par des ONG internationales mais par le Département d’Etat américain.
Pas plus tard que le 20 mars 2023, le Département d’Etat américain a résumé, en quelques phrases à peine, la situation des droits de l’Homme dans ce pays qui s’octroie de manière unilatérale une posture de donneur de leçon sur les droits de l’Homme qu’il est loin de respecter. Rappelons qu’au cours de cette année, l’Afrique du Sud a connu des exécutions illégales et arbitraires, des cas de tortures et de traite des êtres humains, des arrestations et des détentions arbitraires, le tout accompagné d’une corruption grave du gouvernement.
La police sud-africaine a, cette année encore, eu recours à une violence excessive, ce qui a causé des blessures et la mort de personnes. Dans son rapport annuel 2021-2022, la Direction indépendante des enquêtes de police (IPID) a fait état de 5 295 nouveaux cas de violations commises par la police, dont 3 407 agressions, 744 cas d’usage d’une arme à feu officielle et 223 cas de personnes mortes aux mains de la police. Elle a également enregistré 410 morts résultant d’actions de la police, contre 353 l’année précédente. Dans ce sillage et selon Amnesty International, les féminicides ont connu une hausse de 10,3 % rien qu’entre juillet et septembre 2022 constituant ainsi un bilan sordide de 989 femmes assassinées.
Le jeu de passe-passe qui tente de donner un habillage « droit de l’hommiste » à des aspirations politiquement motivées ne trompe plus personne. Les allégations insidieuses concernant le soi-disant « activiste » mentionné dans l’article omet sciemment que quatre militants d’Abahlali baseMjondolo – le plus vaste mouvement post-apartheid du pays, qui plaidait en faveur de la fourniture de services de base aux plus démunis – ont été victimes d’homicides illégaux dans le KwaZulu-Natal en lien avec leurs activités sachant que trois arrestations ont eu lieu pour seulement l’un des homicides. Le bilan sanglant de l’Afrique du Sud a, également, été mis en exergue dans la liste des défenseurs des droits de l’Homme tués cette année, contenue dans le rapport de l’ONG Frontline Defenders, où le Maroc n’apparait pas d’ailleurs, en comptabilisant cinq meurtres commis en Afrique du Sud.
Le vice-ministre sud-africain, tout à sa médiocrité rampante, s’est même éloigné du sujet principal pour nous fourvoyer en instillant la propagande du « polisario », oubliant que cette milice armée constitue une menace pour le continent africain à plusieurs niveaux, en particulier en ce qui concerne ses liens avec les groupes terroristes au Sahel. Le grand quotidien journal allemand Die Welt, du 27 janvier 2023, a publié les résultats d’une enquête basée sur des rapports convergents de plusieurs services de renseignement européens, confirmant, preuves à l’appui, que le « polisario » a fait des camps de Tindouf, en Algérie, une plaque tournante pour le financement du terrorisme au Sahel, à travers le « hawala » qui facilite le transfert illicite et anonyme de fonds entre l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine, en particulier à des groupes terroristes et des acteurs impliqués dans la déstabilisation de la région.
Au lieu de mettre à profit les relations fraternelles et multidimensionnelles qu’entretiennent les pays africains à la faveur de la cause noble des droits de l’Homme, l’Afrique du Sud campe sur sa position archaïque alimentée par un régime algérien toujours en quête d’une cause perdue. L’Afrique du Sud devrait privilégier la voie de la raison au lieu de cautionner l’instrumentalisation scandaleuse des allégations de prétendues violations des droits de l’Homme dans la région du Sahara marocain au détriment de la stabilité du continent.