Une journaliste du WSJ condamnée en Turquie à 2 ans de prison

Le journal américain The Wall Street Journal (WSJ) a annoncé qu’une de ses journalistes a été condamnée à deux ans et un mois de prison par la justice turque pour un article sur le conflit entre Ankara et les séparatistes kurdes.

La journaliste Ayla Albayrak se trouve actuellement à New York, a précisé son journal mardi soir. Le WSJ a souligné que l’article de la journaliste était équilibré et que cette dernière allait faire appel de la décision rendue par la justice turque. Le journal ne précise pas la date du procès de sa journaliste, jugée par contumace, alors que les autorités turques n’ont pas confirmé le verdict. Rédigé en août 2015, l’article était consacré au conflit à Silopi, à la frontière entre la Turquie et les régions kurdes du nord de l’Irak, entre les forces de sécurité turques et le parti séparatiste kurde PKK, une organisation séparatiste classée comme « terroriste » par Ankara.

L’article contenait des entretiens avec le maire de Silopi et des habitants de la ville, un responsable gouvernemental turc et le représentant d’une organisation, qui selon Ankara, serait la branche des jeunes du PKK. Selon le WSJ, Mme Albayrak détient les nationalités turque et finlandaise. En novembre 2015, elle avait été convoquée par la police à Istanbul qui l’a informée qu’elle faisait l’objet d’une enquête pour propagation de propagande terroriste. Le PKK est une organisation classée « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux, dont l’Union européenne et les Etats-Unis.

Le conflit kurde en Turquie a coûté la vie à plus de 40.000 personnes depuis son déclenchement en 1984. Les combats ont repris en 2015 après la rupture d’une trêve qui a sonné le glas des pourparlers de paix entre Ankara et le Parti des Travailleurs du Kurdistan. Le WSJ a ajouté que la journaliste avait déclaré à la police lors de sa convocation que son article reflétait bien la réalité du conflit entre le PKK et le gouvernement turc. En avril 2016, la journaliste du WSJ a été inculpée de violations des lois anti-terroristes.

La condamnation par la justice turque d’une « journaliste professionnelle et respectée constitue un affront pour tous ceux qui défendent une presse indépendante et énergique. Nous appelons tous ceux qui partagent cette opinion à se faire entendre« , a déclaré William Lewis, directeur général du Dow Jones et éditeur du Wall Street Journal. Selon le site P24, spécialisé dans la liberté de la presse, quelque 170 journalistes sont détenus en Turquie. Celle-ci occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.

AFP

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