Sécheresse en France : l’été 2023 pourrait être pire que le précédent

L’été 2023 pourrait être pire que le précédent en France, marqué par de violents feux de forêts, en raison de la sécheresse persistante dans certains départements français, écrit jeudi le quotidien belge « La Libre Belgique ».

“Tous les voyants sont en effet à l’orange foncé, voire au rouge”, souligne le journal dans un article intitulé “La France se prépare à un été potentiellement ravageur”, notant que “la réponse des pouvoirs publics peine à convaincre les experts”.

La publication relève qu’un incendie a déjà détruit, début avril, plus de 900 ha de végétation dans les Pyrénées-Orientales, un département où les habitants de quatre communes sont privés d’eau du robinet depuis deux semaines.

Au total, vingt départements de France métropolitaine sont aujourd’hui concernés par des restrictions d’eau, souligne l’auteur de l’article, ajoutant que même des départements comme le Nord et le Pas-de-Calais sont en état de vigilance.

En cause, notamment : des précipitations en berne depuis l’été 2022, avec un record de 32 jours sans pluie cet hiver, précise-t-on, indiquant que l’eau renouvelable disponible, issue des précipitations ne retournant pas à l’atmosphère par évapotranspiration (94 %) et de l’apport des cours d’eau de pays voisins (6 %) est en baisse, diminuant de 14 % sur les deux dernières décennies.

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Face à cette situation alarmante due aux dérèglements climatiques et face à un risque accru d’incendies, le gouvernement français a présenté un plan de bataille, qui prévoit notamment l’achat d’engins de lutte contre le feu, la réparation des canalisations et une tarification progressive du prix de l’eau. Un plan qui peine toutefois à convaincre les experts.

”Ce plan n’est pas du tout ambitieux”, tranche Agnès Ducharne, directrice de recherche CNRS et hydrologue, citée par le journal, estimant que les mesures sont “insuffisantes”.

“Le budget pour l’entretien des canalisations (180 millions d’euros, ndlr) est faible. Quant à la tarification progressive, cela a du sens pour ceux qui ont de grands jardins et des piscines mais c’est difficile à mettre en œuvre et puis, elle ne concerne que les particuliers. Les autres usagers y échappent”, insiste-t-elle.

Selon le ministère de la Transition écologique, l’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 57 % du total, devant les usages domestiques (26 %), le refroidissement des centrales électriques (12 %) et les usages industriels (5 %).

Dans le même sens, le Syndicat national de l’environnement Sne-FSU et sa secrétaire générale, Véronique Caraco-Giordano, estiment que la réponse politique n’est pas à la hauteur de la problématique. “Le président (de la république, ndlr) affiche même aujourd’hui une ambition de 10 % d’économies d’eau en 2030 alors qu’en 2019, les Assises de l’eau visaient 10 % en 2024, et 25 % en 2034”.

“On retarde l’échéance alors qu’il faudrait au contraire accélérer la baisse des prélèvements, d’autant plus si les ressources en eau diminuent”, renchérit Agnès Ducharne.

“Ce plan n’est pas adapté pour faire face à l’été qui arrive (…) La situation hydrogéologique est plus mauvaise que l’année dernière à pareille période et si l’été est chaud et sec, on risque de se retrouver dans une situation pire que l’été dernier, qui était déjà le pire que nous ayons connu depuis plus de 50 ans. Il serait dès lors de bon aloi d’anticiper cela mais finalement, on en arrive à se dire que, pour 2023, il faut croiser les doigts”, déplore-t-elle.

Avec MAP

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