Afghanistan: à Gardez, les talibans disposaient de cartes de policiers
Les talibans qui ont attaqué mardi un important complexe de la police à Gardez (sud-est), faisant au moins 60 morts et 231 blessés selon un nouveau bilan, disposaient d’uniformes mais aussi de faux papiers de la police afghane, ont rapporté mercredi des responsables locaux annonçant une enquête.
Ce mode opératoire a été repéré lors de nombreuses attaques passées des talibans, contribuant à semer la confusion et le chaos parmi les cibles assaillies. Le bilan s’est encore alourdi au fil de la nuit de mardi à mercredi faisant de l’attaque de Gardez la plus meurtrière survenue en Afghanistan depuis près de cinq mois et l’attentat au camion piégé à Kaboul (150 morts et 400 blessés le 31 mai). Selon le directeur adjoint des services de santé provinciaux, Hadayatullah Hamidi, 48 décès et 161 blessés ont été recensés à l’hôpital central de Gardez et 12 morts et 75 blessés à l’hôpital militaire.
« La plupart des morts appartiennent aux forces de sécurité, la plupart des blessés sont des civils » a-t-il précisé. A Kaboul, l’ONG italienne Emergency spécialisée en chirurgie de guerre a annoncé sur Twitter avoir également reçu « 37 blessés et trois » décès constatés à l’arrivée en provenance de Gardez. Par ailleurs, le bilan de l’attaque simultanée contre le siège du gouverneur à Ghazni, à une centaine de km à l’est de Gardez, a été revu à la baisse avec 20 morts – dont 15 membres des forces de sécurité et cinq civils et une vingtaine de blessés, ainsi que six assaillants tués, selon un porte-parole du gouverneur, Haref Noori.
A Gardez, outre les kamikazes à bord des véhicules suicide, « onze assaillants étaient impliqués, ils portaient des uniformes de la police urbaine et ont utilisé de fausses cartes de police pour entrer dans le compound » a indiqué à l’AFP Abdullah Hasrat, porte-parole du gouverneur de la province de Paktiya dont Gardez est la capitale. « Le premier barrage a été soufflé par un camion piégé puis deux autres véhicules sont entrés dans le compound, dont l’un s’est fait sauter au deuxième barrage tandis que l’autre fonçait sur les bureaux du chef de la police tuant (ce dernier) et ses gardes du corps« , a-t-il poursuivi.
Les véhicules utilisés, un gros camion, un humvee et une voiture de police, étaient puissamment chargés et ont littéralement soufflé les bâtiments. Le général Toryalay Abdani, chef de la police provinciale, a ainsi été tué dès le début de l’opération. « D’autres assaillants ont alors pénétré dans le compound mais ont été abattus par nos forces« , a ajouté le porte-parole. L’assaut a duré près de cinq heures avant que les forces spéciales viennent à bout des dernières résistances. Le porte-parole de la police, Sardar Wali Tabasum, a annoncé une enquête. « Deux personnes, membres des forces de sécurité ont été arrêtées » a-t-il dit laissant supposer des complicités au sein même des services de sécurité.
« Nous pensons que les talibans ont saisi les véhicules (le humvee et la voiture de police) quand ils ont pris le district de Jani Khel en août dernier« , brièvement tombé aux mains des insurgés avant d’être repris. La province de Paktiya et la région du sud-est en général, frontalière du Pakistan et des Zones tribales, est une place-forte des talibans et autres éléments armés, membres du réseau Haqqani et d’Al-Qaïda. Selon un mode opératoire similaire, les talibans avaient revendiqué en avril un assaut spectaculaire et particulièrement meurtrier (au moins 140 morts officiellement) au sein même de la principale base militaire du nord de l’Afghanistan, à Mazar-i-Sharif.
AFP