La Marche verte : l’un des mouvements de libération non-violents les plus importants de l’Histoire
Par Anna Mahjar-Barducci*
La Marche verte a été l’un des mouvements de libération non-violents les plus importants et uniques de l’Histoire contemporaine. C’est cette information fondamentale que nous rappelle la bande dessinée, « La Marche verte » (Editions Hypothèse, 2023), réalisée par Ayoub Qanir, en collaboration avec le journaliste marocain Omar Mrani, et promue par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Royaume du Maroc. Le livre, que j’ai récemment reçu en cadeau au Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL) à Rabat, s’ouvre sur la célèbre phrase de Feu Sa Majesté Hassan II : « Les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts, ni par les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais.«
En effet, la Marche verte a été menée sans recours aux armes, mais seulement par la force de caractère et la ténacité de 350.000 Marocains qui ont marché pacifiquement afin de récupérer la souveraineté du pays sur ses territoires historiques. C’est ce caractère pacifique qui a permis à la glorieuse Marche verte de prétendre à la supériorité morale et de marquer l’un des moments les plus significatifs de résistance contre le colonialisme. Comme l’a déclaré Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, à l’occasion de la célébration du 25ème anniversaire de cette épopée historique : « La Marche verte était légitime dans ses objectifs et pacifique dans ses méthodes. Depuis son lancement, le Maroc est resté fidèle à la voie pacifique, respectueux de la légalité internationale et attaché à la méthode civilisée de dialogue et de modération, prompt à entreprendre des initiatives constructives et faisant preuve de disponibilité à l’égard de toutes les initiatives de bons offices visant à mettre définitivement fin à ce conflit artificiel sur le parachèvement de son intégrité territoriale.«
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Illustré par Juan Doe (dessinateur de Marvel, l’une des maisons d’éditions principales américaines de bandes dessinées), l’ouvrage nous montre comment hommes, femmes et enfants marocains sans armes, à l’appel de leur monarque, se sont mobilisés vers la voie de la souveraineté, la voie de la liberté nationale, la voie de la justice. Les 350.000 Marocains de la Marche verte étaient des gens ordinaires, motivés par le seul amour de leur patrie, de leur famille, de leur histoire et par l’idée que l’Homme est appelé à servir un but supérieur.
La Marche verte, qui démontre la forte cohésion entre le trône et le peuple, a pourtant choisi la voie pacifique civilisée pour affirmer les plus grandes valeurs humaines, qui sont les principes de base de la Tamaghrabit (la marocanité) : la liberté des peuples, l’ouverture culturelle, le respect de la souveraineté, de l’histoire et des ancêtres. La marche devient donc l’un des exemples les plus importants de la culture non-violente, comme le démontre le discours du Feu Sa Majesté Hassan II du 5 novembre 1975 : « Si tu rencontres un Espagnol, civil ou militaire, échange avec lui le salut et invite-le sous la tente à partager ton repas. Nous n’avons aucune inimitié à l’égard des Espagnols ni ne ressentons de rancœur à leur endroit car si nous avions voulu faire la guerre à l’Espagne, nous n’aurions pas envoyé des civils désarmés mais plutôt une armée. Nos intentions ne sont nullement belliqueuses et nous répugnons à toute effusion de sang. Bien au contraire, notre marche est pacifique. »
In fine, le périple des volontaires aura signé la fin de la présence espagnole dans le Sahara marocain, comme on peut le lire à la fin de la bande dessinée de Qanir. En se référant à la Marche du Sel (manifestation non-violente déroulée en 1930 pour arracher l’indépendance de l’Inde aux Britanniques), Mohandas Gandhi disait très justement : « les moyens justes mènent à des fins justes. »
* Chercheuse et écrivaine maroco-italienne