Quand l’ombre d’islamophobie et de discrimination plane sur l’Aïd Al-Adha en France et en Suède
Et si on laissait tomber les faux-semblants pour parler franchement ? On ne le sait que trop bien : une maladie insidieuse et noire comme la suie se répand à travers la belle France allant jusqu’au froid de la Suède – l’islamophobie. C’est comme un film d’horreur qui se joue en plein jour, pendant que nous célébrions l’Aïd al-Adha, un des moments les plus sacrés de l’année pour nous autres musulmans.
C’est à se demander, dans une démocratie digne de ce nom, où est passé le respect des droits de l’Homme, ces piliers si fondamentaux de la société, comme la liberté de culte et l’interdiction de toute discrimination? Ces principes ont été tragiquement bafoués lors de la récente célébration de l’Aïd al-Adha, éclipsés par des incidents troublants en Suède et en France, qui ont ouvert une brèche dans la réflexion sur la laïcité, la liberté religieuse et la lutte contre l’islamophobie.
Laïcité dites-vous?
Encore une fois, puisque c’est devenu presqu’une habitude, le sol suédois a été ébranlé par un sacrilège. De ce pays si paisible et civilisé, nous est parvenu un scandale qui nous a tous laissé stupéfaits : Un exemplaire du Saint Coran a été profané, et stupeur … sous le regard « protecteur » des autorités. Une action ignoble qui a créé une fissure dans le tissu social et exacerbé la marginalisation et la discrimination des musulmans. Un geste dégoûtant qui, bien que non représentatif de l’ensemble de la société suédoise, n’en demeure pas moins une attaque contre une des religions les plus respectées du monde et un combustible potentiel pour des flammes de violences et de tensions.
Pendant ce temps, en France, le débat sur l’interdiction du voile dans les compétitions sportives a ravivé les questions de laïcité et de discrimination. La laïcité, en principe, un pilier et l’une des clés de voûte de la société française, semble parfois servir d’excuse et se transformer en entrave à la liberté religieuse des individus. Il est tout de même troublant voire exaspérant de constater que cette interdiction vise particulièrement les femmes musulmanes, laissant transparaître une double discrimination, à la fois de genre et de religion.
En parallèle à ces événements, l’Hexagone a été et continue d’être le théâtre de violences déchirantes. Et pour cause, un jeune adolescent, franco-algérien de 17 ans, Naël, a tragiquement perdu la vie sous les balles d’un policier irresponsable la lui arrachant tragiquement et précocement, engendrant des émeutes et un climat de tension palpable. Comme si la situation n’était pas déjà assez tendue, ce tragique drame a déclenché des émeutes et une atmosphère de tension plus épaisse qu’un smog parisien. Des scènes de pillages et de violences ont éclaté, conduisant à un nombre record d’arrestations. La discrimination raciale et les violences policières, ces deux fléaux qui continuent de hanter la France, ont été cruellement mis en lumière rappelant brutalement que ce sont des problèmes loin d’être résolus en France.
Je veux bien croire que la promotion de la laïcité et la lutte contre l’islamophobie peuvent sembler contradictoires. Mais c’est là que nous nous trompons. Il est important de comprendre qu’elles ne sont pas mutuellement exclusives. Ces incidents désolants mettent en évidence le besoin crucial d’une réflexion sur la manière dont les sociétés démocratiques abordent la laïcité et l’islamophobie. En fait, une véritable laïcité, correctement appliquée, garantit la liberté religieuse pour tous, tout en préservant la neutralité de l’État. Et n’est-ce pas là le but ultime de la laïcité?
Des autorités qui autorisent la profanation d’un livre sacré, est-ce normal?
En Suède, la répétition des actes de profanation du Coran est un signal d’alarme de la montée de l’islamophobie et du discours haineux qui infectent certaines strates de la société. Il est à noter que ces actes ne reflètent certes pas l’attitude de l’ensemble de la société suédoise, qui est largement connue pour son esprit d’ouverture et de tolérance, mais ils sont suffisamment graves pour que nous nous y arrêtions. Car la liberté d’expression, aussi fondamentale soit-elle, ne doit jamais servir de prétexte pour la haine ou la violence. D’autant plus que l’indifférence des autorités qui autorisent de tels actes est juste déconcertante et soulève de sérieuses questions sur le respect des libertés religieuses et le devoir des États de protéger toutes les communautés contre la discrimination et la haine.
L’autodafé du Saint Coran, que certains peuvent erronément qualifier de liberté d’expression, n’est rien d’autre qu’un acte haineux destiné à humilier, intimider et marginaliser les membres de la communauté musulmane. La liberté d’expression est un droit fondamental, mais elle ne devrait pas être utilisée comme prétexte pour attiser la haine ou la violence contre un groupe spécifique de personnes. De plus, il est important de souligner que les actes de haine religieuse ne sont pas des expressions isolées de préjugés, mais plutôt des manifestations d’un problème sociétal plus profond et plus insidieux.
Au-delà de la Suède, ces incidents sont un rappel pour tous les États de leur devoir de protéger les droits humains, y compris la liberté de religion et de conviction. Ils doivent s’efforcer de créer des environnements sûrs et accueillants pour toutes les communautés, sans distinction de race, de religion ou de culture. En fin de compte, la lutte contre l’islamophobie et la discrimination doit être une priorité pour tous les gouvernements et toutes les sociétés. Aussi est-il est temps de prendre des mesures pour résoudre ce problème et protéger les droits de toutes les communautés religieuses. Et c’est là que l’éducation et le dialogue entrent en jeu. Rien de tel que la compréhension mutuelle pour créer un environnement de tolérance.
Que sont devenues la liberté, l’égalité et la fraternité ?
Et que dire de la France, cette nation qui se veut être le symbole de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, mais qui se trouve, malheureusement, éclaboussée par un discours de haine envers les musulmans et en particulier ceux d’origine maghrébine ? Cette tendance n’est pas seulement en contradiction flagrante avec les idéaux de la République, elle est aussi dangereuse car elle alimente un climat de tension déjà palpable et pose des questions dérangeantes sur les violences policières et le racisme.
Cette montée de l’islamophobie en France, souvent masquée par un débat d’apparence raisonnable sur la laïcité, a pour conséquence de marginaliser et de stigmatiser une grande partie de la population française qui se trouve être d’origine musulmane ou maghrébine.
Faut-il rappeler que la laïcité est un outil précieux pour préserver la neutralité de l’État tout en garantissant la liberté religieuse ? Mais quand elle est manipulée pour imposer des restrictions sur les expressions visibles de la foi islamique, elle devient une arme de division. Or Cette instrumentalisation de la laïcité crée un environnement dans lequel l’islamophobie et la xénophobie peuvent prospérer.
Force est de constater que des personnalités politiques de haut rang et des médias mainstream ont parfois contribué à ce climat hostile. Des débats sur l’identité nationale, la sécurité et le terrorisme sont souvent entrelacés avec des propos et des mesures qui semblent viser spécifiquement les musulmans et les personnes d’origine maghrébine, renforçant ainsi les stéréotypes négatifs et l’hostilité à leur égard.
En fin de compte, la montée de l’islamophobie en France n’est pas seulement un problème pour les musulmans, mais pour tous les Français en premier. Elle menace les principes même sur lesquels la République a été fondée. La France doit s’efforcer de rester une nation qui embrasse la diversité et l’inclusion, plutôt que de succomber à la peur et à la division.