Tebboune courtise les BRICS sans succès

Le président algérien Abdelmejid Tebboune, qui a succédé à Abdelaziz Bouteflika, le visage civil de la junte militaire au pouvoir, multiplie les voyages à l’étranger sans parvenir à obtenir le soutien escompté pour son projet d’intégrer les BRICS, le groupe des puissances émergentes formé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

Sa dernière visite l’a conduit en Chine, où il espérait convaincre Pékin de soutenir sa candidature. Mais il n’a reçu qu’un accueil poli et une vague promesse d’étudier la question. Les 19 accords signés avec la Chine, présentés comme des succès par la propagande officielle, ne sont que des protocoles d’entente sans engagement ni contenu concret.

L’Algérie, qui n’a pas de stratégie industrielle et qui dépend encore largement des hydrocarbures, ne présente guère d’attrait pour les investisseurs étrangers, y compris chinois. D’autant que Tebboune a lui-même déclaré dans une interview que l’investissement étranger portait atteinte à la souveraineté nationale !

Pendant ce temps, la situation économique et sociale du pays se dégrade, avec la chute des prix du pétrole et du gaz, l’inflation, le chômage, la défaillance des services publics et les conséquences du changement climatique, illustrées par les incendies de forêt qui ont fait 34 morts récemment.

Face à ce tableau sombre, Tebboune et ses mentors militaires, à la tête de ce qu’ils appellent « la Nouvelle Algérie », cherchent désespérément à engranger des succès diplomatiques pour tromper une population désabusée. Mais leur rêve de rejoindre les BRICS se heurte à de nombreux obstacles.

En effet, plusieurs pays sont en lice pour intégrer le groupe, dont l’Arabie saoudite, l’Indonésie, les Émirats arabes unis, l’Égypte et l’Argentine. Tous ces pays ont un produit intérieur brut (PIB) supérieur à celui de l’Algérie, qui n’est que de 163 milliards de dollars avec un PIB par habitant de 3 500 dollars.

Si la Russie et la Chine ont affiché leur sympathie pour la demande algérienne, d’autres pays sont plus réticents à accueillir un pays qui n’a pas grand-chose à apporter au groupe. L’Algérie a même offert 1,5 milliard de dollars à la banque des BRICS NDB, sans espoir d’en bénéficier car elle ne remplit pas les critères d’éligibilité.

La diplomatie algérienne, obsédée par sa rivalité avec le Maroc et son soutien aux séparatistes du Polisario, se révèle impuissante à défendre ses intérêts sur la scène internationale. Tebboune rentre bredouille de ses tournées dans les capitales influentes et ne trouve que la Tunisie en crise pour appuyer sa cause.

L’influence internationale et la force diplomatique d’un pays ne se mesurent pas au nombre de voyages effectués par son président, mais à son niveau de développement et de bien-être intérieurs. En voulant frapper au-dessus de son poids, l’Algérie risque de perdre en crédibilité aux yeux de sa jeunesse désenchantée.

Manquant de réalisations tangibles chez lui pour commercialiser sa campagne électorale pour un second mandat, Tebboune a également échoué à faire des gains à l’étranger, le laissant ainsi que ses chefs d’armée face à la terrible réalité d’une Algérie en plein désarroi économique, diplomatique et social.

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