Le secteur bancaire islamique au Maroc réduit ses pertes en 2022
Malgré une hausse des frais généraux d’exploitation, le produit net bancaire des banques et fenêtres participatives s’est nettement amélioré.
Selon le rapport annuel de la supervision bancaire pour l’exercice 2022, publié par Bank Al-Maghrib (BAM), le secteur bancaire islamique est constitué de cinq banques participatives et trois banques classiques avec des guichets islamiques. Ces établissements offrent une gamme variée de produits financiers basés sur des contrats spécifiques, comme la Mourabaha, l’Ijara, la Moudaraba ou la Moucharaka.
Le secteur bancaire islamique a enregistré une perte nette de -129,3 millions de dirhams à la fin de l’année 2022. Ce résultat négatif est toutefois meilleur que celui des deux années précédentes, où le secteur avait essuyé des pertes de -206,8 millions de dirhams en 2021 et de -350,9 millions de dirhams en 2020, selon BAM
La principale raison de ce déficit est l’augmentation de 6% des frais généraux d’exploitation du secteur bancaire islamique, qui se sont élevés à 741,1 millions de dirhams en 2022. Parmi ces frais, les charges externes ont connu la plus forte hausse (+12%), suivies des charges de personnel (+9%). Ainsi, le résultat d’exploitation brut du secteur s’est établi à -74,3 millions de dirhams en 2022, contre -175,6 millions de dirhams en 2021 et -321,1 millions de dirhams en 2020.
Malgré cette situation défavorable, le secteur bancaire islamique a vu son produit net bancaire (PNB) s’améliorer sensiblement en 2022, grâce à la croissance de la marge sur les financements participatifs, qui a atteint 799,2 millions de dirhams à fin 2022 (contre 615,6 millions de dirhams en 2021) et de la marge sur les commissions qui a augmenté de 27% à 77,8 millions de dirhams.
Le tableau ci-dessous résume les principaux indicateurs du secteur bancaire islamique en 2022
Indicateur | Valeur |
Produit net bancaire | 877 millions de dirhams |
Marge sur financements participatifs | 799,2 millions de dirhams |
Marge sur commissions | 77,8 millions de dirhams |
Frais généraux d’exploitation | 741,1 millions de dirhams |
Résultat d’exploitation brut | -74,3 millions de dirhams |
Résultat net | -129,3 millions de dirhams |
Le secteur bancaire islamique au Maroc est dans le ventre mou du classement par rapport au secteur bancaire classique ou par rapport à d’autres pays où la finance islamique est plus développée.
Selon le rapport annuel de Bank Al-Maghrib, le secteur bancaire islamique au Maroc représente environ 1% du total des actifs du système bancaire marocain. Ce taux est faible comparé à celui d’autres pays comme l’Iran (40%), la Malaisie (28%) ou l’Arabie Saoudite (25%). Toutefois, le secteur bancaire islamique au Maroc affiche un taux de croissance annuel moyen de 20% depuis 2016, ce qui témoigne de son potentiel de développement.
Les perspectives du secteur bancaire islamique au Maroc
Le secteur bancaire islamique au Maroc dispose de plusieurs opportunités pour se développer et renforcer sa contribution à l’économie nationale. Parmi les atouts, on peut noter la demande croissante des clients, notamment ceux qui sont attachés aux principes éthiques et religieux de la finance islamique, mais aussi ceux qui sont à la recherche de produits financiers innovants et adaptés à leurs besoins.
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La concurrence des banques classiques, qui incite les banques participatives à améliorer la qualité de leurs services, à diversifier leur offre et à réduire leurs coûts.
L’innovation des produits, qui implique une adaptation aux spécificités du marché marocain, une harmonisation avec les normes internationales et une intégration des nouvelles technologies (fintech, blockchain, etc.), sont entre autres domaines où le secteur bancaire marocain trouve des opportunités.
Les défis structurels
Le secteur bancaire islamique au Maroc fait face également à plusieurs défis qui peuvent freiner son essor. Bien que ces défis sont longtemps évoqués par les acteurs, des solutions pour combler ce retard restent à être mises en oeuvre. Parmi ces défis, le cadre réglementaire, qui doit être complété et clarifié pour assurer la sécurité juridique et fiscale des opérations financières islamiques, ainsi que pour favoriser le développement du marché des capitaux islamiques (sukuk, fonds islamiques, etc.).
En plus, le financement des PME, qui constitue un enjeu majeur pour le développement économique et social du pays, mais qui nécessite des solutions adaptées aux besoins et aux capacités des entrepreneurs, selon plusieurs experts du domaine.
La gouvernance du secteur, qui doit garantir le respect des principes de la finance islamique, la transparence des opérations et la protection des intérêts des parties prenantes (clients, actionnaires, régulateurs, etc.).
Le secteur bancaire islamique au Maroc est un phénomène récent et prometteur qui offre des opportunités de développement et de diversification du système financier marocain. Toutefois, le secteur doit relever plusieurs défis pour assurer sa croissance et sa compétitivité.