Missions, assistance “sans précédent” aux Etats-membres depuis le Covid, réformes et bonne gouvernance: L’éclairage de la directrice de la communication du FMI
Créé en 1944 lors de la conférence de Bretton Woods dans l’Etat américain du New Hampshire, le Fonds monétaire international (FMI) s’acquitte d’un rôle crucial dans la stabilité financière mondiale.
Depuis la pandémie du Covid, l’institution est plus que jamais sollicitée: une assistance “sans précédent” a été accordée à plus de 96 pays membres, pour la plupart à faible revenu, indique la directrice de la Communication du Fonds, Julie Kozack.
Dans un environnement mondial en constante mutation, le Fonds s’est adapté aux “besoins changeants” de ses membres, a-t-elle soutenu dans un entretien accordé à la MAP, tout en reconnaissant que beaucoup reste à faire.
“Le monde a subi de nombreux chocs ces dernières années. Notre directrice générale, Kristalina Georgieva le décrit comme un monde enclin aux chocs, et le FMI, en tant qu’institution qui a pour objectif d’aider les pays membres, doit s’adapter à ce monde”, rappelle cette économiste chevronnée promue à la tête du département de la communication du FMI en novembre dernier.
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Elle indique que lorsque le monde a été touché par la crise sanitaire, le FMI a fourni « de toute urgence » un financement pour aider les pays à travers une subvention supplémentaire des soins de santé, des vaccins et de tout ce qui doit être entrepris pour faire face au Covid. Ensuite, “nous avons complété cette opération par ce qu’on appelle +allocation de Droit de tirage spéciaux (DTS)+”, ajoute-t-elle.
Il s’agit de fonds mis à disposition de tous les pays membres pour les aider à renforcer leurs liquidités et leur résilience pendant la pandémie.
« Nous avons continué à nous adapter au fil du temps. Mais il reste beaucoup à faire. Le monde change rapidement et nous devons aussi nous adapter”, relève-t-elle, expliquant que “lorsque nous constatons chez nos pays membres à faible revenu, une très forte demande de financement et de soutien auprès du Fonds monétaire international, nous lançons un appel à nos membres les plus nantis pour qu’ils nous soutiennent ainsi que ces pays en comblant le manque de ressources dans notre instrument de facilitation qui nous permettent de prêter à nos membres à faible revenu à des taux d’intérêt zéro”.
« Ces types d’ajustements et de réformes doivent se poursuivre”, indique la responsable du FMI.
Dans cette interview à la MAP, Julie Kozack revient aussi sur la naissance de cette institution, et explique ses missions, la différence de son mandat avec celui de l’autre organisation de Bretton Woods, la Banque mondiale, et détaille les réformes engagées pour répondre à un environnement mondial marqué ces dernières années par une succession de crises et une montée en flèche des tensions géostratégiques.
“Nous sommes une organisation regroupant 190 États membres. Notre mission est ce que nous appelons la stabilité macroéconomique et la stabilité financière. Cela signifie que nous nous soucions de la croissance dans nos pays membres et de la création globale d’emplois, outre la stabilité”, explique-t-elle, relevant que l’objectif est d’avoir une économie en croissance, mais avec un faible taux d’inflation. “Nous considérons que cette stabilité est importante pour élever le niveau de vie des populations. C’est notre objectif d’aider les pays à améliorer la vie des personnes”, préconise la responsable du FMI.
Par rapport à la Banque mondiale, Julie Kozack précise que les deux institutions de Brettons Woods ont “des compétences différentes, mais des mandats complémentaires”.
Au FMI, “nous nous concentrons sur ce que nous appelons la macroéconomie”: la situation globale de l’économie et son fonctionnement, précise-t-elle, notant que la mission s’articule autour de la stabilité macroéconomique et la stabilité financière, en mettant l’accent sur la croissance, l’emploi et les moyens d’améliorer le niveau de vie.
La Banque mondiale, d’autre part, joue un rôle complémentaire en focalisant davantage sur le financement de projets. Elle étudie spécifiquement les moyens de réduire la pauvreté et promouvoir le développement.
« Nous avons donc des rôles très complémentaires. Nous travaillons très étroitement ensemble en tant qu’institutions sœurs. La seule façon d’aider nos pays membres est d’œuvrer en étroite collaboration pour répondre à leurs besoins”, poursuit-elle.
Le Fonds monétaire international se focalise ainsi sur trois grands domaines: le premier porte sur les conseils stratégiques. Avoir 190 pays comme Etats membres signifie que le FMI dépêche une équipe chaque année pour faire un état des lieux de l’économie, des points forts et des défis à relever.
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“C’est pour cela que nous parlons aux autorités des pays des perspectives sombres, nées des événements qui se produisent au niveau mondial. Nous engageons un dialogue avec l’État, le gouvernement et la banque centrale, mais aussi avec les opérateurs du secteur privé et les acteurs concernés tels que les jeunes, les étudiants et les groupes de femmes. Nous élaborons une image complète de l’économie et partant nous proposons des recommandations et conseils”, explique-t-elle.
“Nous avons également une autre mission, à savoir le développement des capacités. Dans ce domaine, nous formulons des recommandations très précises et adaptées en fonction de la demande des autorités gouvernementales”, indique encore la responsable du FMI. La dernière modalité d’aide consiste, selon elle, à fournir des financements et des prêts aux pays.
“Si ces pays traversent des moments difficiles, nous apportons une assistance par le biais d’un montage financier tout en prenant certaines mesures pour rétablir la stabilité économique, au cas où ce pays butte sur des difficultés”, relève-t-elle.
S’agissant des réformes engagées pour améliorer la gouvernance, la directrice de la Communication de l’institution internationale souligne que dans chacun de ces domaines, le FMI s’est « adapté et a entrepris des réformes” au fil des ans.
“L’économie mondiale change beaucoup et le FMI doit changer aussi”, indique-t-elle, citant comme exemple l’adoption de nouveaux outils en matière de prêt tels le mécanisme visant à atténuer les effets du changement climatique, appelé le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité.
Ce mécanisme permet d’aider les pays à travers des financements et des conseils politiques pour notamment faire face aux répercussions du changement climatique afin de devenir plus résilients, conclut Mme Kozak.
Avec MAP