L’Algérie au bord du gouffre
AQMI a donc revendiqué l’embuscade qui a eu lieu au Mont Ellouh dans la Wilaya d’Ain Defla et qui a coûté la vie à une douzaine de soldats de l’ANP. L’organisation terroriste, diffuse même deux photos, d’avant et après l’attaque. Pour eux, l’embuscade a fait 14 morts parmi les militaires et elle viendrait venger les terroristes tués dans les opérations de ratissage dans la région.
Il faut rappeler que cette région est un fief « terroriste » depuis plus de 20 ans, des groupes comme le HDS et le GIA s’y étaient établi avant le GSPC et AQMI. Un attentat avait eu lieu quasiment au même endroit en avril 2014, il avait ciblé un véhicule des Gardes Communaux et avait fait cinq morts et quatre blessés. En septembre 2005, neuf soldats avaient été tués au Djebel Louh dans une embuscade.
La guerre civile, un temps écartée, est bel et bien de retour. Seules les bannières ont changé.
L’Algérie paie aujourd’hui un demi siècle d’incurie durant lequel la solution de facilité pétrolière et gazière (96% des recettes du pays) a été privilégiée par des dirigeants qui ont, avec constance, pillé les ressources du pays.
L’état-providence algérien ne peut plus, à présent, acheter la paix sociale : partout dans le pays des révoltes couvent. Face à la récente crise pétrolière, les autorités algériennes ont décidé la suspension des recrutements de fonctionnaires et l’abandon de projets sociaux nécessaires à une population paupérisée. L’Algérie ne produisant rien, même les produits traditionnels comme les dattes, les oranges et la semoule doivent être importés. Ce poste budgétaire est passé de 10 milliards de dollars en 2000 à 65 milliards aujourd’hui. Les seules importations de céréales se montent à 3 milliards de dollars par an. A cette somme, il convient d’ajouter le reste des produits alimentaires, en hausse de 17,7% depuis 2013. Quant aux subventions que l’Etat accorde aux denrées importées et aux produits énergétiques, elles représentent environ 70 milliards de dollars soit 30 % du PIB national.
Si la bombe sociale algérienne n’avait pas encore exposé jusqu’ici, c’est uniquement parce que l’Etat subventionne pour 60 milliards de dollars par an la consommation des « classes défavorisées ». A cette somme colossale on doit ajouter 20% du PIB consacré au soutien à l’habitat, aux familles, aux retraites et aux anciens combattants.
Certes l’Algérie dispose encore de réserves, environ 80 milliards de dollars du fonds de stabilisation et un peu plus de 180 milliards de réserves de change, mais il suffirait d’une nouvelle chute du prix du baril pour qu’en moins de deux ans, le bas de laine du pouvoir soit vide.
Outre cet instantané économique, la gérontocratie algérienne issue d’un FLN sclérosé, avec un Chef de l’Etat quasi impotent, incapable de se mouvoir, otage, comme au temps des Janissaires, de clans qui s’épient et se neutralisent, semble incapable de faire face à une nouvelle montée du terrorisme et à la nouvelle donne géopolitique proche-orientale dont le secteur énergétique est un des fers de lance.