Aide sociale directe : Un chantier Royal pour réaliser la justice sociale
Par Camélia Benaïssa
Dans son discours adressé le vendredi 13 octobre au Parlement, à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 3ème année législative de la 11ème législature, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a annoncé l’opérationnalisation du programme d’aide sociale directe, dès la fin de l’année 2023. Un dispositif qui ne se limitera pas aux seules allocations familiales mais bénéficiera également à d’autres franges nécessiteuses de la société, a déclaré le Souverain.
Il s’agit en l’occurrence des enfants en âge de scolarité, des enfants en situation de handicap et des nouveau-nés, ainsi que les familles pauvres et en situation de précarité, sans enfants en âge de scolarité, et plus particulièrement les ménages ayant à charge des personnes âgées, a précisé Sa Majesté le Roi dans son discours.
« Grâce à son impact direct sur les familles ciblées, ce programme permettra de rehausser leur niveau de vie, de combattre la pauvreté et la précarité et, in-fine, d’améliorer les indicateurs de développement social et humain. »
La volonté Royale est claire, ce programme vise la réduction des disparités sociales en assurant une meilleure protection à l’ensemble des citoyens, en particulier les plus vulnérables, et ce, à travers un système de sécurité sociale solide et complet.
L’objectif étant de garantir l’égalité des chances sur les plans social et économique et de réduire les disparités. Cela vient dans le sillage des nombreuses initiatives et réformes innovantes entreprises depuis l’accession de Sa Majesté au Trône, avec pour finalité le renforcement des piliers de l’Etat social et la garantie de bonnes conditions de vie à tous les Marocains, toutes catégories sociales confondues.
Mais concrètement, quels sont les dispositifs prévus dans ce programme ?
Le lundi 23 octobre 2023, le chef du gouvernement a exposé, au Parlement, les détails du programme d’aide sociale directe, précisant que ce dernier vise à soutenir 60% des familles marocaines qui, à ce jour, ne sont pas couvertes par les régimes de sécurité sociale et qui répondent aux critères de ciblage après leur inscription au Registre social unifié (RSU).
Ce programme présente trois mesures principales de soutien.
Tout d’abord, les familles ayant des enfants de moins de 21 ans bénéficieront d’une allocation mensuelle adaptée à l’âge de l’enfant. Pour les enfants de moins de 5 ans, cette allocation augmentera progressivement. Chaque enfant de cette tranche d’âge recevra 200 dirhams à partir de décembre 2023, 250 dirhams en 2025 et 300 dirhams à partir de 2026. Les familles avec plus de trois enfants recevront une aide supplémentaire de 36 dirhams pour le quatrième, cinquième et sixième enfant.
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En ce qui concerne les enfants en âge scolaire, ils recevront un soutien financier de 6 à 21 ans. Les enfants en situation de handicap recevront 300 dirhams jusqu’à fin 2024 et 400 dirhams à partir de 2026. De plus, les enfants des femmes veuves bénéficieront d’un soutien spécifique dans le prolongement du programme « Daâm »: 350 dirhams par mois jusqu’à fin 2024, 375 dirhams en 2025 et 400 dirhams à partir de 2026. Ces allocations diminueront si les enfants abandonnent l’école.
La deuxième mesure du programme concerne les familles sans enfant ou avec des enfants adultes de plus de 21 ans, ainsi que celles qui prennent en charge des personnes âgées. Elles recevront une allocation mensuelle de 500 dirhams à partir de fin décembre 2023.
Enfin, la troisième mesure consiste en une prime de naissance de 2 000 dirhams pour la première naissance et 1 000 dirhams pour la deuxième.
L’impact attendu de ces nouvelles mesures est considérable. Au-delà d’une simple assistance financière, il s’agit d’un levier pour améliorer le niveau de vie des familles, combattre la pauvreté et améliorer les indicateurs de développement social et humain.
La bonne gouvernance, pivot de la réussite de ce programme :
Sa Majesté le Roi avait appelé le gouvernement à donner la priorité à la rationalisation des programmes d’aide sociale existants et à la garantie de leur efficacité ainsi qu’à la pérennisation des ressources de financement, tout en travaillant à une mise en œuvre efficace, transparente et équitable de ce programme.
Insistant sur l’importance des nouvelles technologies et du RSU pour garantir une distribution adéquate de l’aide, Sa Majesté a souligné le rôle important du gouvernement dans la bonne gouvernance de ce projet.
Dans cette optique, Sa Majesté a préconisé la création d’un mécanisme spécialisé de suivi et d’évaluation afin d’assurer les conditions optimales d’évolution et d’ajustement constant.
Ainsi, le jeudi 2 novembre, le Conseil de gouvernement a établi un projet de Loi visant à créer l’Agence nationale de soutien social.
Il s’agira d’une institution publique sous forme d’une personne morale de droit public dotée de l’autonomie financière qui prend en charge la gestion du programme social des aides directes. Elle sera également chargée d’assurer le suivi de ce programme et son évaluation. Une étape significative pour assurer la mise en œuvre efficace et transparente du programme.
En somme, ce projet que Sa Majesté met entre les mains de l’exécutif, illustre un fort engagement du Maroc envers l’amélioration des conditions de vie des familles vulnérables, la réduction de la pauvreté et la promotion du développement social et humain. Le Royaume s’engage résolument à renforcer ses fondations en matière de protection sociale, reflétant une volonté affirmée de construire une nation plus solidaire et équitable.