Inquiétudes face à l’augmentation des prix de la viande rouge
Par Doha Khaoulani
Le secteur de l’élevage n’a pas connu à la vague inflationniste qui a fortement impacté les prix de la viande rouge. Crise du secteur qui n’est pas nouveau à cause de plusieurs facteurs. Face à cette situation, les acteurs n’ont cessé d’interpeller le gouvernement pour des mesures radicales afin de faire à la crise. Les populations coincées par cette hausse de prix, malgré les garanties du gouvernement, attendent de voir.
Depuis plusieurs mois, une augmentation spectaculaire des prix des viandes rouges est de plus en plus remarquée. Cette augmentation s’explique par le fait qu’un kilogramme de viande de veau coûte maintenant 85 dirhams sur le marché de gros, tandis que le prix de la viande d’agneau est passé à 90 dirhams le kilogramme, contre 75 dirhams en 2022. En d’autres termes, le prix d’achat par kilogramme est supérieur de 30% à 35% par rapport à l’année dernière, avec des prix de vente plus élevés et variant d’un endroit à un autre. En milieu rural, le prix varie entre 85 et 90 DH/kg, tandis qu’en milieu urbain, il oscille entre 100 et 140 DH.
Dans ce contexte, en février 2023, le porte-parole du gouvernement, Mustafa Baitas, a rappelé la décision de l’exécutif d’exonérer les importateurs de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) afin de faciliter l’approvisionnement du marché national en vaches destinées à l’abattage rapide, ce qui contribuera à faire baisser les prix. Il a également souligné que des comités de contrôle des prix et de la qualité de la viande travaillent au niveau local, provincial et régional. Cependant, ces mesures préventives n’ont pas résolu cette augmentation des coûts.
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Cette situation assez critique est due à plusieurs facteurs. En raison de la crise actuelle, les coûts de production ont augmenté en raison de l’augmentation des prix des matières premières utilisées dans la production de viande. De plus, la conjoncture mondiale a fortement impacté le pouvoir d’achat, avec une augmentation de 20 à 25 DH/kg.
La sécheresse est également un facteur majeur expliquant cette situation. Les précipitations ont été inférieures à la normale de plus de 60% cette année, entraînant une diminution des rendements agricoles, notamment des pâturages, de l’herbe et du foin. Cela a entraîné une augmentation du coût des aliments pour le bétail, incitant la plupart des éleveurs à vendre leur cheptel. Le président de l’Association nationale ovine et caprine, Mejdoubi, estime que le déficit pluviométrique aigu dans la région de l’Oriental a eu un impact négatif sur les parcours, poussant les éleveurs à acheter davantage de fourrage, ce qui a entraîné une hausse des prix des aliments pour le bétail.
Dans ce cadre, le Maroc a adopté en octobre dernier une nouvelle stratégie consistant à importer du bétail de l’étranger, principalement d’Espagne, de France, de Belgique et du Brésil. Des analyses sont également effectuées pour garantir la sécurité alimentaire, et les bovins lourds ou légers sont mis en quarantaine dans les pays exportateurs, par exemple. En revanche, en cas de risque de maladie détecté, des mesures strictes seront prises, ce qui limite l’offre étrangère sur un marché assez exigeant par rapport à la demande locale, et cela impacte également l’inflation.