Scandale de gestion : le président du conseil provincial de Sidi Slimane écope de 10 ans de prison ferme
Le verdict est tombé hier dans l’affaire qui secoue le conseil provincial de Sidi Slimane depuis plusieurs mois. Le président de cette institution, Abdelouahed Khallouki, membre du parti de l’Union Constitutionnelle (UC), a été condamné à 10 ans de prison ferme par le tribunal de première instance de la ville. Il a été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation, dont la formation d’une bande criminelle, l’escroquerie, la falsification de documents officiels, la dilapidation et la destruction de biens publics, le trafic d’influence, la corruption et l’abus de pouvoir.
Selon l’acte d’accusation, Abdelouahed Khallouki aurait détourné des fonds publics destinés à des projets de développement au profit de ses intérêts personnels et de ceux de ses proches. Il aurait également recruté des personnes sans qualifications ni compétences pour occuper des postes clés au sein du conseil provincial, en échange de pots-de-vin ou de faveurs. Cette décision est l’exemple type d’une mauvaise gouvernance dont les conséquences sapent fondamentalement les progrès économiques du Royaume. Pire, il aurait aussi usé de son influence pour obtenir des marchés publics au profit de ses sociétés ou de celles de ses complices. Il aurait enfin orchestré des campagnes de diffamation et de harcèlement contre ses opposants politiques et les journalistes qui enquêtaient sur ses affaires, selon plusieurs médias.
Parmi les 12 autres accusés qui comparaissaient avec lui, figure son frère cadet, Abderrahim Khallouki, qui était son bras droit et son principal associé. Il a écopé de la même peine que son aîné, soit 10 ans de réclusion. Les autres prévenus sont des membres du conseil provincial, des fonctionnaires, des entrepreneurs et des intermédiaires. Ils ont reçu des peines allant de 6 mois à 8 ans de prison, selon leur degré d’implication dans le réseau criminel. Certains ont également été condamnés à des amendes et à la confiscation de leurs biens.
La défense a annoncé qu’elle allait faire appel du jugement, qu’elle a qualifié d’injuste et de politique. Elle a dénoncé des vices de procédure, des violations des droits de la défense et des pressions exercées sur les juges. Elle a affirmé que les accusations portées contre Abdelouahed Khallouki et ses co-accusés étaient infondées et basées sur des témoignages fabriqués ou achetés. Elle a soutenu que le président du conseil provincial était victime d’un complot ourdi par ses adversaires politiques, qui voulaient l’éliminer de la scène locale.
De leur côté, les parties civiles se sont félicitées du verdict, qu’elles ont considéré comme une victoire de la justice et de la démocratie. Elles ont salué le courage et l’indépendance des magistrats, qui ont su résister aux tentatives d’intimidation et de corruption. Elles ont espéré que ce procès historique contribuerait à assainir la vie publique et à lutter contre la corruption, qui gangrène le développement du pays. D’ailleurs dans son message envoyé au Parlement à l’occasion du Symposium commémorant le 60ème anniversaire de la constitution du 1er Parlement élu au Maroc, SM le Roi a mentionné la moralisation de la vie politique. Le souverain a déclaré que « Parmi les principaux défis qu’il conviendrait de relever, citons notamment la nécessité de reléguer à l’arrière-plan les calculs partisans au profit des intérêts supérieurs de la Nation et des citoyens et de moraliser la vie parlementaire par l’adoption d’un code de déontologie qui soit juridiquement contraignant pour les deux chambres de l’institution législative. » Ce message royal est on peu plus clair pour toute personne dépositaire d’un pouvoir public.
L’affaire Khallouki a éclaté en septembre 2023, suite à une enquête menée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), sur ordre du parquet général. Elle a provoqué un séisme politique dans la région de Sidi Slimane, où Abdelouahed Khallouki régnait en maître depuis son élection à la tête du conseil provincial en 2021. Elle a également terni l’image de son parti, l’UC, qui a décidé de le suspendre de ses rangs et de le destituer de ses fonctions. Elle a enfin suscité l’indignation et la colère de la population, qui réclamait justice et transparence.