La Cour des comptes plaide pour le renforcement de la coordination en faveur de la valorisation des barrages
La Cour des comptes recommande de renforcer la coordination entre les parties principales chargées de la valorisation des barrages, notamment les départements en charge de l’eau et de l’agriculture, ainsi que l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE), dans le but de mettre en œuvre les projets y afférents dans les délais fixés, réaliser les résultats économiques escomptés et accélérer la cadence de réalisation des études techniques et financières relatives aux projets d’interconnexion des bassins hydrauliques.
C’est ce qui ressort de l’exposé présenté ce mardi par le Premier Président de la Cour des Comptes, Zineb El Adaoui, devant les deux Chambres du parlement, et qui a jeté la lumière sur les principaux résultats des missions relatives à l’amélioration du cadre de l’investissement, portant sur la valorisation des barrages, la mobilisation du domaine privé de l’État au profit de l’investissement, la gestion des carrières, le tourisme interne, le développement numérique ainsi que les programmes et les conventions du développement territorial intégré.
En matière de valorisation des barrages, et en relation avec son accompagnement permanent des programmes et projets publics relatifs à l’eau, la Cour des comptes a mené plusieurs missions d’audit relatives aux eaux d’irrigation et la distribution de l’eau potable, ainsi que l’assainissement liquide et l’approvisionnement du monde rural en eau potable, a rappelé Mme El Adaoui, ajoutant que la Cour des comptes a œuvré à l’évaluation de la stratégie et des actions de valorisation des barrages adoptées par les documents de planification en matière de l’eau, notamment la Stratégie nationale de l’eau 2009-2030, le Plan national de l’eau 2010-2030 et les Plans directeurs d’aménagement intégré des ressources en eau (PDAIRE) 2011-2030.
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La Cour des comptes a également relevé que certains programmes contenus dans les documents de planification n’ont pas été réalisés, notamment ceux relatifs à la réhabilitation des canaux de transport d’eau depuis les barrages et la valorisation des petits barrages, en plus du retard enregistré dans la construction d’un nombre de barrages par rapport aux prévisions, puisque sur une trentaine de grands barrages programmés durant la période 2010-2020, seuls 16 ont été construits, a indiqué Mme El Adaoui, notant que cette situation est due principalement au retard de l’entame de la procédure de l’expropriation du foncier et au recours aux marchés complémentaires pour couvrir les travaux supplémentaires.
Concernant les projets d’alimentation en eau potable depuis les barrages, la Cour des comptes a fait état de l’annulation de 6 projets parmi 19 autres programmés, tout en enregistrant un retard de plus de 2 ans pour 13 projets, outre la non réalisation des objectifs de la valorisation agricole et touristique des barrages.
Pour ce qui est de la mobilisation du domaine privé de l’État au profit de l’investissement, la Cour des comptes a averti quant aux manquements structurels caractérisant sa gestion et qui concernent principalement l’inachèvement de l’apurement du foncier.
Dans ce cadre, la Cour des comptes a appelé à œuvrer à la reformulation de la réserve foncière de manière à répondre aux besoins des politiques de l’État relatives à l’investissement et aux différentes stratégies sectorielles, à l’accélération de l’immatriculation et l’apurement des terrains du domaine privé de l’État pour faciliter leur protection et leur mobilisation à l’investissement, ainsi qu’à à la valorisation de ce type de foncier.
La Cour des comptes a aussi insisté sur la nécessité d’intégrer ces éléments principaux dans le cadre d’une stratégie nationale du domaine privé de l’État, fixant les besoins et les priorités sur les moyen et long termes pour les différents départements gouvernementaux.
S’agissant de la gestion des carrières, la Cour des comptes a relevé plusieurs « manquements », notant que la gestion du secteur manque d’une approche globale visant une gestion optimale et durable des ressources et une valorisation des matières extraites, appelant au renforcement du caractère professionnel des exploitants des carrières, en plus de l’inégalité des chances en matière d’investissement dans ce secteur.
La Cour a également appelé à compléter le cadre juridique encadrant ce secteur, notamment en ce qui concerne la valorisation des matières extraites, outre la mise en place d’une plateforme électronique commune regroupant les différentes parties prenantes dans la gestion de ce secteur.
Pour le secteur du tourisme, la Cour des Comptes recommande de reconsidérer la gouvernance des projets de développement du tourisme interne, à travers le renforcement du rôle des instances publiques décentralisées en matière de suivi de la réalisation des projets d’aménagement et de promotion touristique et la coordination entre les acteurs concernés au niveau territorial, appelant à mettre en place des offres touristiques diversifiées répondant aux aspirations des touristes internes, par le biais notamment de développement de projets du tourisme rural et durable, ainsi que la mise en place d’une stratégie de communication adéquate faisant du tourisme interne un secteur prioritaire.
S’agisant du développement numérique, la Cour des comptes considère que les stratégies adoptées « n’ont pas encore abouti aux résultats escomptés », notant que les réalisations de la stratégie nationale « Plan Maroc Digital 2020 », en tant que cadre stratégique national de développement numérique au titre de la période 2016-2020 demeure « en deçà des aspirations », à cause de la faible adhésion des différentes parties concernées aussi bien du secteur public que privé.