Plus de 260 manifestants anti-Poutine arrêtés à Moscou
La police russe a arrêté dimanche plus de 260 personnes qui s’étaient rassemblées dans le centre de Moscou pour manifester contre le président Vladimir Poutine à l’appel d’un opposant radical jusque là considéré comme marginal.
Ancien candidat aux élections législatives en 2016 et animateur d’une chaîne politique très suivie sur YouTube, Viatcheslav Maltsev, qui a quitté la Russie et a affirmé se trouver en France, avait appelé sur son site internet à une « révolution du peuple » via des rassemblements à travers toute la Russie pour renverser le pouvoir de Vladimir Poutine.
La police a annoncé l’arrestation de 263 personnes à Moscou pour « trouble à l’ordre public ». Selon l’agence de presse TASS, nombre des personnes arrêtées étaient en possession de couteaux, de coups-de-poing américains et d’armes pouvant tirer des balles en caoutchouc.
L’ONG russe OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations, a de son côté fait état de 286 arrestations à Moscou et de 24 dans six autres villes.
Les manifestants à Moscou ont été interpellés près du Kremlin par les policiers dont certains étaient casqués et portaient des gilets pare-balles, a constaté un photographe de l’AFP.
Un journaliste de la radio d’opposition Echo de Moscou, Andreï Iejov, a écrit sur Twitter qu’il avait été arrêté et a posté une vidéo prise de l’intérieur d’un fourgon de police, précisant que la plupart des manifestants arrêtés étaient âgés d’une vingtaine d’années. Il a ensuite été relâché sans poursuites.
La police russe avait déjà procédé samedi à des dizaines d’arrestations lors du traditionnel défilé des groupuscules nationalistes et d’extrême droite à Moscou.
L’organisateur des manifestations de dimanche, Viatcheslav Maltsev, a fui la Russie et posté un message depuis Paris après qu’un tribunal de Moscou a émis contre lui un mandat d’arrestation pour appel à des activités extrémistes. Son mouvement, Artpodgotovka, un terme militaire désignant une offensive d’artillerie, a été interdit par la justice en octobre.
Personnalité politique jusque là peu médiatisée, M. Maltsev a participé aux élections législatives de 2016 en tant que membre d’une coalition incluant l’ancien Premier ministre et opposant Mikhaïl Kassianov, malgré les protestations de certains libéraux l’accusant d’antisémitisme.
L’opposant barbu de 53 ans se décrit comme un « nationaliste russe ». Il appelle dans une vidéo diffusée samedi ses partisans à « dire non au régime de Poutine ».
M. Maltsev dit ne pas diriger de mouvement politique concret, mais anime une chaîne YouTube dans laquelle il évoque la vie politique en Russie. Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, est apparu dans une de ses vidéos.
« Nous avons des soutiens, des spectateurs. Ces gens représentent la moitié de la Russie« , a-t-il déclaré vendredi à la radio Echo de Moscou.
Les services de sécurité russes, le FSB, avaient indiqué vendredi avoir arrêté à Moscou et dans sa région un groupe de partisans de Viatcheslav Maltsev qui préparait des « actes extrémistes d’ampleur » les 4 et 5 novembre, notamment en mettant le feu à des bâtiments gouvernementaux et en attaquant des policiers. Les forces de l’ordre ont saisi une quinzaine de cocktails Molotov.
Selon le FSB, la police a également détenu cinq groupes de partisans de M. Maltsev dans d’autres villes russes.
M. Maltsev a déclaré de son côté à la chaîne d’opposition Dojd que le FSB avait arrêté plus de 100 de ses partisans.
L’opposant Alexeï Navalny, qui a parfois exprimé des positions proches des vues nationalistes, a dénoncé dans une vidéo la semaine dernière une campagne d’intimidation organisée par les autorités contre les soutiens de Viatcheslav Maltsev.
« Les gens ont le droit de se rassembler, y compris le 5 novembre. Ce que les autorités font contre Artpodgotovka et spécifiquement contre Maltsev est un scandale absolu« , a-t-il fustigé.
En mars et en juin, des centaines de personnes avaient été arrêtées par la police lors de manifestations anticorruption dans toute la Russie organisées à l’appel d’Alexeï Navalny. La plupart avaient été condamnées à plusieurs jours de détention ou à des amendes.