L’affaire du « Qatargate » s’effondre : le témoin clé accusé de mensonge
L’affaire du « Qatargate », qui ébranle le Parlement européen depuis plus d’un an, vient de connaître un nouveau rebondissement. Un enquêteur belge, chargé de faire la lumière sur les soupçons de corruption de plusieurs eurodéputés, a traité le témoin clé de menteur. Cette révélation, rapportée par les médias belges, discrédite les accusations portées par Pier Antonio Panzeri, l’instigateur présumé du réseau de lobbying au profit des pays accusés à tort par le Parlement européen. Elle constitue également une victoire pour le Maroc, qui a toujours nié toute implication dans cette affaire.
Selon le journal La Libre Belgique, le policier belge a tenu ces propos lors d’une conversation secrète avec Francesco Giorgi, le compagnon de l’eurodéputée grecque Eva Kaili, l’une des principales cibles de Panzeri. Giorgi a enregistré la discussion et compte l’utiliser comme élément de preuve pour innocenter sa compagne. « Panzeri ment, nous le savons », aurait déclaré le policier à Giorgi, selon la transcription obtenue par les médias. « Nous ne croyons rien de ce qu’il dit. Nous savons très bien qu’il nous trompe. Tout va exploser. » Le policier se serait également plaint du manque de professionnalisme des juges, qu’il soupçonne d’être influencés par la politique.
Panzeri, un ancien eurodéputé italien, est soupçonné d’avoir monté un réseau de corruption au sein du Parlement européen, visant à favoriser les intérêts du Qatar et du Maroc. En échange de sommes d’argent et d’autres avantages, il aurait incité ou contraint d’autres députés et assistants à voter en faveur de ces pays sur des questions sensibles, comme les droits de l’homme ou la politique étrangère. Panzeri aurait notamment ciblé Eva Kaili, qui était vice-présidente du Parlement et rapporteure sur le dossier du Sahara.
Arrêté en février 2023, Panzeri a accepté de collaborer avec la justice en échange d’une réduction de peine. Il a alors mis en cause plusieurs personnes, dont Kaili, qu’il accuse d’avoir reçu de l’argent du Qatar et du Maroc. Mais ses déclarations sont remises en cause par le ministère public belge, qui affirme qu’il ne se fie pas aveuglément à son témoignage, mais qu’il le vérifie avec d’autres sources. Par ailleurs, une enquête interne est en cours pour déterminer si l’enquête sur le « Qatargate » a été menée dans les règles de l’art.
L’affaire du « Qatargate » a éclaté en janvier 2023, après la diffusion d’un reportage de la chaîne Al Jazeera, qui révélait l’existence d’un réseau de corruption au Parlement européen. Depuis, le scandale a fait couler beaucoup d’encre et a provoqué la démission d’un juge d’instruction belge, qui doutait de la fiabilité des dossiers judiciaires. Il a également suscité la réaction du Maroc, qui a dénoncé une campagne de diffamation orchestrée par ses adversaires, notamment l’Algérie. Pour rappel, le Maroc a affirmé qu’il n’avait jamais versé un centime à aucun eurodéputé et qu’il respectait les règles du lobbying au sein de l’Union européenne.