La nouvelle loi sur l’immigration en Afrique du Sud, une menace pour la sécurité des réfugiés
Des organisations civiques et de défense des droits de l’homme ont vivement critiqué, vendredi, les réformes proposées par le gouvernement sud-africain des lois sur l’immigration, qualifiant ces propositions de «menace pour la sécurité des réfugiés et des migrants en Afrique du Sud».
Le ministre de l’Intérieur, Aaron Motsoaledi, a récemment présenté des propositions visant à remanier le système d’immigration en publiant un Livre blanc sur la citoyenneté, l’immigration et la protection des réfugiés.
Le Livre blanc suggère une série de changements aux lois sur l’immigration, y compris le retrait potentiel de l’Afrique du Sud de la Convention et du Protocole des Nations Unies sur les réfugiés et les demandeurs d’asile.
Dans leurs observations faites en réponse à un appel à commentaires publics, le Réseau dirigé par les réfugiés sud-africains (SARLN) et Lawyers for Human Rights (LHR) ont déclaré que le retrait de l’Afrique du Sud soulevait d’importantes inquiétudes quant au bien-être des réfugiés et des demandeurs d’asile à l’intérieur de ses frontières.
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Le président de SARLIN, Abdikadir Mohammed, a déclaré à ce propos que « cette décision pourrait avoir des implications considérables, impactant non seulement le cadre juridique de la protection mais également la vie de ceux qui cherchent refuge dans le pays ».
Pour sa part, Sharon Ekambaram de LHR a relevé que même si le Livre blanc reconnaît la corruption, il néglige les échecs systémiques, se concentrant sur la qualification des migrants comme «illégaux». «La corruption dans les systèmes de contrôle des frontières et parmi les fonctionnaires a un impact sur la gestion efficace, impartiale et équitable des demandeurs d’asile et des réfugiés», a-t-elle souligné.
La militante explique que le Livre blanc actuel ne répond pas de manière adéquate aux crises de corruption au sein du ministère de l’Intérieur. «Au lieu de cela, à travers la création d’un tribunal spécial, il cherche à criminaliser les migrants et à donner à un petit contingent d’agents chargés de l’application des lois les moyens de chasser, de harceler et de détenir les migrants», a-t-elle déploré.
Mme Ekambaram a de même déclaré que la fermeture des bureaux d’accueil des réfugiés et le passage à la numérisation sont critiqués comme étant une xénophobie systématique affectant les réfugiés vulnérables.
Le directeur exécutif du Consortium pour les réfugiés et les migrants en Afrique du Sud, Thifulufheli Sinthumule, a averti que la révision ou le retrait de l’Afrique du Sud des accords internationaux pourrait nuire à la réputation du pays. Le principe du panafricanisme proposé par les affaires intérieures pour lutter contre la migration illégale est quelque chose que les États africains contredisent, car il sape la liberté de mouvement et perpétue les divisions coloniales, estime-t-il.
Et d’ajouter que des lois migratoires strictes visant à vilipender la migration au sein de l’Afrique sont en totale opposition avec les principes fondamentaux du panafricanisme. «Il y avait de vagues références à l’apatridie dans les réformes proposées, notamment concernant les enfants migrants non accompagnés», a indiqué M. Sinthumule.
Avec MAP