Différend commercial entre l’Europe et le Maroc sur les roues en aluminium
L’industrie européenne des roues en aluminium est en crise. Elle fait face à une concurrence de la part du Maroc, qui exporte massivement des roues subventionnées. Perturbée par la forte présence des produits « Made in Morocco », l’Association européenne des fabricants de roues (AEFR) a saisi la Commission européenne pour demander l’ouverture d’une enquête et l’application de mesures de protection.
Le Maroc dérage-t-il l’AEFR? Cette dernière l’accuse de « violer » les règles du commerce international en accordant des aides financières et fiscales à ses producteurs de roues en aluminium. Ces subventions leur permettent de vendre leurs roues à des prix inférieurs aux coûts de production, créant ainsi un dumping que les fabricants européens jugent « préjudiciable ». L’AEFR estime que les importations de roues en aluminium en provenance du Maroc ont augmenté de 300% entre 2020 et 2023, entraînant une baisse des parts de marché, des marges et de l’emploi dans le secteur européen.
Le ministère de l’Industrie et du Commerce nie ces accusations et affirme qu’il se défendra vigoureusement devant la Commission européenne. Ryad Mezzour soutient que les roues en aluminium marocaines sont compétitives et respectent les normes de qualité exigées par le marché européen. Il invoque également les accords de libre-échange conclus entre le Maroc et l’Union européenne, qui prévoient la suppression progressive des droits de douane sur les produits industriels.
La Commission européenne a confirmé avoir reçu la plainte de l’AEFR le 3 janvier 2024. Elle a décidé de lancer une procédure anti-subventions, qui consiste à vérifier si les roues en aluminium marocaines bénéficient effectivement de subventions et si celles-ci causent un dommage à l’industrie européenne. La Commission dispose d’un délai de neuf mois pour rendre sa décision. Si elle conclut à l’existence d’un préjudice, elle pourra imposer des droits compensateurs sur les importations de roues en aluminium en provenance du Maroc, afin de rétablir les conditions de concurrence.
Il s’agit de la première fois que le Maroc fait l’objet d’une telle procédure de la part de l’Europe. Le royaume est considéré comme un partenaire stratégique de l’Union européenne, avec qui il entretient des relations politiques, économiques et culturelles étroites. Ce conflit commercial risque donc de créer des tensions entre les deux parties et de remettre en cause leur coopération.
Le Maroc n’est pas le seul pays à être visé par les plaintes des industriels européens. D’autres secteurs, comme le textile, l’acier ou les phosphates, ont également fait l’objet de mesures de défense commerciale de la part de l’Europe. Ces mesures visent à protéger l’industrie européenne face à la concurrence des pays émergents ou en développement, qui disposent souvent de coûts de production plus faibles ou de réglementations moins contraignantes. L’Europe cherche ainsi à préserver son tissu industriel et ses emplois, mais aussi à garantir le respect des normes sociales, environnementales et sanitaires.