La SNRT renforce sa présence dans la radio en rachetant RIM
Le paysage médiatique marocain connaît une importante mutation avec l’acquisition de Radio Méditerranée International (RIM) par la Société de radiodiffusion et de télévision (SNRT), le groupe audiovisuel public qui détient notamment les chaînes de télévision Al Aoula et 2M-TV. Cette opération, qui porte sur environ 83 % du capital de RIM, a été approuvée par le Premier ministre marocain, comme l’atteste une publication au Journal officiel. Le Conseil marocain de la concurrence avait auparavant donné son feu vert au rachat, après avoir vérifié qu’il ne créait pas une situation de monopole sur le marché.
L’objectif de la SNRT est de se doter d’un pôle radio performant et diversifié, en intégrant RIM et sa station phare Medi1 Radio, qui diffuse en français et en arabe sur le Maroc et le Maghreb. Cette acquisition s’inscrit dans le cadre du projet de consortium national de médias, initié en 2021, qui vise à rationaliser et à moderniser le secteur des médias publics au Maroc.
Toutefois, le rachat de RIM par la SNRT soulève aussi des interrogations sur l’impact de cette concentration sur la pluralité de l’information et la concurrence. En effet, le secteur des médias publics voit sa part de marché passer d’au moins 70 % à au moins 95 %, selon les estimations. Le marché publicitaire est également affecté par cette opération, puisque la SNRT récupère non seulement la division radio de RIM, mais aussi ses filiales Régie 3, un acteur majeur de la distribution d’espaces publicitaires et de temps d’antenne pour plusieurs diffuseurs, dont Médi 1 TV, 2M et RMI.
Cette concentration intervient dans un contexte de crise économique, qui a fragilisé le paysage médiatique marocain, dont la base de revenus a été fortement érodée par Internet et la baisse de la demande des consommateurs. Parallèlement, les prix de la publicité ont diminué et les annonceurs ont réduit leurs dépenses publicitaires ou les ont orientées vers le web. Les médias en ligne peinent à générer des revenus suffisants pour assurer la qualité éditoriale ou technique de leurs contenus. C’est pourquoi, ces dernières années et ces derniers mois, de nombreux médias ont mis en place des paywalls pour leurs offres en ligne et développé des modèles d’abonnement. Mais les consommateurs se montrent réticents à payer pour accéder à l’information et se tournent vers les réseaux sociaux, qui proposent gratuitement des informations similaires et qui sont perçus comme plus fiables.