Déchets ménagers et industriels : un gisement et des interrogations
Par Soufian Guellaf
La gestion des déchets, qui comprend leur collecte, leur transport et leur traitement jusqu’à leur élimination ou leur valorisation, pose un défi majeur au Maroc, où le secteur informel joue un rôle prépondérant dans la récupération des déchets ménagers et industriels, dont dépendent plusieurs milliers de familles marocaines. Cependant, le pays est loin de garantir une valorisation efficace de ses déchets et le recyclage demeure insuffisant.
Le Royaume s’expose ainsi à un retard considérable en matière de recyclage, de traitement et de valorisation des déchets. Le volume des déchets produits a plus que doublé en un demi-siècle et devrait atteindre 12 millions de tonnes en 2020. Par ailleurs, le Maroc compte 300 décharges sauvages dispersées autour des grandes villes, alors qu’il n’existe que 14 décharges contrôlées. Des chiffres qui témoignent de la gravité de ce problème socioéconomique.
L’absence de politique efficace en matière de gestion des déchets a conduit à une dégradation environnementale alarmante. Ainsi, les conséquences néfastes de cette situation affectent les ressources naturelles, la santé publique et le budget des collectivités locales.
De surcroît, la collecte des déchets ménagers incombe aux communes urbaines. Pour les grandes villes, la gestion des déchets est confiée à des entreprises privées. Par exemple, à Médiouna, la commune vient seulement de lancer un appel d’offres pour la gestion déléguée du Centre de traitement, de valorisation et d’enfouissement des déchets ménagers de Casablanca. Le montant des investissements est estimé à plus de 3,1 milliards de DH.
Il convient de rappeler que le taux de recyclage est très faible (10 % en 2020), malgré l’existence d’expériences locales réussies dans certaines villes marocaines, qui ont permis la valorisation du carton, du verre et d’autres déchets industriels en vue de leur réutilisation.
Quelques statistiques révèlent que 7 millions de tonnes de déchets sont produites par an, dont 5,2 M tonnes de déchets ménagers ; 975 000 tonnes de déchets industriels et 12 000 tonnes de déchets médicaux. Toutefois, seuls 10 % des déchets ménagers et 23 % des déchets industriels produits sont recyclés. Et 73 % de ces derniers sont acheminés vers des centres d’enfouissement technique.
Dans cette perspective, si les déchets industriels sont partiellement recyclés, la majeure partie des déchets ménagers est enfouie. Et ce, en dépit d’une multitude de projets, dont un programme national de traitement des déchets qui prévoyait un taux de recyclage de 20 % en 2022. Un objectif reporté désormais à l’horizon 2030.