Quand le Président Biden enjoint à « Bibi » de faire rentrer dans sa tête la solution à deux Etats. La défaite morale de l’Occident provoquée par la guerre d’Israël et les agressions coloniales contre les palestiniens
Par Taoufiq Boudchiche, Economiste.
Dans son interview à Courrier International, le photographe palestinien du nom de Motaz Azaiz, lequel est suivi dans Instagram par 19 millions de personnes, a estimé sa mission remplie de photographe de guerre. Il a déclaré en substance que faut-il montrer de plus au monde comme inhumanités de cette guerre vengeresse d’Israël pour qu’elle cesse ?
Ajoutons d‘autant plus qu’aucun objectif de guerre n’est atteint par le gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahou. En effet, ni l’éradication du Hamas comme claironnée depuis le début de la guerre, un objectif d’ailleurs illusoire, ni celui de la libération des otages. Les seules libérations enregistrées l’ont été, et tant mieux, par négociation lors du cessez-le feu précédent et, aucunement par les milliers de tonnes de bombes lâchées. La sagesse et la règle démocratiques auraient voulu que ce gouvernement présente sa démission pour laisser place à des solutions alternatives. Non ! Pire encore, ce même gouvernement de la bouche de son chef fait croire à ses populations que plus de guerre, de bombes, de famines, d’assassinats et de meurtres seraient la seule solution, notamment, en menaçant d’une opération terrestre visant la zone frontalière de Rafah avec l’Egypte où sont entassés plus de 2 millions de réfugiés palestiniens.
Les pays amis d’Israël se détournent progressivement et pour certains n’hésitent plus à condamner cette guerre car les voix d’Israël ne sont plus crédibles. Les bombes lâchées sans discrimination de jour comme de nuit depuis plusieurs mois sur des populations désarmées aux yeux et au su du monde entier se retournent contre ce gouvernement. En revanche, les voix silencieuses des 30 000 morts et celles des otages par le biais des vivants et de leurs proches ne cessent de crier haut et fort stop !
Tout a été essayé pour justifier cette guerre vengeresse insensée et insupportable. Le mot guerre n’est d’ailleurs ni appropriée, ni légitime. Inappropriée, car elle défie toutes les lois de la guerre. Décidée unilatéralement, cette guerre est menée par une armée régulière qui décime principalement des populations civiles dont plus de la moitié sont des enfants et des femmes. Des victimes innocentes qui vaquaient à leurs occupations quotidiennes, déshumanisées par la propagande israélienne, dont les vies ont été fauchées gratuitement. Sont-elles responsables de l’attaque du 7 octobre ? Certains vont jusqu’à oser le faire croire insultant l’intelligence et le bon sens. La légitimité de cette guerre pose également problème car il n’y a aucune armée en face et s’apparente à une opération de police politique meurtrière massive menée par l’armée sans mandat précis, formée en grande majorité de jeunes recrues endoctrinées qui tirent sans distinction, ciblant des innocents et assassinant des personnes désarmées jusqu’à tuer des otages fuyant leurs geôles.
Une guerre de destruction massive au plan humain qui décrédibilise jusqu’aux arguments de la lutte contre l’antisémitisme, instrumentalisée à outrance par les s’en va t’en guerre. En revanche, des voix juives et autres, toutes confessions confondues, crient aux quatre coins de la planète« cease fire ». Des réactions fortes sont notées dont l’une des expressions fut l’immolation de cet officier de l’US Air Force,américain de confession juive, face à l’Ambassade d’Israël à Washington pour protester dans un geste héroïque contre cette guerre injuste. La jeunesse mondiale se rassemble autour de ce mot d’ordre « cease fire », convaincue que la solution n’est pas dans les armes. Celles-ci ont fini par se retourner contre ceux qui prétendent le contraire dont les voix ne sont plus ni audibles, ni crédibles.
Les maladresses du gouvernement extrémiste en Israël et,probablement encore plus son arrogance, suppriment les soutiens à ce gouvernement, qui n’aura pas su, ni saisir les opportunités de paix offertes par les accords dits denormalisation, ni celles de montrer sa supériorité morale après l’attaque du Hamas du 7 octobre. Quelque soient les responsabilités historiques des uns et des autres, la tragédie actuelle démontre une fois de plus, que le droit à la défense et à l’existence d’Israël ne pourraient se fonder, ni sur l’injustice historique envers les palestiniens, ni sur le déni du droit à l’existence d’un Etat palestinien.
La presse internationale a fait écho d’une conversation très récente entre le Président Biden qui aurait dans un moment d’agacement dit à Benyamine Netanyahou lequel refuse la perspective d’un Etat palestinien « Bibi tu dois bien faire rentrer cela dans ta tête ». Cela pour tenter de retourner une opinion publique américaine de plus en plus défavorable au soutien des Etats-Unis à l’envoi d’armes à Israël et aussi pour contrer l’image du « Joe le génocidaire » qui se répand dans les réseaux sociaux à l’approche des élections présidentielles aux Etats-Unis.