Suicide : Une mort façonnée de nos propres mains
Trois suicides endeuillent la première semaine de ce mois à Tanger. De même, « Une personne se suicide toutes les quarante secondes à travers le monde », indique l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
« A dieu » c’est ainsi qu’il a choisi de mettre fin à la dernière communication téléphonique qu’il eut avec Mehdi, son ami intime, juste après il mit fin à ses jours en cette soirée de l’année 2012. Il s’appellera « Amine », le temps de cet article.
« Amine était mon ami, étions proches, nous nous parlions souvent au téléphone, il avait l’habitude de clore l’appel par au revoir, tandis que ce soir-là, je m’en souviendrais toujours », ajoute Mehdi qui nous fait part de ce drame qui remonte à 2012, « Ce soir Amine m’a dit « Adieu »..Sa voix triste et résignée sonnait dans mon oreille, soucieux de son état, cinq minutes après je l’eu appelé mais je n’eu de réponse que le son du téléphone… Amine était surement déjà parti dans l’autre monde, ou du moins, il s’apprêtait à le faire » c’est avec ces paroles que Mehdi décrit la scène qui aurait éventuellement selon lui, précéder ce drame. Une mort qu’il eut façonnée de ses propres mains… Amine a choisi de s’auto tuer par du gaz carbonique… « Ce rifain, était sociable et très aimé de son entourage autant personnel que professionnel, il était aussi épanoui au travail » ajoute un autre ami d’Amine qui mentionne qu’à la suite de son divorce, son ex-femme le privait de voir sa fille à laquelle il était très attaché, ce qui lui a causé une affliction atroce qu’il ne put supporter ».
« Effectivement, une partie majeure de ceux qui pensent au suicide est déprimée, voire désespérée, elle a souvent l’impression qu’il n’existe pas d’autre choix » indique toutspécialiste interrogé à ce sujet.
Le Haut-commissariat au Plan (HCP) affirme que décrit comme tabou, la qualité de l’information propre au suicide au Maroc demeure toujours faible. La banque mondiale, pour sa part indique que le Maroc affiche 7,2 comme taux de mortalité par suicide pour chaque 100 000 habitants. Ce chiffre demeure le plus faible de tout le monde arabe selon une cartographie dressée par la Banque Mondiale qui souligne aussi que les hommes sont les plus vulnérables à ce sujet excepter pour cinq pays (Maroc, Bangladesh, Chine, Lesotho, et Myanmar) où les femmes les dépassent. Ainsi l’OMS reporte que le nombre de suicides au Maroc dépasse le millier de cas par an, soit trois cas par jour. La région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima serait ainsi la plus touchée par ce fléau. Trois personnes issues de cette même région se sont donnés la mort en une semaine.
Quant aux causes de ce phénomène, elles se rapporteraient évidemment selon des spécialistes à la détérioration de l’état psychologique, reflétant ainsi une image où se mêlent la santé et le social à l’économique pour soulever la question de la santé mentale au Maroc où l’investissement réalisé par l’état dans ce domaine demeure insuffisant en termes de capacité litière et ressources humaines.
De ce fait, l’OMS a estimé selon les chiffres reportés en 2019, qu’une personne sur huit souffrait d’un trouble mental à travers le monde tandis que le suicide toucherait une personne sur cent.
Néanmoins, quand bien même l’ampleur de ce phénomène décrit par l’OMS comme facteur essentiel impactant la santé générale, les systèmes sanitaires négligent la santé mentale et ne lui offrent pas l’accompagnement et les soins adéquats car les états ne consacrent en moyenne à la santé mentale que 2% de leurs budgets dédiés à la santé selon la même source.
Annuellement, le nombre de suicides tourne autour de 800 000 personnes à travers le monde d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ainsi le suicide serait la deuxième cause de décès chez les sujets entre 15 et 29 ans, déclare cette même source avant de souligner qu’une personne met fin à ses jours « toutes les quarante secondes ». Ce chiffre alarmant est d’autant plus flagrant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dans lesquels on enregistre 79% du taux de suicide à l’échelle mondiale. Ainsi les techniques utilisées comme la pendaison, l’ingestion de pesticide ou les armes à feu sont les plus vulgarisées à l’échelle mondiale indique la même source.
Le Maroc, ce pays connu par inculquer la notion de la foi à ses enfants dès leurs jeunes âges, a-t-il manqué ce pacte avec lui-même, et de ce fait, il se retrouve avec une population jeune certes mais déboussolée émotionnellement, donc susceptible et vulnérable quant aux intempéries et aux tourments de la vie, ou est-ce que, ce sont nos jeunes qui perçoivent la notion de la vie différemment.