Bouchra Boudchiche : « La scène panaméenne a commencé à voir apparaître des élites libérées des vieilles considérations idéologiques »
Les relations entre le Maroc et le Panama, bien que géographiquement distantes, sont caractérisées par une dynamique croissante et un engagement mutuel vers le renforcement des liens bilatéraux. Cette relation s’appuie sur des fondements historiques solides et se développe dans divers domaines tels que la diplomatie, le commerce, la culture et l’éducation.
En effet, le Maroc et le Panama partagent une vision commune sur plusieurs questions internationales, notamment en matière de paix, de sécurité et de développement durable. Les rencontres bilatérales au niveau des ministères des Affaires étrangères témoignent de cette volonté partagée de renforcer le dialogue politique et de collaborer au sein des organisations internationales. D’autant plus que les relations entre les deux pays se distinguent par leur dynamisme et leur diversité, reposant sur des intérêts communs et une volonté partagée de promouvoir le développement, la paix et la stabilité. Les échanges économiques, culturels et éducatifs en expansion, ainsi que la collaboration dans les domaines stratégiques du développement durable, posent les bases d’un partenariat durable et mutuellement bénéfique.
Dans ce sens, l’ambassadeure du Maroc au Panama, Madame Bouchra Boudchiche, représente un pilier central dans le renforcement et le développement des relations entre les deux pays. Sa nomination reflète non seulement l’engagement du Maroc envers le Panama mais aussi sa volonté d’approfondir les liens diplomatiques, économiques et culturels entre les deux pays. Son approche, centrée sur la compréhension mutuelle et le respect, a permis de jeter les bases d’une relation plus forte et plus dynamique entre le Maroc et le Panama.
Dans cet entretien, Madame l’ambassadeure nous donne à voir une nouvelle génération de diplomates qui, par leur engagement et leur vision, favorisent l’ouverture, le dialogue et la coopération internationale.
MAROC DIPLOMATIQUE : Pouvez-vous nous décrire l’état actuel des relations diplomatiques entre le Maroc et le Panama ? Quels sont les principaux axes de coopération entre nos deux nations ?
– Mme Bouchra Boudchiche : On peut dire que les relations diplomatiques entre le Royaume du Maroc et la République de Panama sont sur la bonne voie d’amélioration et particulièrement suite à la décision du soutien du Panama à la proposition d’autonomie comme « base unique pour une solution juste et durable au différend » sur le territoire du Sahara, annoncée lors de la visioconférence, qui s’est tenue le 30 janvier 2024, entre M. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger et Mme. Janaina Tewaney Mencomo, ministre panaméenne des Relations extérieures. Nous aspirons toujours à renforcer davantage ces relations diplomatiques en allant vers des positions plus avancées puisque la relation entre le Maroc et le Panama est prometteuse et ouvre des perspectives encourageantes.
Dans ce cadre, soulignons l’importance de la Bibliothèque portant le nom de notre Auguste Souverain « Rey Mohammed VI » au sein du Parlement latino- américain et des Caraïbes (Parlatino) dans la capitale panaméenne, inaugurée en deux phases, par M Enaam Miyara, Président de la Chambre de Conseillers, accompagné des Présidents du parlement de l’Union Africaine et du Parlement de la CEDEAO invités par le Maroc, dans l’objectif de signer un MoU qui établit une coopération entre les parlements régionaux, et participer à l’Assemblée Annuelle du Parlatino, le Maroc étant membre observateur.
L’inauguration de la Bibliothèque Mohammed VI s’est déroulée en présence de la Première Dame du Panama, Yasmin Colon de Cortizo, des Présidents de parlements d’Amérique Latine et d’Afrique. Cet espace se distingue par son architecture marocaine et propose une variété de livres et de documents dans différents domaines. Il est également consacré à la promotion des douze régions du Maroc.
Le Royaume du Maroc ne ménagera aucun effort pour développer ses relations bilatérales avec le Panama, et ce conformément à la vision de « bilatéralisme actif et efficace » promue par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu l’assiste. Je serai, en tant qu’Ambassadeure de Sa Majesté, toujours prête à développer et à réaliser toute activité conduisant à la consolidation de cette Relation. De ce fait, les deux pays sont en train, actuellement, d’ouvrir de vastes ateliers de coopération bilatérale, touchant des secteurs d’importance stratégiques tels que l’agriculture et l’économie de l’eau, la formation professionnelle, l’enseignement supérieur, le transport maritime et aérien, la logistique, la culture et la gouvernance entres autres.
Dans quelle mesure la position stratégique de Panama, en tant que carrefour maritime, influence-t-elle les échanges commerciaux et la coopération logistique avec le Maroc ?
– Les deux pays disposent de plateformes logistiques de classe mondiale, au Maroc, avec le Port de Casablanca, Jorf El Asfar, Tanger-Med et bientôt le Grand Port de Dakhla et Nador West-Med ; et au Panama, il y a bien sûr, le Canal de Panama. Par conséquent, le secteur du transport maritime présente un potentiel intéressant en termes de coopération commerciale, économique et technique dans lesquels les deux pays peuvent échanger leurs savoirs accumulés depuis des décennies. Il sied tout de même de mentionner que ce domaine est, depuis le début, l’une des priorités de la coopération entre les deux pays puisqu’un Accord de coopération mutuelle a été signé entre l’Autorité du Canal de Panama et l’Autorité portuaire Tanger-Med lors de l’inauguration de l’Ambassade du Royaume du Maroc à Panama City en 2016. Cet Accord permet aux deux plateformes de renforcer leur ouverture internationale, en facilitant les opérations logistiques d’importation et d’exportation de marchandises d’une zone à l’autre et dans le monde entier, ce qui contribue à l’attraction des investissements et à l’expansion internationale des entreprises marocaines. Par ailleurs, un Accord-cadre de coopération a été signé le même jour entre la Zone franche Tanger-Med et la Zone franche de Colón avec comme objectif de renforcer la coopération, notamment au niveau industriel, entre les entreprises établies dans les deux Zones Franches.
Actuellement, dans le sillage des Orientations Royales de faire du Maroc un hub stratégique entre l’Afrique, l’Amérique, l’Europe et l’Asie, nous travaillons à l’émergence d’une plateforme commune permettant aux entreprises de couvrir les régions d’Amérique, d’Europe et d’Afrique et de faciliter l’implantation de sociétés et d’opérateurs logistiques souhaitant faire des affaires dans ces deux Zones franches. À cet effet, les autorités des deux pays envisagent de faire de Tanger Med la porte d’entrée des entreprises panaméennes vers les marchés européens et africains. La Zone de Libre-Échange de Colón permettra aussi aux entreprises établies au Maroc d’avoir accès aux marchés américains, latinos et caribéens. La mise en œuvre de cette volonté s’est d’ores et déjà concrétisée par la participation du Colonel Major de la Marine Royale marocaine au Forum international, tenu à Panama en mai 2023, sous le thème « For a more efficient maritime security in the central and south atlantic II » durant lequel le représentant du Royaume a pu présenter l’expérience marocaine dans le domaine de la sécurité maritime, qui a fait grande impression sur les participants.
Quelles opportunités d’investissement le Maroc offre-t-il aux entreprises panaméennes, notamment dans le contexte du Nouveau Modèle de Développement et de la Vision 2030 ?
– Je dois souligner ici que le secteur d’affaires constitue un pilier essentiel dans les relations maroco-panaméennes post-pandémie pour être le premier à porter un intérêt réel à la nécessité de développer une relation forte avec notre pays. C’est en effet, en juin 2022, qu’une délégation panaméenne dirigée par le président du Conseil national de l’entreprise privée (CoNEP), M Ruben Castillo, s’est rendue dans notre pays et a tenu des séances de travail avec le président de la CGEM, M Chakib Alj, dans le but d’étudier les opportunités d’investissement et de coopération dans le domaine des affaires et de recherche des partenaires dans le secteur privé marocain. Cette délégation s’est également rendue à Tanger Med, puis à Dakhla. La visite a été fructueuse et a eu un grand impact sur le secteur d’affaires panaméen qui étudie actuellement la possibilité d’effectuer une deuxième visite dans notre pays pour achever l’étude de marché marocain.
De son côté, le Panama est un pays attrayant pour les investissements étrangers. Le Cadre juridique panaméen des Accords de Libre-Échange est le plus important de toute la Région. Il comprend 23 accords commerciaux et offre un traitement préférentiel à 56 pays. Le développement de la coopération économique et commerciale avec le Panama cadre parfaitement avec les leviers de transformation susceptibles d’accélérer l’amélioration structurelle recommandée par le Nouveau Modèle de Développement et particulièrement avec celui de la mobilisation des partenariats internationaux et le développement d’une coopération entre le hub aérien et logistique du Panama et celui du Royaume afin de renforcer l’attractivité de la destination Maroc et vice versa.
Soulignons la convergence de vision stratégique entre le Panama et le Royaume en termes de projection de développement, concrétisée dans le « Pacte du Bicentenaire » dont l’économie est pratiquement égale à celle du Nouveau Modèle de Développement.
Comment le Maroc et le Panama peuvent-ils renforcer leur collaboration dans des secteurs clés tels que le tourisme, l’agriculture durable et les énergies renouvelables ?
– Lors de la visioconférence, les deux chefs de la Diplomatie ont convenu de la nécessité de consolider la coopération bilatérale dans divers secteurs. À cet effet, l’élaboration d’une feuille de route est à l’étude pour encadrer la coopération dans des secteurs tels que l’agriculture, le tourisme, les énergies renouvelables, la formation professionnelle, la gestion de l’eau, la santé, les transports et l’artisanat, entre autres. Le secteur agricole peut être considéré, dans l’état actuel des choses, le domaine prioritaire de la coopération. Il convient de noter que les deux parties ont été mises en contact car le Panama s’intéresse au modèle marocain relatif au développement agricole, l’économie de l’eau et la gestion rurale. Le Maroc, avec ses différentes coopérations avec les pays amis et frères, peut apporter son expérience à la partie panaméenne. Par ailleurs, sur initiative de la mission marocaine au Panama, une mise en contact a été établie en vue du lancement d’une coopération dans le domaine de la formation professionnelle entre les différents départements concernés au Maroc et l’Institut national de formation professionnelle et de formation pour le développement humain au Panama (INADEH) dans le but d’échanger l’expérience et l’expertise.
Quels programmes d’échanges culturels et éducatifs sont actuellement en place entre le Maroc et le Panama ? Comment envisagez-vous leur expansion future pour renforcer le lien entre les deux peuples ?
– Je vous remercie d’évoquer la coopération culturelle qui peut s’ériger réellement en pierre angulaire de la coopération bilatérale. Le Maroc possède, en effet, une composante culturelle hispanophone riche et diversifiée très attractive auprès des pays de l’aire hispano-ibérique dans le monde.
L’Accord Culturel a été un des premiers signés entre les deux pays, depuis l’ouverture des missions diplomatiques. Il prévoit l’organisation de rencontres, de concerts, d’expositions et des représentations théâtrales et cinématographiques à caractère éducatif, outre l’échange de programmes de télévision et d’études sur la langue, l’histoire et la littérature des deux pays. Il prévoit également de renforcer la coopération entre les musées, les bibliothèques et les institutions culturelles du Royaume du Maroc et de la République de Panama. Ainsi, et dans le cadre de cet Accord, la Mission diplomatique du Maroc au Panama a mené de nombreuses activités culturelles telles que la Semaine gastronomique qui coïncidait avec la fête du Trône en 2022. Par ailleurs, et à l’occasion de la Foire Internationale du Livre du Panama, la Mission a organisé un colloque dirigé par l’écrivain, romancier et journaliste marocain M. Abdelhamid Beyuki sur la littérature hispanique au Maroc.
Dans le domaine éducatif, la Mission diplomatique du Maroc au Panama participe, chaque année, aux différents salons étudiants afin de mettre à la disposition de la République de Panama dix (10) bourses d’études de l’Agence marocaine de coopération internationale destinées aux étudiants désireux de poursuivre leur formation dans des établissements publics marocains d’enseignement supérieur, technique ou professionnel. Nous envisageons d’amplifier cette coopération culturelle et éducative par l’organisation très prochainement de journées culturelles marocaines qui constituera un événement culturel majeur au Panama mais également l’organisation de vidéoconférences entre les institutions de formation spécialisée des deux pays afin d’établir des accords dans un futur proche.
Le Maroc joue un rôle de plus en plus important sur la scène africaine et arabe. Comment cette dynamique affecte-t-elle ses relations avec les pays d’Amérique Latine, et spécifiquement avec Panama ?
Grâce aux Hautes directives Royales, le Maroc est devenu un acteur majeur sur le continent africain, au sein de la Ligue arabe et parmi les pays islamiques, jouissant de confiance et de crédibilité en tant que partenaire fiable grâce à sa solidarité, sa modération et sa politique équilibrée.
Ainsi, des échanges entre le Panama et le Maroc ont également eu lieu dans le domaine de la juridiction des comptes. Une importante délégation de notre pays, représentant la Présidente de la Cour des Comptes a participé au « Congrès bilatéral et international de la Juridiction des Comptes », tenu à Panama City, les 26 et 27 janvier 2023. À cette occasion, la Cour des Comptes a été intégrée dans le réseau ibéro-américain de la juridiction des comptes.
Aujourd’hui, le Maroc est considéré comme un hub fiable vers le continent africain et les pays arabes et islamiques et il est donc tout à fait normal que le Maroc qui entretient d’étroites et profondes relations avec les pays africains soit perçu, à juste titre, par le Panama comme le pont naturel qui l’aiderait à faciliter son processus de diversification des partenaires et sa projection vers de nouveaux horizons internationaux, d’autant plus qu’il n’y a aucune représentation diplomatique résidente des pays de l’Afrique sub-saharienne au Panama.
C’est le rôle de médiateur, de facilitateur et d’organisateur du Maroc, pays qui mobilise les soutiens de la réussite d’initiatives internationales et les tenues périodiques de grandes conférences internationales qui confirment cette perception de crédibilité et de confiance et de sécurité de partenariat, tel qu’illustré récemment lors « Des Assemblées annuelles des Conseils des Gouverneurs du Groupe de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) » tenues à Marrakech, du 9 au 15 octobre 2023, et la Conférence Ministérielle de Haut Niveau sur les Pays à Revenu Intermédiaire, tenue les 5 et 6 février 2024 à Rabat, qui ont connu la participation des Ministres panaméens des Finances et du Vice-Ministre des Relations Extérieures du Panama. Par ailleurs, dans ce pays d’Amérique latine, féru de football, les performances sportives du Maroc lors de la dernière coupe du monde de football ont suscité une plus grande curiosité au sein des populations pour mieux connaître notre pays qui joue dans la cour des grands du ballon rond.
Face aux défis mondiaux actuels, tels que le changement climatique et la sécurité alimentaire, quelles initiatives conjointes Maroc-Panama pourraient-elles voir le jour ?
– Il existe des perspectives prometteuses de coopération dans le domaine du changement climatique et la sécurité alimentaire entre le Royaume du Maroc et la République de Panama puisque les deux pays se distinguent par leur leadership en la matière. Le Panama a enregistré une forte prise de conscience sur les questions environnementales, notamment chez les jeunes, qui est résumée par le slogan « Le trésor du Panama est vert ». Le Maroc, à son tour, est considéré comme un acteur incontournable à l’international dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques, comme en témoigne la tenue de la COP 22 à Marrakech en 2016 et l’hommage rendu à Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’assiste, lors de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la Commission Climat pour la Région du Sahel (CCRS) en 2023.
Cette convergence de positions morales concernant le changement climatique facilite la possibilité d’une coopération entre les deux pays pour faire avancer les initiatives internationales visant à protéger l’environnement, lutter contre les conséquences du changement climatique et assurer la sécurité alimentaire. Je souhaite également souligner dans ce contexte que la coopération dans ce domaine est l’un des points fondamentaux mentionnés dans la Déclaration Conjointe entre les deux pays (30 janvier dernier) où les deux parties s’engagent à coopérer dans des projets de décarbonation de l’économie. De même, cette Déclaration a mis l’accent sur « l’importance de la coopération multilatérale dans l’intensification des efforts dans des domaines d’intérêt commun, comme le commerce, la réduction de la pauvreté et de la faim, l’éducation, la santé et le développement durable, y compris l’accès à l’énergie, à l’eau et à la nourriture et aux engrais, ainsi que l’atténuation et l’adaptation aux impacts du changement climatique. Les deux pays ont souligné, dans ce cadre, la nécessité de mettre en œuvre les ODD de manière globale et intégrée, notamment à travers l’éradication de la pauvreté et la lutte contre les effets des changements climatiques, tout en agissant pour la promotion de l›exploitation durable des terres et la gestion de l›eau ainsi que pour la conservation de la biodiversité ».
En termes de gestion des ressources en eau et de lutte contre la désertification, existe-t-il des projets de coopération ou de partage d’expertise entre nos deux pays ?
– Les changements climatiques posent de nombreux défis pour tous les pays, et même dans des régions tropicales disposant habituellement d’immenses bassins d’eau, grâce à des précipitations conséquentes, mais qui connaissent actuellement une tendance à la baisse de leur volume. Ce fait a incité un certain nombre de pays, qui auparavant n’avaient pas besoin de rationaliser leurs ressources hydrauliques, à s’intéresser à l’expérience marocaine dans ce domaine afin d’en bénéficier dans le contexte actuel. En particulier, ces pays s’intéressent à l’expérience que notre pays a accumulée dans la construction de barrages, les techniques de récupération des eaux pluviales, le transport fluide entre les bassins, la gestion des eaux souterraines et la rationalisation de l’irrigation.
Dans le cas du Panama, pays qui dispose d’importantes ressources en eau et qui compte plus de 52 bassins hydrographiques, la baisse des précipitations a affecté la navigation dans le Canal de Panama, ce qui a exhorté les autorités à entamer une recherche de l’expertise internationale relative à la rationalisation de l’eau afin d’assurer le niveau d’eau nécessaire pour la navigation dans le Canal, sans pour autant causer d’incidence sur l’approvisionnement en eau potable. Dans ce sens, les deux pays peuvent échanger leurs expériences dans ce domaine d’autant plus qu’ils ont lancé tous les deux le défi de la transition vers une économie verte et respectueuse de l’environnement.
Le 30 janvier 2024, la position du Panama a été mise à jour et s’inscrit clairement dans la dynamique internationale enclenchée par le plan d’autonomie, ce qui marque une évolution de substance. Comment envisagez-vous l’évolution des relations entre le Maroc et le Panama dans les prochaines années ? Quels sont les défis et les opportunités à anticiper ?
– Aujourd’hui, le Panama est en pleine campagne électorale, qui a débuté le 3 février 2024 et qui organisera ses élections générales, présidentielles, parlementaires et municipales, le 5 mai 2024, moment fatidique où une nouvelle administration remplacera le gouvernement actuel.
Je suis convaincue que la tendance positive, qui a caractérisé récemment les relations entre les deux pays, se poursuivra avec les autorités issues des urnes, quel soit le parti qui remportera les prochaines élections puisque les relations entre les deux pays évoluent, actuellement, dans un cadre structurel solide, fondé sur les intérêts communs, marqués par des perspectives prometteuses, un esprit constructif et pragmatique qui caractérisent les deux parties. Aussi, conformément aux Hautes Instructions Royales en faveur d’une diplomatie nationale dynamique et proactive, je suis plutôt confiante en l’avenir afin de contribuer, avec l’aide du Département, sous l’égide de Monsieur le Ministre et des forces vives des deux parties, à poursuivre la construction d’un contexte favorable à une coopération dense et renforcée, fondée sur l’amitié, la solidarité, la compréhension et l’entente mutuelle.
De même, la scène panaméenne a également commencé à voir apparaître des élites, jeunes, modernes et rationnelles, libérées des vieilles considérations idéologiques et conscientes notamment de l’importance d’actualiser et de moderniser la politique extérieure panaméenne, vision consacrée dans le Livre Blanc de la Politique extérieure 3.0, élaboré et récemment présenté par la Ministre des Relations extérieures, Janaina Tewaney Mencomo. De plus, les deux pays ont le devoir de profiter de leurs positions géostratégiques importantes, faisant d’eux des hubs vers trois continents, Afrique, Europe et Amérique Latine, pour construire ensemble une plateforme commune qui permet à chaque partie d’accéder à de nouveaux marchés à travers ces deux hubs marocco-panaméen.
Quel rôle la diaspora marocaine au Panama pourrait-elle jouer dans le renforcement des liens bilatéraux ?
– Sans aucun doute, le rôle confié aux Marocains du Monde dans l’activation et la dynamisation des relations entre le Maroc et les pays d’accueil est important et vital. La communauté marocaine joue un rôle essentiel dans la consolidation et le renforcement de ces relations, notamment les jeunes, qui jouissent de la confiance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, qui a souligné dans son discours à l’occasion du 24ème Anniversaire de la Glorieuse Fête du Trône, que « chaque fois que la jeunesse marocaine a eu les moyens de donner la pleine mesure de son sérieux et de son patriotisme, elle a fasciné le monde par des performances d’un calibre inédit».
Les Marocains du Monde sont devenus une force influente et pionnière dans leurs pays d’accueil, qualitativement intégrés dans les structures sociales, économiques, politiques et scientifiques, ce qui en fait une extension stratégique douce du Royaume, à travers leur présence dans les affaires, l’investissement, les organisations de la société civile et les plateformes médiatique.
La diaspora marocaine au Panama n’a pas uniquement un seul rôle mais plusieurs rôles puisqu’elle a également le défi de promouvoir l’image du Maroc au Panama et vers toute l’Amérique centrale, faisant connaître les traditions, les idées, la culture et l’histoire du Maroc dans son pays d’accueil.