La santé en balance : enjeux et inégalités dans le système de santé marocain
Entre la cherté des médicaments et la précarité de la vie des Marocains, le RMDDS se mobilise. Le Réseau Marocain pour la Défense du Droit à la Santé et du Droit à la Vie (RMDDS) alerte sur les contraintes majeures auxquelles le secteur de la santé au Maroc est confronté, à travers un communiqué publié à cet effet. Les prix des produits pharmaceutiques, souvent qualifiés d’ « exorbitants », continuent d’entraver l’accès aux soins pour une grande partie des citoyens, malgré les avancées significatives réalisées ces dernières années.
Dans un rapport récemment publié, le RMDDS tire la sonnette d’alarme concernant les taux d’infection de maladies infectieuses telles que la tuberculose, avec 35 000 nouveaux cas enregistrés durant ce premier trimestre de 2024.
De plus, d’autres pathologies comme le virus de l’immunodéficience acquise, l’hépatite virale et la méningite sont en hausse. Cependant, la pauvreté, la fragilité et la malnutrition infligent davantage de dommages à de « larges couches de la population marocaine, qui souffrent d’inégalités, d’injustice et d’exclusion de l’accès aux soins », selon un rapport du RMDDS.
Lire aussi : Couverture médicale : Enjeux de financement
Les maladies non transmissibles, telles que les cancers, l’hypertension artérielle, le diabète et les maladies rénales, représentent près de 60 % des décès prématurés au Maroc. Le cancer, succédant aux maladies cardiaques, est la deuxième cause de décès, avec environ 50 000 nouveaux cas déclarés chaque année. « Un chiffre auquel il serait primordial d’ajouter le nombre de cas non déclarés et donc non suivis, faute de moyens », préconisent des spécialistes. Ainsi, de nombreuses maladies continuent de ravager la santé de la population en raison de la cherté des services.
Le RMDDS, de son côté, n’a pas manqué de remettre en question la cherté des soins sanitaires et des médicaments au Maroc, soulignant que les lobbys qui manipulent le secteur continuent de faire obstacle à l’évolution du secteur.
Le système sanitaire marocain est confronté à un enjeu majeur : l’augmentation significative et inacceptable des prix des médicaments. « Malgré les efforts déployés par le gouvernement pour réduire les coûts, les prix restent élevés, empêchant de nombreux citoyens d’accéder à leurs médicaments à un coût raisonnable », souligne le RMDDS.
Les chiffres avancés par le RMDDS indiquent que « certains médicaments sont vendus à un prix deux ou trois fois plus élevé qu’en Europe. Par exemple, le médicament 25 mg « lenalidomide » est vendu au Maroc à 18 725,00 dirhams, tandis qu’il est disponible en Inde à l’équivalent de 252 dirhams et en France à 46 euros ». Ce contexte aggrave la précarité des patients et de leurs familles, les forçant à affronter des dépenses de traitement et de médicaments souvent insupportables.
Face à ces défis, le ministère de la Santé et de la Protection Sociale a entrepris une réforme globale du système de santé national, en activant la loi-cadre 06.22 relative au système de santé national. Cette réforme aspire à répondre aux attentes des citoyens marocains en garantissant l’égalité et l’équité des chances d’accéder aux services de santé. Cependant, malgré la pérennité de ces objectifs, ils restent encore théoriques, tandis que la réalité révèle une tout autre situation.
Le gouvernement, à travers son approche, vise à régionaliser la santé afin de rapprocher les services de santé des citoyens. Cela se traduit par la construction d’hôpitaux de proximité, de centres hospitaliers universitaires et d’hôpitaux conformes aux normes internationales dans différentes régions du royaume, afin de réduire les disparités géographiques entre les régions de santé.