Le Maroc face à la dépendance des importations de blé tendre
Le Maroc, confronté à des défis agricoles majeurs dus à des sécheresses récurrentes et à des changements structurels, se retrouve dans une situation de dépendance vis-à-vis des importations de céréales, en particulier de blé tendre. Cette dépendance n’est pas nouvelle, mais elle s’est accentuée au fil des années, obligeant le pays à diversifier ses sources d’approvisionnement. La vulnérabilité économique, les sécheresses successives ont ainsi rendu l’économie marocaine vulnérable aux chocs climatiques.
Traditionnellement tourné vers l’Europe pour ses importations, le Maroc a également établi des liens commerciaux avec l’Europe de l’Est, notamment avec l’Ukraine et la Russie. Cependant, la guerre entre ces deux nations a perturbé les flux commerciaux, obligeant le Maroc à ajuster ses stratégies d’achat. Malgré ces tensions, le Maroc, à l’instar d’autres nations africaines et arabes, a repris ses achats de blé en Russie et en Ukraine.
En mars 2024, la Russie était absente de la liste des principaux fournisseurs de blé tendre du Maroc. Pourtant, en avril, elle a fait un retour remarqué, devenant le troisième fournisseur du pays avec environ 61 580 tonnes de blé, représentant 25,76 % des importations totales du Maroc pour cette période. Le port de Casablanca s’est imposé comme le principal point d’entrée pour ces importations russes.
Ce volume significatif place la Russie derrière la France et l’Allemagne, respectivement premier et deuxième fournisseurs du Maroc. L’Ukraine, quant à elle, a disparu de la liste en avril, malgré des exportations notables en février et mars.
Omar Yacoubi, président de l’Association nationale des commerçants de céréales et de légumineuses (F.N.C.L), souligne que les importations marocaines sont dictées par les conditions du marché, la compétitivité des pays d’origine et les besoins du marché local. Ces trois paramètres sont essentiels pour déterminer les fournisseurs privilégiés par le Maroc.
Depuis le début de l’année, le Maroc a importé près de 1,9 million de tonnes de blé tendre, un chiffre inférieur à l’objectif de 2,5 millions de tonnes fixé par l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (F.N.C.L). En réponse, l’Office a mis en place un système de subventions pour encourager les importations et a annoncé une prime pour la constitution d’un stock stratégique.
L’impact de la sécheresse sur la campagne céréalière
La production céréalière marocaine pour l’année 2024 est estimée à environ 25 millions de quintaux, loin derrière les 55,1 millions de quintaux de l’année précédente. Cette baisse de plus de 50 % est l’une des plus importantes jamais enregistrées dans le pays. La sécheresse et le déficit pluviométrique sont pointés du doigt par Bank Al-Maghrib (BAM) comme les principaux coupables de cette situation critique.
Pour pallier ces pertes, la F.N.C.L prévoit que le Maroc devra importer environ 10 millions de tonnes de blé tendre et d’autres céréales en 2024. Cette mesure vise à réduire le déficit de la campagne céréalière et à assurer la sécurité alimentaire du pays.
La sécheresse exerce une influence considérable sur l’agriculture du Maroc, pilier de l’économie nationale. Cette situation engendre de multiples répercussions, perturbant non seulement la production agricole mais également l’équilibre macroéconomique du pays. L’un des effets notables est la diminution des ressources aquatiques, compromettant ainsi la disponibilité en eau nécessaire à l’agriculture. De surcroît, la sécheresse entraîne une réduction significative des ressources hydriques renouvelables. De 1960 à 2020, la quantité d’eau disponible par habitant et par an a décliné de 2 560 m³ à environ 620 m³, plongeant le Maroc dans un état de stress hydrique permanent.
Par ailleurs, la baisse de la production céréalière résulte des précipitations irrégulières et insuffisantes, influençant directement les rendements, notamment ceux des céréales. En conséquence, la production céréalière pour l’année 2024 est estimée à près de 25 millions de quintaux, marquant une réduction de plus de 50 % par rapport à l’année antérieure. La sécheresse impacte également la croissance économique, avec un ralentissement marqué de l’économie en 2022, aggravé par l’augmentation des prix mondiaux de l’énergie et des produits alimentaires.