Moubarak Lô : « Le projet atlantique représente une opportunité pour mutualiser les stratégies économiques »
Lors de la troisième édition du Forum MD Sahara, tenue les 10 et 11 mai 2024 à Rabat, sur le thème ambitieux : « Façade atlantique 2030 : Une Vision Royale pour une ère de connexion et de prospérité transcontinentale », M. Moubarak Lô, directeur général du Bureau de prospective économique du Sénégal, a souligné l’importance du secteur de la pêche. Ce dernier constitue une part significative de la valeur ajoutée nationale et emploie directement plus de 600 000 personnes.
Dans une déclaration faite lors de cette troisième édition de l’événement MD Sahara, organisé par Maroc Diplomatique, M. Lô a mis en lumière la place prépondérante du secteur de la pêche dans le projet atlantique. « Il est essentiel de placer le secteur de la pêche au cœur de nos préoccupations, notamment au Sénégal, car bien que nous disposions du fleuve Sénégal, son potentiel halieutique n’est pas encore pleinement exploité », a-t-il insisté.
Aujourd’hui, dans l’océan Atlantique, le défi réside dans le fait que les ressources à forte valeur ajoutée sont principalement capturées par les flottes de pêche internationales, car nos pêcheurs ne disposent pas de la capacité nécessaire pour s’aventurer en haute mer.
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« Plus on s’éloigne des côtes, plus les poissons sont gros. Ainsi, le programme actuel du Sénégal vise à mieux réguler les accords internationaux et les accords de pêche pour assurer les gains du pays, ce qui est d’une importance capitale. Il est également nécessaire d’instaurer des débarquements systématiques pour pouvoir évaluer l’effort de pêche. Cependant, certains échappent à la surveillance et se livrent à la pêche illégale », a-t-il expliqué.
Pour M. Lô, Senior fellow au Policy center, il est impératif d’intensifier la surveillance, non seulement de nos côtes mais aussi de nos mers, et donc de disposer de la capacité navale adéquate et des ressources technologiques nécessaires pour surveiller efficacement les eaux sénégalaises. En outre, en matière de coopération régionale, le Sénégal concentre ses efforts principalement au niveau sous-régional, soutient-il. En Afrique de l’Ouest, un comité spécialisé travaille sur la pêche, facilitant ainsi la coopération entre les pays membres. « Il est important de commencer par-là, car nos pêcheurs sont très mobiles ; ils vont pêcher en Mauritanie, en Guinée, voire en Sierra Leone. Dans le cadre de la CEDEAO, il est donc essentiel d’organiser cette coopération interétatique, en particulier dans le secteur de la pêche », a-t-il ajouté.
En guise de recommandations, il rappelle que « la pêche joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire, car il ne s’agit pas uniquement de capturer du poisson pour le vendre à l’extérieur, mais aussi de garantir que les populations locales bénéficient des retombées de leurs efforts de pêche. »