Hicham Elalamy : « Les infrastructures nécessitent un financement à long terme »
En marge de sa participation à la troisième édition du MD Sahara, sous le thème « Façade atlantique 2030 : Une Vision Royale pour une ère de connexion et de prospérité transcontinentale », qui s’est tenue les 10 et 11 mai à Rabat, Hicham Elalamy, directeur de pôle à l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), a prononcé une allocution lors du panel intitulé « Façade atlantique : pilier de sécurité, de coopération et de développement pour un avenir partagé en Afrique ». Il a souligné l’importance du financement.
Qualifiant le financement de « condition sine qua non », Hicham Elalamy a débuté son intervention en évoquant des chiffres : « Afin d’aborder aujourd’hui la dimension du financement, j’ai noté quelques éléments pour vous donner une idée de ce que peuvent coûter des projets ou de telles grandes ambitions ». Il a annoncé que pour le nouveau modèle de développement : « On parle de 4 % du PIB annuellement en phase d’amorçage entre 2022 et 2025, et de l’ordre de 10 % du PIB en rythme de croisière à l’horizon de 2030 ».
Concernant la stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030, un état des lieux du budget des infrastructures portuaires révèle « près de 75 milliards de dirhams à l’horizon 2030 ». Quant à la feuille de route pour l’hydrogène vert, les chiffres sont difficiles à estimer, mais la fourchette est énorme : on parle de 140 milliards à 1 000 milliards de dirhams à l’horizon 2050.
S’inspirant de ces données, Elalamy a souligné que « les montants sont véritablement énormes » et a ajouté qu’« il faut trouver plusieurs sources de financement ». Souvent, « ce qui vient à l’esprit en premier lieu, c’est l’État qui finance à travers l’endettement ». Cependant, il ne faut pas négliger le rôle des bailleurs de fonds et du secteur bancaire, « des organismes et des banques de développement international, des organismes multilatéraux, mais aussi le marché des capitaux », un marché souvent oublié selon Hicham Elalamy.
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Mettant en avant l’importance de ce marché, il a donné quelques exemples d’encours des émissions obligataires au Maroc : « Les Autoroutes du Maroc représentent 19 milliards, l’ONCF (le rail) 12 milliards, Tanger Med 12 milliards, l’ANP un peu moins de 5 milliards, la Lydec 3 milliards et Mazen 800 millions de dirhams ».
Qualifiant le marché des capitaux de diversifié, le directeur de pôle à l’AMMC a déclaré : « Ce marché offre une variété d’instruments financiers adaptés à différents besoins », notamment « les obligations subordonnées et les fonds immobiliers pour financer des projets de construction d’hôpitaux, d’universités, etc., et les mettre en location par la suite, ce qui permet de ne pas engager immédiatement les fonds ».
Elalamy a également rappelé : « Il est possible aujourd’hui de titriser des flux futurs ». À titre d’exemple, il a évoqué la construction d’autoroutes : « Vous pouvez lancer la construction de l’autoroute et titriser les péages à venir », soulignant ainsi les énormes possibilités offertes par le marché des capitaux avec sa modernisation et la diversification des instruments disponibles.
Dans une perspective de régionalisation avancée, il a ajouté : « Ne parlons pas uniquement du Maroc, mais de toute la région et de la zone atlantique. Le marché des capitaux marocains a toujours été ouvert aux investissements et même à la levée de capitaux, où des sociétés étrangères peuvent venir lever des fonds, même en devise ».
Rappelant que le recours au marché des capitaux est incontournable, il a déclaré : « Les États ne peuvent pas tout financer de nos jours. Actuellement, le Maroc supporte deux tiers de l’investissement contre un tiers seulement pour le secteur privé. L’ambition est d’inverser ces proportions, notamment avec le lancement du fonds Mohammed VI ».
Face à ce recours incontournable, une prise de conscience s’avère importante : « Les infrastructures sont des investissements à long terme qui nécessitent un financement à long terme », a-t-il conclu.