Retrait des frais de transfert du soutien social direct : les raisons d’une polémique
Les déductions observées sur les montants du soutien social direct ont suscité un débat sérieux. En mettant en lumière la vulnérabilité des familles bénéficiaires, certains observateurs s’interrogent sur la faisabilité de ces pratiques. Pour sa part, Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, a expliqué que ces déductions concernent les frais appliqués lors de la réception ou du retrait en espèces, selon le modèle des établissements concernés. Par ailleurs, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, a réagi à cette polémique entourant le retrait de frais de « transfert d’argent ».
Fouzi Lekjaa a annoncé, en marge d’une rencontre ce mardi 28 mai 2024 à la Chambre des représentants, que les déductions observées sur les aides destinées aux familles vulnérables visent à couvrir les coûts des opérations effectuées par les banques et les institutions de paiement. Ces frais couvrent également les honoraires des agents de paiement et des agences de proximité, souvent des entreprises nationales employant de jeunes entrepreneurs indépendants selon le ministre.
Ainsi, pour les opérations n’excédant pas 500 dirhams, les frais prélevés sont plafonnés à huit dirhams incluant la TVA. Pour les montants entre 501 et 1 000 dirhams, les commissions sont de 16 dirhams, montant qui augmente à 24 dirhams si le montant se situe entre 1 001 et 2 000 dirhams. Toutefois, le ministre rappelle que la majorité des bénéficiaires du soutien social direct ont préféré ouvrir des comptes de paiement auprès des institutions de paiement.
Lire aussi : ITB China: L’ONMT promeut la destination Maroc à Shanghai
Par ailleurs, ces institutions peuvent, dans le cadre de la concurrence libre, opter pour une offre moins coûteuse que l’offre minimale proposée par neuf banques. Représentant la majorité du secteur bancaire, cette offre consiste en l’ouverture d’un compte bancaire pour un coût ne dépassant pas 60 dirhams annuellement, toutes taxes comprises. À 5 dirhams par mois, cette offre couvre une gamme de services y compris les frais de tenue de compte.
Pour ce faire, Lekjaa a rappelé qu’en coordination avec Bank Al Maghrib, le gouvernement a collaboré avec le secteur bancaire ainsi que les institutions de paiement afin de proposer une offre bancaire sociale avantageuse pour les bénéficiaires du programme. Cette offre prend en compte les spécificités des familles ciblées ainsi que les objectifs du programme visant à aider les familles pauvres et vulnérables.
En mars 2024, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, avait défendu la déduction de frais bancaires des montants de l’aide sociale directe. Lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion du Conseil d’administration de Bank Al-Maghrib, le wali de la banque centrale a souligné que les banques avaient accompli un travail louable pour lancer le soutien social direct, estimant qu’elles se sont engagées sans en récolter de bénéfices. Néanmoins, le gouverneur de Bank Al-Maghrib a menacé de sanctions toute institution bancaire prélevant plus de 20 dirhams. Il a également appelé tout citoyen constatant un montant supérieur à le signaler.
Dans cette même logique, le gouverneur de Bank Al-Maghrib a ajouté que les agences de transfert d’argent ont elles aussi pris part à cette dynamique en revoyant leurs charges à la baisse. Il a estimé qu’il était normal que les bénéficiaires payent une certaine somme d’argent pour ce service lors du retrait.
En effet, Jouahri a expliqué que la somme prélevée se situe entre 8 et 20 dirhams au maximum, afin de maintenir la concurrence entre les institutions, en précisant que Bank Al-Maghrib suit ce processus avec rigueur.
La polémique autour de ces déductions a pris de l’ampleur lorsque des bénéficiaires des aides directes avaient constaté des prélèvements allant de 5 à 20 dirhams maximum sur ces opérations.