Jeunesse marocaine : Comment briser le cercle vicieux de l’éducation et du chômage ?

Le regard acéré de Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait, en 2018, mis en lumière les failles béantes de notre système éducatif et les affres du chômage galopant. Lors de son discours marquant le 65e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, il prononçait des mots lourds de sens : « Un jeune sur quatre souffre du chômage. »

Cinq ans plus tard, malgré des efforts financiers colossaux et des réformes audacieuses, la réalité reste inchangée, voire pire. En mars 2023, le taux de chômage atteint un chiffre vertigineux de 12,9%, un niveau inégalé depuis deux décennies. De fait, la scène est alarmante : des milliers de jeunes, souvent surqualifiés pour les postes disponibles, émigrent chaque année, emportant avec eux le précieux capital humain dont notre nation a tant besoin. Cette fuite des cerveaux, loin d’être une simple hémorragie de talents, symbolise un véritable exode économique et intellectuel. Ils partent vers des horizons où leur savoir est reconnu, valorisé, et où les opportunités semblent infinies comparées à l’étroitesse des perspectives marocaines.

En parallèle, l’école publique marocaine, pourtant dotée de 24% des dépenses publiques, traverse des heures sombres. Pendant plusieurs mois, une grève interminable a paralysé les établissements scolaires, privant des milliers d’élèves de leur droit fondamental à l’éducation. Les dernières évaluations PISA/OCDE ne font qu’accentuer ce tableau déjà noir en révélant des performances bien en deçà des attentes. Comment comprendre alors cet écart abyssal entre les ressources allouées et les résultats obtenus ?

Les réponses sont multiples et complexes, souvent enracinées dans une gestion inefficace et une vision stratégique fragmentée. Les efforts déployés semblent se heurter à une inertie institutionnelle, où chaque avancée est rapidement suivie d’un recul. Pourtant le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2018 résonne encore avec force, appelant à une réforme profonde et sincère. Il avait alors décrit les universités et les instituts de formation comme des « machines à reproduire des chômeurs », une image saisissante qui, hélas, demeure d’une actualité brûlante. Ce fléau, couplé à une fuite des cerveaux massive, coûte cher au pays.

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Aujourd’hui, alors que le gouvernement d’Aziz Akhannouch place l’emploi – point central de sa campagne électorale – au sommet de ses priorités, il est crucial de se demander : où résident les failles ? Les solutions doivent impérativement dépasser les simples annonces politiques et se concrétiser en actions tangibles et efficaces. Réformer l’éducation, dynamiser l’économie et, avant tout, stopper l’hémorragie des talents doivent devenir les pierres angulaires de cette stratégie. Car un Maroc qui voit partir ses jeunes talents est un Maroc qui se prive de son avenir.

Le défi est immense, mais l’urgence de la situation exige des réponses audacieuses et des engagements fermes. Il est temps de transformer le potentiel latent de notre jeunesse en une force motrice pour le développement national. La Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, réitérée année après année, doit enfin trouver écho dans des politiques effectives et durables, capables de redonner espoir à une génération qui aspire à construire un Maroc meilleur, ici et maintenant.

La jeunesse, cette ressource négligée

« La jeunesse est la meilleure réelle ressource du Royaume », déclarait le Souverain lors du discours du 65e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple en 2018. Ce diagnostic, empreint d’une lucidité tragique, est d’une pertinence effrayante. Aujourd’hui encore, les statistiques du chômage chez les jeunes mettent en lumière une inadéquation flagrante entre la formation dispensée et les attentes du marché de l’emploi, révélant ainsi les lacunes béantes d’un système éducatif obsolète et déphasé. D’ailleurs, une vidéo récente illustre parfaitement ce dilemme éducatif : un enfant de 12 ans y pose une question poignante au ministre de l’Éducation nationale, M. Chakib Benmoussa : « Si vous aviez mon âge, Monsieur le Ministre, vous auriez opté pour l’école publique ou privée ? » Cette interrogation, aussi innocente soit-elle, reflète le désenchantement général vis-à-vis du système éducatif public, souvent jugé insuffisant pour préparer les jeunes aux exigences du marché du travail.

Dans ce sens, la question fondamentale se pose avec une acuité croissante : La formation actuelle répond-elle véritablement aux attentes des jeunes ? Est-elle en phase avec le marché de l’emploi ? La réponse, hélas, est d’emblée négative. Les diplômés peinent à trouver des emplois correspondant à leurs qualifications, et beaucoup sont contraints d’accepter des postes bien en deçà de leurs compétences, nourrissant ainsi une frustration croissante et une perte de foi en l’avenir. Dès lors, le désalignement entre formation et emploi pousse de nombreux jeunes à chercher des opportunités ailleurs. Chaque année, des milliers de Marocains quittent le pays pour poursuivre leurs études à l’étranger, attirés par des systèmes éducatifs perçus comme plus performants et mieux adaptés aux exigences du marché global. La France, les États-Unis, le Canada, les Émirats arabes unis et d’autres destinations voient affluer ces talents marocains, au détriment de leur pays d’origine qui n’aura que le remords de les voir percer sous des cieux plus reconnaissants.

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C’est dire qu’en dépit des investissements significatifs de l’État dans l’éducation, les résultats restent insatisfaisants. Le système éducatif marocain continue de produire des citoyens démotivés et frustrés. N’est-il pas encore temps de réinventer notre approche de l’éducation pour construire un avenir où chaque élève peut rêver et réaliser son plein potentiel, contribuant ainsi au développement et à la prospérité de notre nation ? Pour cela la Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI doit guider cette transformation essentielle. C’est un appel à l’action, un impératif national, pour que notre jeunesse, loin d’être une ressource négligée, devienne le pilier du renouveau marocain. Faut-il rappeler que la jeunesse marocaine, pilier du développement national, mérite des opportunités à la hauteur de ses ambitions ? Seule une refonte audacieuse et pragmatique du système éducatif et du marché de l’emploi permettra de construire un Maroc où les talents de demain pourront s’épanouir et contribuer pleinement au développement national.

Pour transformer cette jeunesse en véritable moteur de développement, ne faudrait-il pas créer un environnement où les compétences et les talents peuvent s’épanouir ? Chaque décision, chaque réforme doit être imprégnée de cette vision claire : offrir à notre jeunesse un avenir à la hauteur de ses aspirations. Loin de se contenter de réformes superficielles, il s’agit de repenser profondément notre système éducatif pour qu’il soit en phase avec les exigences du marché du travail. C’est en créant un environnement favorable à l’épanouissement des compétences locales et en valorisant les talents formés à l’étranger que nous pourrons véritablement inverser la tendance.

En effet, la réforme de l’éducation est cruciale. Elle doit viser à améliorer non seulement l’accès, mais aussi la qualité de l’enseignement. Cela implique une collaboration étroite avec le secteur privé pour aligner les programmes éducatifs sur les besoins réels de l’économie. Une telle synergie permettrait non seulement de réduire le taux de chômage, mais aussi de retenir les talents au Maroc. Dynamiser l’économie est tout aussi essentiel. Il s’agit de créer des opportunités d’emploi attrayantes et variées, permettant aux jeunes de mettre à profit leurs compétences et de contribuer activement au développement du pays. L’innovation et l’entrepreneuriat doivent être encouragés et soutenus, car ils sont les moteurs du changement et de la croissance. Le défi est de taille, mais l’avenir du Royaume en dépend. La jeunesse marocaine mérite des opportunités à la hauteur de ses ambitions.

Il est temps d’agir, de sortir des discours et de passer aux actes pour bâtir un Maroc où chaque jeune peut réaliser son potentiel sans avoir à chercher un avenir meilleur sous d’autres cieux.

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