Le Maroc conserve son rating au niveau des risques pays
Le Royaume a montré sa résilience lors de la crise du COVID, qui fut d’ailleurs une crise sanitaire internationale ainsi que lors du tremblement de terre qui a frappé le Haut-Atlas, située à proximité de Marrakech d’environ 75km. Le Maroc possède de nombreux atouts sa situation géographique stratégique, sa stabilité institutionnelle, ses bonnes relations avec l’Europe, les Etats-Unis et les bailleurs internationaux, ainsi que sa diversification industrielle. Tous ces paramètres ne font que renforcer la résilience du Royaume face aux chocs impondérables.
Le rating est une évaluation produite par des agences de notation. Le triple A fait partie de ce vocabulaire spécifique au monde des banques qui est apparu dans le débat public depuis la crise de 2007, au même titre que « subprime » ou « agence de notation ».
Le triple A est une appréciation accordée par une agence de notation, dont les trois principales sont Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch Ratings. Ces trois grandes agences (qui trustent la quasi-totalité du marché de la notation) ont pour fonction de produire pour la communauté financière des appréciations sur la valeur des titres financiers, privés comme publics.
Ces appréciations, positives ou négatives, ne sont pas sans conséquences sur la vie d’un titre. Un produit financier ou un titre de dette souveraine peut se retrouver dans la tourmente s’il passe du triple A aux lettres de déclassement comme le C. Dans ce contexte, pour regagner la faveur des investisseurs en matière de dettes publiques ou même, de manière préventive, pour éviter la dégradation de leur note, les Etats mettent souvent en place des mesures d’économies sur les dépenses (sur la santé, les retraites…) ou des réformes structurelles sur le marché du travail (comme les lois travail en France).
Ce fut le cas lors de la crise des dettes souveraines en Europe entre 2011 et 2013, quand les Etats de la zone euro craignaient que leur note ne soit dégradée et que les taux d’intérêts de leur dette publique ne s’envolent, rendant l’emprunt sur les marchés financiers plus coûteux et le risque de défaut plus prégnant. Le cas de la Grèce a été emblématique.
Dès le début de la crise, à l’automne 2009, ce pays était noté A-. Son déclassement rapide vers les bas-fonds du classement de la notation financière a provoqué une envolée du coût du financement de sa dette publique. Le pays a dû mettre en place une cure d’austérité accompagnée de réformes structurelles pour regagner la confiance des marchés.
En résumé, le triple A est une notation qui s’inscrit dans la dynamique de l’évaluation permanente de la performance. C’est le jeu de la concurrence qui amène à évaluer tout et n’importe quoi et à en faire ensuite des classements. Comme toute notation, celle-ci dépend des critères du correcteur. Si le correcteur croit en l’autorégulation des marchés financiers, alors il est capable de mettre la meilleure note à un ensemble de crédits contenant des subprimes. C’est exactement ce qui s’est passé. La suite est connue, c’est la plus grande crise financière depuis celle de 1929.
Résilience du Maroc dans un contexte mondial en perpétuelle mutation
Selon la Coface, les points forts du Maroc sont sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar et sa proximité avec le marché européen. Sa stabilité institutionnelle avec l’attachement du peuple à la monarchie et au Roi Mohammed VI. Ajoutons à cela des relations soutenues du Maroc avec l’Europe, les Etats-Unis, et les bailleurs internationaux. Aussi notons de larges investissements entrants depuis l’Europe et sortants vers l’Afrique de l’Ouest. Le Maroc possède une stratégie de montée en gamme et de diversification industrielle.
Quant aux points faibles, le Royaume souffre d’inégalités (pauvreté rurale, chômage des jeunes, manque de logements, corruption…) et tensions structurelles (disparités régionales, opposition islamistes-libéraux). On note aussi une dépendance du Maroc vis-à-vis de l’agriculture (12% du PIB et un tiers de la population), vulnérabilité aux chocs climatiques et à la variabilité des précipitations (impact des sécheresses sur les récoltes). Dépendance commerciale vis-à-vis de l’Union Européenne, notamment dans le tourisme et l’industrie. Faiblesse de la productivité et de la compétitivité face à la concurrence d’autres pays méditerranéens, comme la Turquie ou l’Egypte. Et enfin contentieux autour du SAHARA.
La résilience de l’économie marocaine est soulignée par sa résistance face au tremblement de terre du 8 septembre 2023 dans la région montagneuse du Haut-Atlas par un séisme de magnitude 6.8, situé à environ 75km au sud-ouest de Marrakech, principale ville touristique du pays. Le séisme est survenu dans une région peu industrialisée, où les infrastructures sont limitées et qui dépend principalement d’une agriculture de subsistance. L’impact a été très limité, notamment parce que le tourisme n’a pas été touché, le secteur a enregistré des résultats records en 2023. Le Maroc accueilli 14,5 millions de touristes, soit une hausse de 32% comparé à 2022. Cette tendance devrait se poursuivre en 2024, ce qui devrait favoriser la croissance puisque le tourisme représente 7% du PIB.
Les efforts de reconstruction soutiendront également la croissance, ainsi que l’expansion de la part marocaine du marché mondial de phosphate, le Maroc détenant 70% des réserves mondiales.